mardi 2 février 2016

MADE IN FRANCE

                                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allociné.fr

de Nicolas Boukhrief. 2014. France. 1h29. Avec Malik Zidi, Dimitri Storoge, François Civil,
Nassim Si Ahmed, Ahmed Dramé, Franck Gastambide, Judith Davis.

Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIENicolas Boukhrief est un réalisateur et scénariste français né le 4 juin 1963 à Antibes. 1995 : Va mourire. 1998 : Le Plaisir (et ses petits tracas). 2003 : Le Convoyeur. 2008 : Cortex. 2009 : Gardiens de l'ordre. 2015 : Made in France. 



Hommage: 
Prévu à l'origine pour une sortie salles le 18 novembre 2015 mais repoussé à Janvier 2016 puis annulé en raison des tragiques attentats ayant secoué la France le 13 Novembre 2015, Made in France passa finalement par la case VOD ce 29 Janvier 2016. Thriller choc s'attardant scrupuleusement sur les stratégies terroristes d'une cellule djihadiste au sein de la capitale parisienne, alors qu'un journaliste musulman est parvenu à s'y infiltrer afin de les déjouer, Made in France insuffle une atmosphère crépusculaire autour de leurs agissements délétères. Fort d'une mise en scène stylisée renouant avec l'âpreté des polars modernes des années 80, Nicolas Boukhrief redouble d'ambition et de sincérité à fignoler un thriller politique d'une brûlante actualité. Soutenu d'une partition électro entêtante, cette plongée ténébreuse dans l'univers du djihadisme nous dépeint sobrement les motivations morales, l'apprentissage et le passage à l'acte du terrorisme de jeunes intégristes agrégés à leur guerre sainte d'Allah.


Sans chercher à parfaire un documentaire sur l'islamisme radical, Nicolas Boukrhief privilégie avant tout la forme cinégénique d'un thriller vénéneux remarquablement troussé. Par le biais du personnage de l'indic contraint de collaborer avec le chantage policier, Made in France cultive un suspense sous-jacent autour de sa fausse identité. Outre le fait de redouter sa culpabilité aux yeux de ces adjoints, l'intrigue met en exergue les projets insensés d'attentats meurtriers, un terrorisme interne (mais aussi autonome) faisant écho à la triste actualité du 13 Novembre 2015. Si son cheminement narratif peut s'avérer inévitablement prévisible, Nicolas Boukrhief parvient habilement par l'habileté de sa réalisation à se défaire des clichés lors d'une dernière partie émaillés d'incidents aléatoires tout en soulignant la mauvaise conscience impartie aux plus jeunes d'entre eux ! Ces djihadistes en herbe faisant preuve de contrariété, d'indécision et de remords à ne pas connaître l'unique identité de leur porte-parole et à oser franchir les limites de l'intolérable (tuer innocemment femmes et enfants au nom de leur religion). De par ses rebondissements inopinés, la caractérisation fragile des éléments les plus influençables et le sort indécis réservé au journaliste infiltré, Made in France injecte une tension oppressante autour de leur projet terroriste. Sans faire preuve de complaisance pour la cruauté de certaines scènes, le cinéaste mise notamment sur la suggestion du hors-champ afin de ne pas sombrer dans la facilité putassière des agissements les plus barbares. On est également surpris de la facture émotive de son épilogue prodiguant un message de tolérance, d'amour et de paix vis à vis de l'idéologie religieuse (quand bien même certains reprocheront peut-être son côté moralisateur).


Hypnotique, captivant et envoûtant par son onirisme crépusculaire, Made in France renoue avec les ambiances noires et oppressantes des fleurons policiers des années 80. Outre le brio indiscutable de son auteur à exploiter sans esbroufe une intrigue politico-religieuse sur l'endoctrinement de la violence chez de jeunes recrues (tout en soulevant la question d'un terrorisme indépendant), la spontanéité des comédiens renforce la facture réaliste d'un évènement aussi prémonitoire.   

B.M

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