mercredi 3 août 2016

L'INVASION DES PROFANATEURS DE SEPULTURES

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site avoir-alire.com

"Invasion of the Body Snatchers" de Don Siegel. 1956. U.S.A. 1h20. Avec Kevin McCarthy, Dana Wynter, Larry Gates, King Donovan, Carolyn Jones, Jean Willes, Ralph Dumke.

Sortie salles France: 8 Novembre 1967. U.S: 5 Février 1956

FILMOGRAPHIE: Don Siegel (Donald Siegel) est un réalisateur et producteur américain, né le 26 Octobre 1912 à Chicago en Illinois, décédé le 20 Avril 1991 à Nipoma, en Californie.
1956: l'Invasion des Profanateurs de Sépultures. 1962: l'Enfer est pour les Héros. 1964: A bout portant. 1968: Police sur la ville. 1968: Un Shérif à New-York. 1970: Sierra Torride. 1971: Les Proies. 1971: l'Inspecteur Harry. 1973: Tuez Charley Varrick ! 1974: Contre une poignée de diamants. 1976: Le Dernier des Géants. 1977: Un Espion de trop. 1979: l'Evadé d'Alcatraz. 1980: Le Lion sort ses griffes. 1982: Jinxed.


Classique séminal des années 50 si bien qu'il engendre au fil des décennies 3 autres remakes (et qu'il a peut-être inspiré Wes Craven avec les Griffes de la Nuit - les victimes refusant de dormir pour éviter de mourir - !), l'Invasion des Profanateurs de sépultures puise son pouvoir de fascination grâce à la singularité de son scénario inspiré du roman de Jack Finney (The Body Snatchers publié en 1955). A partir du thème classique d'une invasion extra-terrestre, Don Siegel en extirpe un modèle d'efficacité par son contexte paranoïde d'une course pour la survie qu'un couple doit endurer afin de préserver leur propre identité. Venues de l'espace, des semences extraterrestres parviennent à germer à l'intérieur de cosses pour enfanter des êtres d'apparence humaine. Reproduisant à l'identique notre enveloppe corporelle durant notre sommeil, ces derniers tentent d'envahir notre planète de la manière la plus sournoise. Destitués de personnalité, d'amour, de sentiments, de joie et de passion, ces envahisseurs ressemblent à s'y méprendre à des zombies apathiques prônant une idéologie pacifiste dans leur société aseptique. 


Métaphorique à plus d'un titre (son analogie avec la Guerre Froide, les effets impassibles de la toxicomanie, le despotisme ou encore l'emprise des sectes comme le symbolise aujourd'hui Daesh), cette série B percutante sous-tend les vertus bénéfiques et salvatrices de l'empathie conférée à notre nature humaine. Nanti d'un montage nerveux et du jeu viscéral de comédiens habités par la paranoïa (Kevin McCarthy dominant la distribution avec un charisme neurotique !), l'Invasion des profanateurs de sépultures conjugue science-fiction et épouvante avec dextérité si bien que la menace se fond derrière notre apparence humaine ! Don Siegel misant sur une terreur psychologique plutôt qu'un racolage horrifique lorsque les habitants d'une bourgade rurale se retrouvent possédés un à un par l'entité d'une dictature extra-terrestre. Chacune des victimes adoptant une posture de fantôme déshumanisée dont l'unique ambition sera de contaminer son voisin. Insufflant au compte goutte un climat d'inquiétude de plus en plus étouffant, le cinéaste privilégie la caractérisation angoissée de nos deux couples d'amants en investigation. La première partie prodiguant des trouvailles horrifiques dérangeantes lorsque ces derniers découvrent avec stupeur le premier cadavre en phase d'incubation avant de démasquer l'implication végétale des cocons. Epousant ensuite la carte du survival sous l'impulsion d'un duo d'amants à bout de souffle, l'Invasion des profanateurs... avive son sentiment d'insécurité en dressant notamment un tableau effrayant sur une population de masse destituée d'expression émotive.


Les envahisseurs sont parmi nous !
Si à mon sens le remake colorisé de Philip Kaufman façonné en 1978 s'avère encore plus trouble et glaçant que ce modèle monochrome, Don Siegel est toutefois parvenu avec beaucoup d'efficacité, d'originalité et de brio à iconiser une angoisse paranoïaque subtilement malsaine, comme le souligne sa vénéneuse première partie. 

La chronique de l'Invasion des profanateurs (l'): http://brunomatei.blogspot.fr/2013/11/linvasion-des-profanateurs-invasion-of.html

B.M. 4èx

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