lundi 27 avril 2015

WHITE GOD (Fehér isten). Prix "Un certain regard", Cannes 2014

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site thebluecornerlounge.com

de Kornél Mundruczo. 2014. Hongrie/Suède/Allemagne. 1h59. Avec Zsofia Psotta, Sandor Zsotér, Lili Horvath, Laszlo Gallfy, Erwin Nagy, Kornél Mundruczo.

Sortie salles France: 3 Décembre 2014. Hongrie: 12 Juin 2014

FILMOGRAPHIE: Kornél Mundruczo est un réalisateur, acteur et scénariste hongrois né le 3 Avril 1975 à Gödöllo.
2002: Pleasant Days. 2003: Jött egy busz... (segment "Szent Johanna). 2005: Lost and Found. 2005: Johanna. 2008: Delta. 2010: Tender Son: The Frankenstein Project. 2014: White God.


"On peut juger la grandeur et la valeur morale d’une nation à la manière dont elle traite ses animaux". Mahatma Ghandi.

Récompensé du prix "Un certain regard" à Cannes 2014, White Dog traite de la cause animale à travers un récit utopique où le chien pourrait enfin parfaire sa revanche sur l'homme après avoir été impitoyablement maltraité. Que ce soit lors de son entraînement intensif afin de concourir aux combats de chiens clandestins ou lors de sa condition précaire entretenue en refuge au risque de subir l'euthanasie du dernier ressort. Sous couvert de fable caustique fustigeant l'intolérance de l'homme envers l'animal de compagnie, White Dog met en exergue, et de façon documentée, le traitement réservé à Hagen, chien lâchement abandonné par le père de Lili en pleine métropole hongroise. C'est par la cause d'une nouvelle loi et d'une dîme sur le recensement des chiens qu'il décida de mettre un terme à leur relation pour s'en débarrasser. Jaloux car refusant l'affection que peut éprouver sa fille envers Hagen, Kornél Mundruczo en profite pour mettre en parallèle le point de vue ingrat du père, sa démission pédagogique et son manque de communication qu'il puisse maladroitement inculquer à sa fille. Réduit à la solitude et affamé dans un Budapest hostile où les chiens errants sont systématiquement dénoncés par la population, Hagen tente donc de survivre parmi la compagnie d'autres chiens désoeuvrés. Durant son cheminement périlleux, il va devoir se plier à la barbarie de marginaux sans vergogne délibérés à l'enrôler aux combats clandestins.


Cette première partie haletante et parfois éprouvante se place à hauteur de l'animal pour nous illustrer son ressenti subjectif face à notre oppression et notre lâcheté, l'homme n'hésitant pas à recourir au subterfuge et à la violence pour le conditionner ici en machine à tuer. Par l'exercice inhumain de ce lavage de cerveau, le cinéaste offrant la réponse à la responsabilité du maître capable d'endoctriner son esclave docile en véritable tueur sans vergogne ! La seconde partie, jouissive, car trépidante et fantasmatique dans l'aboutissement de sa situation improbable, empreinte la voie de la métaphore fantastique lors de l'assaut des chiens programmés à répandre la terreur sur la ville en guise punitive. Efficacement gérées, les scènes d'action s'avérant exécutées avec un sens aiguisé du montage lorsque des centaines de chiens arpentent les rues de Budapest avec une frénésie véloce. L'insurrection animale profitant notamment d'attiser l'expectative des éventuelles retrouvailles entre Lili et Hagen, au moment où cette dernière renoue l'amour avec son père. Par la symbolique de la musique, le film se clôt dignement sur un épilogue bouleversant parmi la réaction de masse d'une action désintéressée et libre, la partition apportant au fil mélodique réconfort et sentiment de sécurité. Une séquence singulière touchée par la grâce dont nous ne sommes pas prêts d'oublier l'évocation de sa poésie prude.  


Réaliste, poignant et rempli de dignité pour la cause animale et la responsabilité parentale, White God offre ses lettres de noblesse au "chien" parmi la sincérité de comédiens canins épatants de naturel et l'assurance technique d'un cinéaste plutôt adroit lorsqu'il dévoile en introspection leur sentiment d'incompréhension et d'impuissance avant leur sédition. Un beau moment d'émotion, un message d'amour, de tolérance et de considération à préconiser en famille malgré la cruauté de certaines scènes. 

Bruno Matéï

Récompenses:
Prix "un certain regard", Festival de Cannes 2014
Palme Dog pour Luke et Body
Octopus d’or du meilleur long-métrage fantastique international au Festival européen du film fantastique de Strasbourg (FEFFS), 2014.   

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