mardi 29 septembre 2015

THE SUICIDE THEORY

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Dru Brown. 2014. Australie. 1h38. Avec Steve Mouzakis, Leon Cain, Joss McWilliam, Matthew Scully, Todd Levi, Nicholas G. Cooper, Warwick Comber.

Sortie salles U.S: 10 Juillet 2015

FILMOGRAPHIE: Dru Brown est un réalisateur, scénariste et producteur australien.
2012: Sleeper. 2014: The Suicide Theory.


Seconde réalisation d'un jeune cinéaste australien, The Suicide Theory s'érige en petite oeuvre indépendante créant la surprise par son concept surréaliste (sauvé du ridicule par l'intelligence narrative et psychologique) et l'émotion qui en émane dans les contrariétés des protagonistes en quête de rédemption. Depuis ses tentatives ratées de suicide, Percival engage un tueur afin de mettre un terme à son existence esseulée. Après multiples essais inexplicablement infructueux, son assassin aguerri se prend de compassion pour lui au moment même où leur destinée va adopter une tournure inopinément bouleversante. Nanti d'un climat mélancolique palpable (notamment pour l'ambiance musicale du bar de nuit que notre duo fréquente en intermittence), de par le cheminement existentiel de deux personnages que tout oppose de prime abord, The Suicide Theory aborde les thèmes de l'autodestruction et de la destinée avec une surprenante pudeur.


Le réalisateur prenant soin de brosser leur portrait avec une sensibilité exponentielle, sachant que d'étonnantes révélations sur leur passé tragique nous seront dévoilées au fil de leur aparté psychologique. L'émotion fragile véhiculée par le brio du réalisateur et des deux acteurs nous prenant par surprise au gré d'une tournure d'évènements lourds de conséquences tragiques. Si la première partie du récit amorce une structure prévisible pour les exactions meurtrières du tueur à gages contraint de répéter les homicides sur sa victime increvable (éclairs de violence brutaux à l'appui !), la suite de leurs vicissitudes se focalise sur l'apprentissage de la compassion, l'écoute de l'autre et le respect d'autrui du point de vue de l'assassin en révélation identitaire. Son cheminement partagé entre son impuissance criminelle d'assister le suicidé, son appétence de vengeance et sa nouvelle stature héroïque lui ouvrant la voie de la raison existentielle parmi l'appui d'une destinée acquise d'avance. A travers ce thème métaphysique, le cinéaste tend à nous interroger sur le sens de notre fatalité par le biais des rencontres impromptues, de nos agissements personnels et des drames du quotidien n'ayant rien du fruit du hasard. C'est ce que nous illustre la seconde partie, notamment après nous avoir signalé l'intolérance de l'homophobie et la dépendance à la violence que les ignorants expriment par des pulsions de haine. A travers ce récit d'amitié en ascension compromis par l'inimitié rancunière, Dru Brown poursuit une autre réflexion sur le mal-être suicidaire où pardon, rédemption et culpabilité en seront les vecteurs psychologiques afin de décanter deux tragédies inconsolables.


"Vous avez beaucoup de chance d'être en vie"
Intrigant et captivant pour la tournure singulière des évènements (le scénario faisant preuve d'une structure baroque !), violemment brutal mais rattrapé par une émotion (à fleur de peau) au fil des états d'âme du duo maudit, The Suicide Theory déconcerte l'habitude du spectateur pris entre les mailles d'un drame psychologique inopinément bouleversant. Par le biais du suicide potentiellement salvateur et des conséquences de nos faiblesses (la rancoeur, l'inattention), il en émane un douloureux poème sur la sollicitation du pardon, la repentance criminelle et la logique de notre destinée où le hasard n'a pas lieu d'être. Un choc émotionnel nous prenant par stupeur d'une accablante confrontation entre coupable et victime ! (et inversement !).  

Dédicace à Jen Winter
Bruno Matéï

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire