jeudi 18 février 2016

LES FLEURS DE SANG / LA NUIT DE L'EPOUVANTAIL

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site horrorphilia.com

"Dark Night of the Scarecrow" de Frank De Fellita. 1981. U.S.A. 1h39. Avec Jocelyn Brando, Larry Drake, Charles Durning, Tonya Crowe.

Diffusion TV U.S: 24 Octobre 1981

FILMOGRAPHIEFrank De Fellita est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, né le 3 Août 1921 à New-York. Il est le scénariste et producteur de l'Emprise et Audrey Rose.
1991: Scissors.  1986 Killer in the Mirror (TV Movie).  1981 Les fleurs de sang (TV Movie). 1979: The Two Worlds of Jennie Logan (TV Movie).  1973 Danger Doberman (TV Movie) (as Frank DeFelitta).  1965 The Stately Ghosts of England (TV Movie) .  1962 The DuPont Show of the Week (TV Series) (1 episode) . - Emergency Ward (1962).  1961 Assignment: Underwater (TV Series) (1 episode) . - Dead Weight (1961)


Télé-film horrifique devenu au fil des décennies un petit classique du genre, La Nuit de l'Epouvantail (ou les Fleurs de sang si je me réfère à son exploitation en VHS) marqua toute une génération de spectateurs grâce à ses multi-diffusions sur la chaîne la Cinq. Sous son format télévisuel, on est agréablement surpris de se retrouver face à une facture cinégénique ! Tant par le soin apporté à la réalisation, à la musique envoûtante, à la prestance dépouillée des comédiens (Charles Durning en tête dans un rôle de pervers insidieux reniant toute réflexion irrationnelle !), à sa photo contrastée et à son ambiance inquiétante qui va planer durant tout le cheminement anxiogène des coupables. A la suite de l'agression d'une fillette par un chien; Bubba, l'idiot du village, est accusé à tort par un quatuor d'ouvriers avides d'auto-justice. Planqué derrière l'apparence d'un épouvantail au milieu d'un champ, Bubba est froidement abattu par ces derniers, persuadés qu'il était à l'origine du meurtre de la fille. Mais cette dernière survit pourtant à ses blessures. Rongés par le remord, ils décident de maquiller le crime. Relaxés par la justice, ils se retrouvent dès leur sortie persécutés par une présence invisible si bien que l'un d'eux succombe à un accident meurtrier. 


En exploitant habilement le thème de l'épouvantail meurtrier, Frank De Fellita parvient à faire naître une certaine angoisse grâce à la suggestion d'un surnaturel sans fard. Et c'est bien là la vraie qualité de La Nuit de l'Epouvantail (renouer avec un Fantastique éthéré) tant le cinéaste réfute à se laisser animer par un regain de surenchère ou de grand guignol (l'épouvantail symbolique étant également peu présent à l'écran). L'intrigue privilégie donc l'expectative des meurtres souvent perpétrés de manière accidentelle si bien que l'on est en droit de se questionner sur l'éventuelle culpabilité d'un complice revanchard (la mère de Bubba, l'avocat et la fillette seront successivement suspectés par les complices criminels). En jouant avec les nerfs de ces quatre gugusses malmenés par leur leader autoritaire et épris de panique à affronter le danger sous-jacent, Frank De Fellita distille un suspense diffus au fil de leurs tourments tout en dressant un portrait dérisoire sur leur médiocrité morale. Epaulé d'un score lancinant, l'ambiance ombrageuse y gagne en intensité parmi son efficacité narrative s'attachant surtout à dénoncer la lâcheté et l'intolérance de tortionnaires incapables de discerner la bonté de l'innocence. Par l'impulsion spontanée d'un personnage déficient inévitablement attachant, on peut vanter la prestance émotive de Larry Drake tant il parvient à susciter l'empathie pour sa tendre amitié entretenue avec la fillette mais aussi pour sa condition psychologiquement torturée d'endurer une traque impitoyable avant de subir la cruauté d'un lynchage communautaire. S'identifiant à ce personnage martyr, nous éprouvons donc un vrai intérêt à suivre les motivations occultes d'une menace sans visage et à y découvrir qui se cache éventuellement derrière le masque parmi l'impuissance terrifiée des quatre engeances.


Grâce à son efficacité narrative et l'art de relater avec simplicité un conte horrifique promu par l'effet de suggestion (la dernière image onirique marque aussi les esprits), La Nuit de l'Epouvantail captive et inquiète sous l'impulsion d'un surnaturel indicible titillant l'imagination névrosée de ses oppresseurs. Digne d'une oeuvre de cinéma, une excellente série B à redécouvrir avec vif intérêt !

18.02.16 (3èx)
15.03.11 (422 v)

1 commentaire: