jeudi 19 mars 2015

La Fille de Jack l'Eventreur / Hands of the Ripper

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site avoir-alire.com

de Peter Sasdy. 1971. Angleterre. 1h25. Avec Eric Porter, Angharad Rees, Keith Bell, Jane Merrow, Derek Godfrey, Dora Bryan.

Sortie salles Angleterre: 17 Octobre 1971

FILMOGRAPHIE: Peter Sasdy est un réalisateur anglais, né le 27 Mai 1935 à Budapest. 1970: Une Messe pour Dracula. 1971: La Fille de Jack l'Eventreur. 1971: Comtesse Dracula. 1972: Doomwatch. 1972: The Stone Tape (télé-film). 1973: Nothing but the Night. 1975: Evil Baby. 1975: King Arthur, the young Warlord. 1977: Welcome to blood City. 1983: The Lonely Lady. 1989: Ending up (télé-film). 1991: Sherlock Holmes and the leading lady (télé-film).


Fidèle artisan de la Hammer Film, puisque déjà responsable d'Une Messe pour Dracula puis un peu plus tard de Comtesse Dracula, Peter Sasdy entreprend avec La fille de Jack l'éventreur de revisiter notre criminel notoire de manière plutôt originale si bien que la psychanalyse et le surnaturel se télescopent durant tout le cheminement narratif. Le PitchTraumatisée par la mort de sa mère assassinée sous ses yeux par son père Jack l'Eventreur, Anna est recueillie par une médium pour être exploitée à la prostitution. Mais à la suite d'un élément déclencheur ravivant son souvenir morbide, Anna l'assassine froidement. Témoin de la scène, le médecin John Prichard décide de la prendre sous son aile afin d'étudier sa pathologie schizophrène. Cette intrigue astucieuse opposant également la foi spirituelle et l'athéisme cultive une progression du suspense parmi la relation épineuse d'une meurtrière accompagnée de son théoricien. Dépeinte comme une véritable victime, faute de son témoignage de l'assassinat de sa mère par son propre père et de ces tourments invoqués par l'esprit diabolique de ce dernier, Anna nous suscite l'empathie dans sa fragilité et son émoi ingérable. 


Au fil de ses exactions meurtrières aussi imprévisibles que sauvages (gore graphique à l'appui !), l'intensité dramatique de ces estocades émane également de l'attitude complice du médecin féru de compassion pour elle tout en l'exploitant à des fins scientifiques. Celle d'y démystifier la nature criminelle d'un assassin puis tenter de le guérir de ses pulsions psychotiques. Bravant l'interdit parmi l'appui d'un membre du parlement plutôt sournois, John Prichard s'adonne donc à l'illégalité afin de protéger sa patiente et apporter son concours au progrès de la psychothérapie. Ces rapports troubles entamés entre ces deux personnages font tout le sel de l'intrigue fertile en meurtres cinglants en accordant une belle attention à leur étude de caractères ternies par le désespoir et l'angoisse. Outre l'interprétation pleine d'aplomb du vétéran Eric Porter, La Fille de Jack l'Eventreur est sublimé de la prestance angélique de Angharad Rees. Une jeune actrice affublée d'un teint de porcelaine mais dont la préoccupation du regard en atténue sa fraîcheur pour nous laisser transparaître la confusion. L'intensité de son jeu névrosé doit donc beaucoup au caractère crédible de son cheminement psychotique jusqu'à ce que la dernière partie vienne nous ébranler de plein fouet par son émotion tragique. Un final majestueux d'une beauté morbide singulière, notamment par son ampleur grandiloquente édifiée dans une galerie des échos.


Réalisé durant la dernière décennie de la Hammer Film, La Fille de Jack l'Eventreur fait preuve d'une belle audace dans la violence sanguine de ces actes meurtriers et dans l'originalité de son script détournant intelligemment l'archétype du célèbre éventreur. Un fleuron du psycho-killer surnaturel dont la dimension dramatique des deux complices culmine vers un splendide point d'orgue taillé dans le lyrisme mélancolique. 

*Bruno 
12.12.22. 
3èx. VF

3

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