jeudi 16 juin 2016

EMPRISE. Prix du Meilleur Film, Horror Guild Awards, 2003

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

"Frailty" de Bill Paxton. 2002. U.S.A. 1h39. Avec Bill Paxton, Matthew McConaughey, Levi Kreis, Powers Boothe, Matt O'Leary, Jeremy Sumpter

Sortie salles France: 15 Mai 2012. U.S: 12 Avril 2002

FILMOGRAPHIE: Bill Paxton est un acteur et réalisateur américain, né le 17 mai 1955 à Fort Worth (Texas). 1982: Fish Heads (court métrage). 2002: Emprise. 2005: Un parcours de légende.


Premier et avant-dernier métrage de l'acteur Bill Paxton, Emprise aborde les thématiques de la superstition et du fanatisme religieux avec une ambiguïté dérangeante. Spoil ! A l'instar de son final révélateur à contre emploi de tout ce que le réalisateur semblait nous dénoncer ! Par ce revirement inopiné, le film adopte dès lors une tournure beaucoup plus effrayante pour mettre en exergue une réflexion sur l'existence du Mal et la foi catholique depuis une injonction divine. Fin du Spoil ! Profondément malsain par son climat étouffant souvent régi en vase clos, par son idéologie religieuse rappelant un célèbre précepte de la bible (la tâche d'Abraham et son fils) et la barbarie qui émane des sacrifices humains (même si le hors-champs est louablement prescrit !), Emprise nous immerge dans la mission divine d'un père persuadé de sacrifier des quidams depuis une vision angélique. Selon une liste ciblée de personnes, il est contraint de les assassiner à la hache depuis que les démons les habitent. Dans son délire mystique, il s'efforce d'endoctriner ses deux fils vers l'initiation criminelle afin de contenter la parole de Dieu.


Remarquablement interprété, tant par la prestance parano de Bill Paxton en paternel castrateur, le  flegme rassurant de Matthew McConaughey en narrateur que par le duo infantile que forment spontanément Jeremy Sumpter et (surtout) Matt O'Leary, Emprise honore le genre horrifique sous le pilier du drame psychologique. D'une intensité cruelle, l'intrigue ne cesse de nous déstabiliser lorsque ces enfants candides témoignent impuissants à la gratuité d'une série de crimes sauvages. Ce sentiment anxiogène de fragilité et de perplexité qu'ils nous insufflent se traduit surtout en la présence de Fenton persuadé que son père n'est qu'un charlatan depuis ses exactions barbares. Multipliant vainement les tentatives d'évasion et de révolte alors que son frère cadet se conforte à l'emprise du père, Fenton provoque une digne empathie quant à sa pugnacité et son courage juvéniles (notamment son épreuve de force endurée dans le cachot). Outre ses moments horrifiques où le suspense ne cesse de rebondir quant aux tentatives désespérées de Fenton à s'extraire de la folie homicide (notamment lorsque son père lui ordonne de tuer un otage), Emprise se permet en prime de parachever cette sordide affaire familiale par le biais d'un thriller perfide quant aux tenants et aboutissants des personnages. Sa conclusion délétère s'avérant aussi salvatrice que perturbante !


La Nuit du Chasseur
Onirique (les allers-retours dans le jardin des roses, la reconversion de Fenton au travers de plans chimériques), dérangeant et machiavélique pour son final retors où Bien et Mal se contredisent, et d'une densité psychologique éprouvante quant à la condition soumise d'enfants innocents, Emprise transcende l'horreur réaliste en oscillant les composantes du drame, du fantastique et du thriller. Fort d'un scénario solide bâti sur le sens du sacrifice et la fraternité familiale, il en émane un manifeste (équivoque) sur la foi religieuse et notre conviction morale à tolérer l'obédience divine. 

Récompenses: Prix du meilleur film, lors des International Horror Guild Awards en 2003.
Prix Bram Stoker du meilleur scénario en 2003.

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