mardi 17 novembre 2015

Comme un chien enragé

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site pinterest.com

"At Close Range" de James Foley. 1986. U.S.A. 1h55. Avec Sean Penn, Christopher Walken, Mary Stuart Masterson, Chris Penn, Millie Perkins, Crispin Glover, Kiefer Sutherland, Tracey Walter

Sortie salles France: 14 janvier 1987. États-Unis: 18 avril 1986

FILMOGRAPHIE: James Foley est un réalisateur, scénariste et acteur américain né le 28 décembre 1953 à Brooklyn, New York. 1984 : Reckless. 1986 : Comme un chien enragé. 1987 : Who's That Girl. 1990 : La Mort sera si douce. 1992 : Glengarry. 1995 : Instant de bonheur. 1996 : Fear. 1996 : L'Héritage de la haine. 1997 : Gun ("Gun") (série TV). 1999 : Le Corrupteur. 2003 : Confidence. 2005 : Man and Wife. 2007 : Dangereuse Séduction. 2013-.... : House of Cards, série télévisée. 2017: Cinquante nuances plus sombres.


Le scénario s'inspire d'un fait réel survenu en 1978 à Chester County dans la banlieue de Philadelphie, Pennsylvanie. 

Film culte chez toute une génération de vidéophiles, Comme un chien enragé marqua les esprits des années 80, de par son ambiance mélancolique terriblement prégnante et l'aspect dramatique estampillé "fait-divers" où la figure paternelle impose à sa progéniture un enseignement sans foi ni loi. Ainsi, en inversant les codes, James Foley nous retrace avec une délicate émotion la déliquescence morale d'un jeune paumé destitué de pédagogie dès son enfance avant de se raviser en dernier ressort. Le pitchDepuis sa démission scolaire, Brad Whitewood et son frère passent leur temps à flâner dans leur cocon familial autour de joints et de bières. Un soir, alors qu'il se dirige sur l'esplanade de son village, il aborde Terry, une jeune fille timorée âgée de 16 ans. Entre eux, c'est le début d'un coup de foudre, quand bien même le père, Brad senior, refait surface au domicile conjugal après de longues années d'absence. Fasciné par son train de vie plutôt aisé, Brad junior se laisse influencer à le fréquenter. Rapidement, il sombre dans la spirale du banditisme mais décide in extremis de se rétracter en dépit du chantage paternel. 


Polar noir d'une rigueur dramatique exponentielle quant au cheminement criminel d'un père de famille inculquant à son propre fils la déontologie du cambriolage et l'immoralité du meurtre, Comme un chien enragé hypnotise les sens du spectateur de par son aspect aussi sombre que lyrique d'une suite d'évènements toujours plus compromettants. Mais en dépit du caractère fétide de son intrigue crapuleuse où le père se désolidarise de toute assistance, James Foley alimente en annexe une tonalité mélancolique auprès de la romance candide des deux amants juvéniles. Un ressort de rédemption pour le héros dans sa considération sentimentale pour l'être aimée alors que le père déloyale tentera d'exploiter son autorité afin de s'y opposer. Cette gestation des émois amoureux, le cinéaste les transfigurent par le biais d'une mise en scène stylisée où la nature rurale se prête à merveille aux états d'âme insouciants des amants en herbe (photo onirique à l'appui). Exacerbé du score instrumental de Patrick Leonard en concertation avec Madonna, le film distille les tonalités malingres d'une mélodie ensorcelante pour le cheminement de Brad et de son amie Terry, communément plongés dans leur passion au moment de converger vers une descente aux enfers irréversible. Outre la puissance émotionnelle qui émane du drame criminel inscrit dans la fourberie, Comme un chien enragé oppose la performance de deux monstres du cinéma. Sean Penn endossant avec fragilité le rôle d'un délinquant sur le fil du rasoir en instance de prise de conscience salvatrice, quand bien même Christopher Walken lui partage sobrement la réplique en imposant une figure paternelle aussi couarde qu'insidieuse dans ses stratégies criminelles en roue libre. Leur inimitié précaire donnant lieu en point d'orgue à une confrontation psychologique d'une vigueur dramatique autrement ardue.


Au nom du Père.
D'une beauté formelle éthérée pour le stylisme accordé à sa mise en scène et surtout pour l'émotion exaltante émanant de la romance juvénile, Comme un chien enragé traite de l'endoctrinement du banditisme et de la banalisation du crime avec l'appui d'un fait divers édifiant de bassesse. Il en émane un moment de cinéma inoubliable que le score fragile de Patrick Leonard magnétise avec une émotion capiteuse. 

Dédicace à Ludovic Hilde et Nicolas Bruguet

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