jeudi 10 septembre 2015

HYENA. Prix du Jury au Festival de Beaune, 2015.

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site dailymars.net

de Gérard Johnson. 2014. Angleterre. 1h52. Avec Peter Ferdinando, Stephen Graham, MyAnna Buring, Elisa Lasowski, Neil Maskell, Richard Dormer, Tony Pitts, Mehmet Ferda.

Sortie salles France: 6 Mai 2015. Interdit aux - de 16 ans.

FILMOGRAPHIE: Gerard Johnson est un réalisateur, scénariste et producteur anglais, né le
2009: Tony. 2014: Hyena.


Polar choc venu d'Angleterre alors qu'il s'agit de la seconde réalisation de Gerard Johnson, Hyena enthousiasma tant les festivaliers de Beaune qu'il repartit avec le Prix du Jury, sans compter ses récompenses attribuées à Sitges pour celui du Meilleur Film et au Festival européen des Arcs pour celui du Meilleur Acteur que Peter Ferdinando endosse avec une vérité sinistrée ! Uppercut émotionnel d'une grande intensité pour le cheminement de perdition qu'une poignée de flics corrompus s'adonne alors que leur leader tentera en désespoir de cause une quête de rédemption, Hyena fait l'effet d'un mauvais trip pour la verdeur de son réalisme poisseux. Glauque et viscéralement malsain, l'ambiance ténébreuse que Gerard Johnson parvient à régir autour de ses témoins galeux nous ensorcelle parmi la scénographie d'une cité urbaine en décrépitude.


Surveillé par l'autorité de ses supérieurs sur le point de le coffrer pour corruption et meurtre, et menacé de mort par deux tueurs albanais qu'il tente maladroitement de coffrer, (des frères impliqués dans le trafic de came et traite des blanches), l'officier Michael Logan magnétise l'écran de sa présence anxiogène où l'ombre de la déroute semble planer sur ses épaules. Accro à la coke, portant peu d'affection à sa compagne et toujours plus nécrosé par ses trafics en tous genres, ce dernier s'efforce dans un regain de conscience à daigner porter secours auprès d'une albanaise réduite à l'esclavage. Avec souci de réalisme d'une mise en scène personnelle tantôt expérimentale, tantôt stylisée, le réalisateur nous plonge dans cet univers de crime, d'extorsion et de corruption sous l'impulsion du flic ripou en instance de survie. Si le scénario déjà vu n'apporte pas vraiment de nouveauté pour les règlements de compte, trahisons et filatures que se disputent police et pègre, la manière scrupuleuse dont le cinéaste dresse le portrait aride de ces marginaux burnés et l'introspection accordée aux états d'âme de l'officier nous fascine de façon contemplative. Notamment en accordant le bénéfice de l'empathie pour les conséquences dramatiques de sa déchéance morale et de son soutien héroïque auprès de l'albanaise. Si les âpres éclairs de violence qui traversent l'intrigue impressionnent durablement la mémoire, la manière retorse dont Gerard Johnson l'exploite élude tout effet de sensationnalisme, notamment avec le parti-pris d'un réalisme baroque parfois stylisé d'effets de ralenti ! 


Expérience sordide de polar dépressif où flics ripoux et mafieux albanais se bafouent l'autorité sans aucune vergogne, Hyena est une plongée vertigineuse au coeur de la bassesse humaine. Avec sa réalisation auteurisante et ces trognes burinées d'une interprétation hors pair, Gerard Johnson parvient miraculeusement à réinventer le classicisme de sa narration parmi la photogénie crépusculaire d'une cité urbaine méphitique. Avec l'appui de son esprit nihiliste et iconoclaste, une grosse majorité de spectateurs sortiront néanmoins frustrés d'un épilogue aussi elliptique ! Préparez vous donc à la douche froide ! 

Bruno Matéï

Récompenses: Prix du jury au Festival du film policier de Beaune en 2015
Meilleur film à Fantàstic Orbita de Sitges Film Festival 2014 
Meilleur Acteur (Peter Ferdinando) au Festival Européen des Arcs 

2 commentaires: