mardi 15 septembre 2015

TUEURS NES. Grand Prix Spécial du Jury, Mostra de Venise, 1994.

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com 

"Natural Born Killers" d'Oliver Stone. 1994. U.S.A. 2h02 (Director's Cut). Avec Woody Harrelson, Juliette Lewis, Tom Sizemore, Tommy Lee Jones, Rodney Dangerfield, Everett Quinton, Jared Harris, Pruitt Taylor Vince, Edie McClurg, Russell Means, Lanny Flaherty, Robert Downey Jr.

Sortie salles France: 21 Septembre 1994. U.S: 26 Août 1994

FILMOGRAPHIE: Oliver Stone (William Oliver Stone) est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 15 septembre 1946 à New-York.
1974: La Reine du Mal, 1981: La Main du Cauchemar, 1986: Salvador, Platoon, 1987: Wall Street, 1988: Talk Radio, 1989: Né un 4 Juillet, 1991: Les Doors, 1991: JFK, 1993: Entre ciel et Terre, 1994: Tueurs Nés, 1995: Nixon, 1997: U-turn, 1999: l'Enfer du Dimanche, 2003: Comandante (Doc), 2003: Persona non grata, 2004: Looking for Fidel (télé-film), 2004: Alexandre, 2006: World Trade Center, 2008: W.: l'Impossible Président, 2009: Soul of the Border, 2010: Wall Street: l'argent ne dort jamais. 2012. Savages.


Film culte à la polémique tempétueuse dès sa sortie en raison de sa violence triviale ultra sarcastique, Tueurs Nés traite de ce thème du point de vue psychotique d'un couple de serial-killers engagés à éradiquer la vie d'autrui avant de succomber à leur romance. Trip expérimental d'une fulgurance visuelle exubérante (foisonnance de plans rapides et concis modifiant sans prévenir texture et colorimétrie de l'image !), cocktail au vitriol d'humour noir, d'action cartoonesque et d'ultra violence décomplexée, Oliver Stone allie l'hyperbole et la surenchère afin de porter en dérision la schizophrénie de l'homme hanté par son instinct meurtrier. Ou comment renouer ici avec une liberté épanouie du point de vue immoral de tueurs galvaudés par leur enfance martyr ! A travers ces écorchés de la vie incapables de refréner leur haine, Oliver Stone en profite pour dénoncer la responsabilité morale de nos sociétés modernes se vautrant dans la vulgarité avec une complaisance irresponsable via le tube cathodique !  


Sur ce point, on peut d'ailleurs prôner la manière satirique à laquelle le réalisateur se raille des sitcoms familiales (rajout de rires outrés en fond sonore afin de mieux manipuler le public et l'inciter à ricaner !) pour vulgariser la jeunesse de Mickey et Mallory ! Retraçant de manière débridée et dans un maelstrom d'images ultra agressives leur équipée sauvage avant leur arrestation médiatique puis leur évasion, Tueurs Nés se porte en réquisitoire sur la complicité des médias à engendrer des criminels de masse au travers de leurs émissions sensationnalistes en quête d'audimat. En l'occurrence, ces reportages racoleurs combinant images d'archives et reconstitution factice afin de glorifier le parcours morbide des tueurs en série les plus scandaleux. La quête du scoop le plus crapuleux commenté par des journalistes véreux ayant perdu toute notion de lucidité et de moralité au sein d'une société de décadence ! Baignant dans un climat perpétuel de folie furieuse, en martelant notamment le spectateur de métaphores cauchemardesques émanant des esprits torturés du couple criminel, Tueurs Nés puise son intensité et sa fascination par le portrait imparti à sa jungle de désaxés. C'est à dire l'être humain conditionné à refouler sa violence dans une société civique mais ici contraints de laisser extérioriser sa déchéance animale sous l'influence libertaire d'un couple de tueurs ! Parmi cette posture cabotine et outrancière, les acteurs habités par leur rôle s'en donnent à coeur joie dans les exubérances en roue libre ! Que ce soit Roberft Downey Jr en journaliste cupide subitement réveillé par l'autonomie de son instinct meurtrier, Tom Sizemore en flic sournois tributaire de sa déviance sexuelle, Tommy Lee Jones en directeur pénitentiaire habité par une démence castratrice, Woody Harelson en sommité criminelle et enfin Juliette Lewis donnant corps à son personnage impavide avec constance inquiétante et une sensualité naturelle trouble ! 


Film malade habité par la frénésie d'une violence compulsive, farce au vitriol dénonçant avec dérision insolente l'ascension de la Real TV (le débriefing carcéral et la tuerie qui s'ensuit en direct live !) et la responsabilité des médias et des journalistes en quête du scoop le plus éhonté, fable cinglante sur le pouvoir de l'image, l'influence de la violence cinématographique et la fascination morbide éprouvée pour les serial-killers, Tueurs Nés est une expérience sensorielle sous impulsion reptilienne. Une catharsis en somme au tueur qui sommeille en chacun de nous !

Bruno Matéï
3èx

Récompenses: Mostra de Venise 1994, Grand prix spécial du jury et Prix Pasinetti de la meilleure actrice pour Juliette Lewis


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire