mercredi 23 mars 2016

EDWARD AUX MAINS D'ARGENT. Oscar du Meilleur Maquillage, 1991.

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site chuckyg.com

"Edward Scissorhands" de Tim Burton. 1990. U.S.A. 1h45. Avec Johnny Depp, Winona Ryder, Dianne Wiest, Anthony Michael Hall, Alan Arkin, Kathy Baker, Robert Oliveri, Vincent Price.

Sortie salles France: 10 Avril 1991. U.S: 14 Décembre 1990

FILMOGRAPHIE: Timothy William Burton, dit Tim Burton, est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 25 Août 1958 à Burbank en Californie. 1985: Pee-Wee Big Adventure. 1988: Beetlejuice. 1989: Batman. 1990: Edward aux mains d'argent. 1992: Batman, le Défi. 1994: Ed Wood. 1996: Mars Attacks ! 1999: Sleepy Hollow. 2001: La Planète des Singes. 2003: Big Fish. 2005: Charlie et la Chocolaterie. 2005: Les Noces Funèbres. 2008: Sweeney Todd. 2010: Alice au pays des Merveilles. 2012: Dark Shadows. 2012: Frankenweenie. 2014: Big Eyes. 2016 : Miss Peregrine's Home for Peculiar Children.


Après nous avoir surpris avec Beetlejuice et Batman, Tim Burton transcende son talent de conteur baroque à travers Edward aux mains d'argent, merveille d'émotions d'une fulgurance féerique. L'intrigue retraçant avec beaucoup de fantaisies puis une gravité exponentielle les vicissitudes d'une créature humaine affublée de cisailles en guise des mains. Autrefois créé par un inventeur de génie, ce dernier mourut avant même de lui substituer de véritables poignes. Après avoir visitée l'antre de son château, une commerciale en esthétique décide de l'adopter au sein de sa famille depuis son isolement. Rapidement, les voisins du quartier affluent afin de faire connaissance avec l'étrange phénomène. Abordant avec acuité les thèmes de l'intolérance, du préjugé, du racisme et du fanatisme religieux, Edward aux mains d'argent milite pour le droit à la différence sous l'impulsion d'une impossible romance. Car si Edward fascine irrémédiablement son entourage par ses talents artistiques de sculpteur en horticulture et en coiffure; la jalousie, la rancoeur et la couardise de seconds rôles vont l'entraîner vers le lynchage communautaire. 


Variation moderne de Frankenstein pour l'innocence du monstre féru de maladresses à différencier les valeurs du bien et du mal en l'absence parentale, et pour sa condition criminelle, Edward aux mains d'argent traduit en seconde partie un goût pour la romance pure sous le pilier d'un onirisme enchanteur. Les flocons de neiges et les sculptures de glaces ornementales faisant office de symbole d'espoir pour la correspondance des amants maudits. Emaillé d'instants irrésistibles de cocasserie pour l'acclimatation malhabile d'Edward au sein d'une société conformiste fondée sur le paraître (les caprices et les idées préconçues des voisines ont également leur part de responsabilité pour la déchéance colérique de ce dernier), l'intrigue finit par céder à une dramaturgie toujours plus inquiétante lorsque la fille des Boggs finit par lui éprouver des sentiments en dépit de la jalousie de son compagnon. Winona Ryder endossant avec pudeur du regard en émoi une fille touchée par la grâce amoureuse dans sa fragile élégance. Oscillant la maladresse et le talent pictural dans sa posture excentrique de monstre infantile, Johnny Depp livre sans doute l'un de ses rôles les plus prégnants tant il parvient par l'appui du mimétisme et du regard candide à provoquer une intense émotion au fil de son insertion sociale. Ce dernier se confrontant à un concours de circonstances infortunées depuis son influence manipulable et son handicap tactile.  


Joyaux noir aussi baroque que cruel pour la situation galvaudée du monstre, conte de noël d'un onirisme enchanteur pour la romance singulière du couple, Edward aux mains d'Argent célèbre les notions de candeur et de pureté avec une émotion toujours plus rigoureuse. Soutenu par l'élégie évocatrice de Danny Elfman, ce manifeste pour le droit à la différence oppose brillamment le blanc et le noir lorsque l'amour se retrouve bafoué par l'intolérance, l'ignorance et la jalousie. Un chef-d'oeuvre d'une grande fragilité humaine.  

Dédicace à Audrey Dupuis

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