vendredi 13 mars 2015

GODZILLA (Gojira)

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site galleryhip.com

de Hishiro Honda. 1954. Japon. 1h36. Avec Akira Takarada, Momoko Kôchi, Akihiko Hirata, Takashi Shimura, Fuyuki Murakami.

Sortie salles Japon: 3 Novembre 1954. Sortie Française: 1957

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Hishiro Honda est un réalisateur japonais né le 7 Mai 1911, décédé le 28 Février 1993 à Tokyo.
1954: Godzilla. 1955: L'Abominable homme des neiges. 1956: Godzilla, king of the monsters ! 1956: Rodan. 1957: Prisonnière des martiens. 1961: Mothra. 1962: King Kong contre Godzilla. 1963 : Matango. 1963: Atragon. 1964: Mothra contre Godzilla. 1964: Dogora, the Space Monster. 1964: Ghidrah, le monstre à trois têtes. 1965: Frankenstein vs. Baragon. 1965: Invasion Planète X. 1966: Come Marry Me. 1966: La Guerre des monstres. 1967: La Revanche de King Kong. 1968: Les envahisseurs attaquent. 1969: Latitude Zero. 1969: Godzilla's Revenge. 1970: Les Envahisseurs de l'espace. 1975: Mechagodzilla contre-atttaque. 1980: Kagemusha, l'ombre du guerrier. 1990: Rêves (Yume) (coréalisé avec Akira Kurosawa). 1993: Madadayo.


Métaphore sur le péril atomique et les conséquences psychologiques de la guerre après les bombardements, Godzilla est ce que l'on peut nommer un film hybride. Dans le sens où Hishiro Honda alterne le caractère spectaculaire de destructions massives et de foule en panique avec l'aspect docu-drama du génocide de la guerre lorsqu'un monstre préhistorique vient d'anéantir toute une ville. Célébré ensuite comme une icone populaire auprès des jeunes spectateurs par le biais d'une série de divertissements dévoilant notre monstre d'écaille sous un aspect autrement héroïque, Godzilla version 54 n'emprunte pas le ton de la légèreté, en dépit de ses redondances à mettre en exergue l'appétit destructeur de ce dernier saccageant moult infrastructures urbaines. On est d'ailleurs frappé par l'ambiance crépusculaire qui émane de ses apparitions dantesques lorsqu'une ville incendiée est bientôt réduite en décharnement ! La texture monochrome de sa photographie amplifiant l'aspect sinistre de ces visions d'apocalypse ternies par la nuit ! Quant à la démarche nonchalante de Godzilla filmée au ralenti, sa lourde présence, son rugissement strident, son souffle atomique et son regard spectral nous évoque l'aliénation d'un animal déchu par les rayonnements chimiques ! On est aussi frappé par le réalisme de sa morphologie d'écaille alors que derrière le masque s'y cache un cascadeur en combinaison !


Si la première heure adopte une démarche laborieuse par son rythme poussif à insister sur l'inquiétude et l'affolement de la population japonaise prise à partie avec les récurrentes provocations du monstre, les 35 dernières minutes affichent une intensité dramatique franchement évocatrice quant au contexte chaotique d'une population en berne. Témoignage aussi puissant que bouleversant faisant écho aux traumatismes d'Hiroshima et de Nagasaki, le film insuffle dès lors une affliction mélancolique (score élégiaque à l'appui !) lorsque Hishiro Honda s'attarde à décrire l'apitoiement des femmes et des enfants démunis après le désastre causé par l'animal. Fruit des conséquences de la radioactivité provoquée par les essais nucléaires de l'homme, ce dernier n'est donc qu'une victime mutante rendue erratique par notre faute. Le scientifique étant capable de transfigurer de nouvelles armes nucléaires pour mieux intimider son rival et anticiper la guerre. On est aussi ébranlé par l'empathie que l'on s'accorde finalement pour Godzilla lorsque celui-ci se retrouve exploité au fond de la mer par la cause de "l'oxygen destroyer". L'invention novatrice d'un chimiste chargé de remords mais prêt à se sacrifier pour pardonner la folie de ses expérimentations !


Chant d'amour désespéré pour la paix, cri d'alarme contre les essais nucléaires, témoignage bouleversant sur le génocide des guerres et la condition des enfants martyrs, Godzilla fait preuve d'une rigueur dramatique inattendue lors de sa bouleversante dernière partie. On pardonne alors l'aspect cheap des FX en carton-pâte et la lenteur de son rythme abusant de redondances dans son premier acte pour garder en mémoire un douloureux réquisitoire contre le péril atomique. 

Bruno Matéï
3èx

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