vendredi 22 avril 2016

THE INVITATION

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site shocktillyoudrop.com

de Karyn Kusama. 2015. U.S.A. 1h44. Avec Logan Marshall-Green, Tammy Blanchard, Michiel Huisman, Emayatzy Corinealdi, Lindsay Burdge, Mike Doyle

Inédite en salles en France. Sortie salles U.S: 8 Avril 2016 

FILMOGRAPHIE: Karyn Kusama est une réalisatrice et scénariste américaine, née le 21 Mars 1968 à Brooklyn, New-York. 2000: Girlfight. 2005: Æon Flux. 2009: Jennifer's Body. 2015: The Invitation. 


Révélée par l'excellent Girlfight mais décriée ensuite avec deux produits convenus, Aeon Flux et Jennifer's Body, la réalisatrice Karyn Kusama amorce un brillant retour avec The Invitation. Un thriller horrifico-psychologique lestement structuré dans l'art de distiller un malaise vénéneux au sein d'une chaleureuse convive. Divorcé depuis 2 ans, Will et sa nouvelle amie sont invités à dîner chez son ex-femme en compagnie d'autres inconnus. Au fil des discussions parfois crues et désinvoltes, Will suspecte un dangereux traquenard quand bien même l'absentéisme d'un des hôtes le laisse perplexe. Mais profondément éprouvé par la mort de son fils et de son échec conjugal, Will serait peut-être en proie à la paranoïa. Oeuvre choc d'une intensité dramatique latente avant d'embrayer un virage autrement horrifique en dernier acte, The Invitation repose sur l'élaboration d'une aura malsaine par le principe du huis-clos domestique. L'ambiance amicale régie à l'intérieur de la réception imposant une atmosphère futilement tendue lorsque certains des invités osent aborder sans réserve les sujets tabous comme la mort, la violence conjugale et la délivrance.


Dès les 3 premières minutes, Karyn Kusama dérange déjà le spectateur lorsque Will et sa compagne viennent de commettre un accident sur la route de leur destination. Si bien que le comportement étrangement expéditif de ce dernier nous laisse dans un questionnement amer. Dès que le couple s'installe chez la demeure des réceptionnistes, la réalisatrice s'appuie sur les états d'âmes contrariés de Will, suspicieux du comportement trop affable de ces étrangers. Auscultant ses sentiments d'angoisse, de paranoïa et de suspicion, l'intrigue repose sur sa caractérisation fragile parmi le désir tacite de nous faire douter de sa foi à démasquer une éventuelle supercherie. C'est ce qu'un habile rebondissement instauré au centre des discussions orageuses nous confirmera afin de nous faire douter de sa conviction. Ce sentiment anxiogène de climat pesant, ces rapports humains trop inscrits dans la franchise et l'intégrité ne cessant d'influer sur le comportement démuni de Will observant l'assemblée avec un désespoir fébrile. Par la solidité de sa mise en scène, le jeu insidieux des comédiens et la subtilité du pouvoir de suggestion, The Invitation insuffle un climat d'inconfort et de malaise avant l'effroi d'une dernière partie rigoureusement cinglante.


En abordant de manière originale les thèmes du malaise existentiel, de la perte de l'être aimé et du désir de rédemption par le biais d'une idéologie extrémiste, Karyn Kusama cristallise un thriller cérébral à couper au rasoir. De par le magnétisme conféré à son atmosphère délétère et son portrait d'une confrérie à l'identité interlope. Glacial et terriblement anxiogène, on sort éprouvé de ces rapports de force en déliquescence morale si bien que l'épilogue tragique en rajoute une louche dans le nihilisme auprès de l'influence de masse.  

P.S: Afin de préserver tout effet de surprise, évitez de jeter un oeil sur sa bande-annonce beaucoup trop manifeste.


Le p'tit mot de Jean Marc Micciche:
Séance festival et fantastique avec The Invitation, énorme film clinique, digne des plus suspense de Polanski. Œuvre d'une noirceur ténébreuse absolue où un couple est invité avec d'autres amis à un repas mystérieux. Par petite touche, le film amorce ce qui apparaît de prime abord comme un drame intimiste, un voyage bouleversant et d'une angoisse sidérante sur la gestion de la douleur...Terriblement incommodant, d'un malaise terrifiant, le film va jusqu'au bout de son implacable horreur funeste et finit par un plan final aussi évocateur et terrifiant que bon nombres de classiques. Un voyage au bout de la nuit qui surprend par sa gestion des temps faibles et des temps fort, par des ralentis d'un beauté funéraires, par une gestion du cadre et de l'espace d'une précision machiavélique....Bref, The invitation est un chef d'œuvre d'autant plus savoureux qu'il est inattendu et semble sortir de nulle part...le genre de film qu'on se tapait dans les années 70 et 80.
 Et putain quel score !


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