mercredi 24 février 2016

MON ROI. Prix d'Interprétation Féminine, Cannes 2015.

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site avisdupublic.net

de Maïwenn. 2015. France. 2h10. Avec Vincent Cassel, Emmanuelle Bercot, Louis Garrel, Isild Le Besco, Chrystèle Saint Louis Augustin, Patrick Raynal, Yann Goven, Paul Hamy, Djemel Barek.

Sortie salles France: 21 Octobre 2015

FILMOGRAPHIE: Maïwenn Le Besco est une réalisatrice, actrice, scénariste française, née le 17 Avril 1976 aux Lilas (Seine-Saint-Denis). 2004: I'm an actrice (court-métrage). 2006: Pardonnez moi. 2009: Le Bal des Actrices. 2011: Polisse. 2015: Mon Roi.


Quatre ans après le choc Polisse, la réalisatrice Maïwenn aborde le mélo sous l'impulsion d'un duo d'acteurs d'une belle vérité humaine. Mon Roi retraçant avec réalisme méticuleux la descente aux enfers d'un couple passionnel d'autant plus tributaire d'une responsabilité parentale. A la suite d'une chute de ski, Tony part en rééducation dans un centre spécialisé. C'est durant sa longue convalescence qu'elle se remémore sa romance partagée avec Georgio. Un charmeur plutôt instable et ingrat par son insouciance libertaire.


A partir d'une intrigue finalement banale s'attardant à décrire avec une certaine intensité la déliquescence morale d'une épouse inlassablement soumise par un escamoteur, Maïwenn compte surtout sur l'autorité viscérale de Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot pour provoquer l'émotion entrecoupée d'éclairs de violence conjugale. Emmanuelle Bercot se livrant corps et âme devant la caméra à la manière d'une écorchée vive dans sa condition de souffre-douleur. Un portrait saisissant de femme fragile incapable de se délier de ses sentiments pour l'être aimé jusqu'au regain de conscience à ne plus se laisser chérir par la manipulation. Sa prestance naturelle inscrite dans une dignité féminine ne laissa pas indifférent le jury de Cannes si bien qu'il lui décerna un prix d'interprétation. Dans un rôle à contre-emploi de Don Juan phallocrate rempli d'orgueil, Vincent Cassel suscite souvent l'irritation, voir parfois même une violente antipathie par son indifférence et son mépris à contredire le désarroi de son épouse. Si le côté redondant de leurs prises de bec alternant séparations/réconciliations peut à force lasser une frange du public, la mise en scène plutôt maîtrisée et le réalisme imparti à la fragilité de leur quotidien parviennent modestement à transcender cette lacune. On peut également souligner le vent de liberté accordé aux seconds-rôles servant de pilier amical afin de soutenir (délibérément ou incidemment) le couple.


L'affliction amoureuse
Grâce à sa direction d'acteurs hors-pair où la diction des personnages épargne admirablement l'intonation théâtrale (trop rare pour ne pas le souligner chez le cinéma français), Mon Roi s'extirpe in extremis de la routine pour retracer avec une émotion tantôt prude tantôt brutale le chemin de croix vertigineux d'une femme aveuglée par la passion. Il en émane un moment d'émotion poignant émaillée de séquences intimistes d'une grave intensité, à l'instar de son épilogue bouleversant lorsque Maïwenn transfigure de manière chirurgicale la physionomie galante de Vincent Cassel sous le regard subtilement concentré d'Emmanuelle Bercot




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