mardi 5 mai 2015

DEAD ZONE. Prix de la Critique, Prix du Suspense, Antenne d'Or, Avoriaz 1984.

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site imagesetmots.fr

"The Dead Zone" de David Cronenberg. 1983. U.S.A. 1h44. Avec Christopher Walken, Brooke Adams, Tom Skerritt, Herbert Lom, Anthony Zerbe, Colleen Dewhurst, Martin Sheen, Sean Sullivan.

Sortie salles France: 7 Mars 1984. U.S: 21 Octobre 1983

FILMOGRAPHIE: David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada). 1969: Stereo. 1970: Crimes of the Future. 1975: Frissons. 1977: Rage,1979: Fast Company. 1979: Chromosome 3. 1981: Scanners. 1982: Videodrome. 1983: Dead Zone. 1986: La Mouche. 1988: Faux-semblants. 1991: Le Festin nu. 1993: M. Butterfly. 1996: Crash. 1999: eXistenz. 2002: Spider. 2005 : A History of Violence. 2007: Les Promesses de l'ombre. 2011: A Dangerous Method. 2012: Cosmopolis. 2014: Maps to the Stars.


Un an après son chef-d'oeuvre visionnaire, Videodrome, David Cronenberg s'est entrepris en 1983 d'adapter à l'écran, et pour la première fois de sa carrière, un roman de Stephen King. Couronné du Prix de la Critique, du Prix du Suspense et de l'Antenne d'Or à Avoriaz, Dead Zone a notamment bénéficié des faveurs du public et de la critique après un succès commercial dignement mérité. Pourvu d'un scénario original déployant des intrigues annexes toujours plus captivantes et alarmistes quant à l'issue précaire du destin de l'humanité, ce drame psychologique d'une grande intensité est transcendé par la présence de Christopher Walken. L'acteur se fondant dans la peau du professeur infirme avec une vérité humaine proprement bouleversante par son statut fragile de medium tributaire de son don, et donc rapidement étiqueté par la population comme un charlatan, voir une bête de foire.


Après un terrible accident qui lui valu 5 ans de coma et la rupture sentimentale avec sa fiancée, John Smith souffre de visions prophétiques uniquement par le contact d'une poignée de mains. Grâce à son pouvoir inexpliqué, il réussit à extirper des flammes une fillette lors d'un incendie domestique. Sa notoriété grandissante, la police lui suggère son appui pour le cas d'un serial-killer sévissant depuis quelques années au sein de Castle Rock. Plongé dans sa solitude car victime de son fardeau surnaturel, il refuse leur proposition avant de se raviser. Quand bien même il s'aperçoit finalement qu'il est non seulement capable d'entrevoir le passé et le présent mais qu'il est également apte à en modifier le futur. Plaidoyer pour le droit à la différence lorsqu'un individu victime de sa clairvoyance est contraint de se reclure, faute de l'intolérance et la curiosité des citadins avides de sensationnalisme, David Cronenberg en établit le portrait fragile d'un homme entraîné dans une dérive d'évènements aussi graves que fructueux quand à l'issue de leurs résolutions. Par le biais de son destin singulier, la déveine que John protestait dans une insupportable solitude va finalement se transformer en offrande lorsque le sort de l'humanité s'apposera entre ses mains. Par la gravité d'un contexte apocalyptique laissant présager la gestation d'une 3è guerre mondiale, David Cronenberg distille un suspense tendu tout en ironisant sur la démagogie sournoise du monde politique lorsqu'un candidat à la présidence redouble de persuasion à endoctriner son électorat à renfort de serments racoleurs. Sur ce point, l'interprétation pleine d'à-propos de Martin Sheen s'avère délectable dans sa faculté machiavélique à dompter sa population mais aussi son entourage et ses concurrents, notamment par l'intimidation du chantage. Se rattachant toujours à la dimension humaine de John partagée entre la raison d'un acte d'héroïsme et la passion des sentiments, l'intrigue accorde davantage de crédit à la déchirante histoire d'amour que ce dernier endure parmi la présence récurrente de son ancienne compagne, supporter politique de Greg Stillson !


"Si le futur était entre vos mains, le changeriez-vous ?"
Sous couvert d'argument fantastique accordant une réflexion sur la nature plausible du don, Dead Zone juxtapose le drame psychologique et la romance impossible du point de vue d'un medium en quête de rédemption. Dans sa fonction précaire d'invalide partagé entre la malédiction du sort et le sens du devoir, David Cronenberg en extrait un chef-d'oeuvre de sensibilité que Christopher Walken transfigure avec une émotion humaine à fleur de peau (score mélodique de Michael Kamen à l'appui).  

Bruno Matéï
8èx

Récompenses:
Saturn Award du meilleur film d'horreur, 1984
Prix de la critique, prix du suspense et Antenne d'or au Festival international du film fantastique d'Avoriaz 1984.
Meilleur film et prix du public au Fantafestival, 1984.

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