vendredi 16 octobre 2015

THE VISIT

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site ecranlarge.com

de M. Night Shyamalan. 2015. U.S.A. 1h34. Avec Kathryn Hahn, Ed Oxenbould, Benjamin Kanes, Erica Lynne Marszalek, Peter McRobbie.

Sortie salles France: 7 Octobre 2015. U.S: 11 Septembre 2015

FILMOGRAPHIE: M. Night Shyamalan est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, d'origine indienne, né le 6 Août 1970 à Pondichéry.
1992: Praying with Angers. 1998: Eveil à la vie. 1999: Sixième Sens. 2000: Incassable. 2002: Signs. 2004: Le Village. 2006: La Jeune fille de l'eau. 2008: Phenomènes. 2010: Le Dernier maître de l'air. 2013: After Earth. 2015: The Visit.


Petite production indépendante de 5 000 000 de dollars que Shyamalan a su financer grâce au salaire engrangé par son précédent film, After Earth, The Visit joue la carte du simulacre dans sa combinaison des genres allouée aux thématiques de hantise, de peur du noir et de folie schizophrène. Loretta, mère de deux enfants, a rompu les liens parentaux depuis plus de 15 ans. Mais à la demande de ces derniers, elle accepte de laisser partir Tyler et Rebecca afin qu'ils puissent connaître leurs grands parents. Sur place, leurs comportements excentriques intriguent les enfants confondus en apprentis cinéastes. Jonglant avec les codes du cinéma d'horreur et du conte populaire de manière sarcastique, M. Night Shyamalan déconcerte sans modération pour l'ossature de son intrigue interlope usant de subterfuge et chausse-trappe afin de mieux nous surprendre. Le récit étant conditionné sous le principe du documentaire que deux adolescents filment sans répit pour préserver sur pellicule la quotidienneté intimiste de leurs grands-parents.


Pourvu d'une ambiance crépusculaire envoûtante lorsque la nuit bat son plein et que les arbres contrastent parmi une luminosité onirique, The Visit distille également une angoisse sous-jacente en interne d'une demeure vétuste occultant un terrible secret. Par le biais du comportement incohérent du couple de vieillards (même si l'un souffre du syndrome d'état crépusculaire !), nous nous portons témoins scrupuleux de leur déambulation nocturne sous la caméra amateur des adolescents voyeurs. Eludant remarquablement le stéréotype de l'ado aseptique, Shyamalan nous caractérise intelligemment des héros juvéniles aussi sensés et dégourdis que remarquablement solidaires. La grande force du récit résidant notamment dans le  développement de leur personnalité imparti à une quête initiatique pour la réconciliation parentale et la confiance en soi. Là où le film risque de dépiter une partie de son public, c'est dans la manière caustique dont le cinéaste recours pour exploiter les ressorts de flippe. D'une grande efficacité pour la progression de la tension et les effets de surprise impartis à l'incohérence comportementale, ces moments d'appréhension provoquent au final un sentiment libérateur (et déconcertant) d'angoisse amusée. Une démarche néanmoins subtile car hétérodoxe, justifiée et rationnelle lorsque l'on finit par connaitre les tenants et aboutissants des personnages et le fin mot de l'énigme. Sur ce dernier point, là encore Shyamalan continue de nous surprendre de manière autrement rigoureuse et dramatique lorsque les enfants vont se livrer à une imprévisible épreuve de survie. Quant à l'épilogue particulièrement bouleversant, The Visit nous dévoile enfin sa véritable identité, à savoir que ce à quoi nous venions d'assister n'était qu'un exutoire pour mettre en exergue un drame psychologique sur les conflits parentaux, le regret et le pardon érigés autour des valeurs éducatives. 


Hansel et Gretel
Intriguant, déroutant, angoissant et dérangeant pour la tournure cinglante de son point d'orgue horrifique, The Visit aborde le cinéma d'angoisse dans l'apparence pour privilégier un drame parental d'une intensité aussi dramatique que salvatrice. Outre la stature attachante des ados remarquablement convaincants et la posture interlope des seniors ricaneurs, le film tire-parti de son attention dans la progression intrigante du récit culminant vers une révélation rigoureusement brutale.  
Attention toutefois aux spectateurs non avertis de sa facture fallacieuse !

Bruno Matéï

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