jeudi 16 février 2017

BOULEVARD DE LA MORT

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site www.comingsoon.net

"Death Proof" de Quentin Tarantino. 2007. U.S.A. 1h54. Avec Kurt Russell, Zoë Bell, Rosario Dawson, Vanessa Ferlito, Sydney Tamiia, Tracie Thoms, Rose McGowan.

Sortie salles France: 6 Juin 2007. U.S: 6 Avril 2007

FILMOGRAPHIE: Quentin (Jérome)Tarantino est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né le 27 Mars 1963 à Knoxville dans le Tennessee.
1992: Réservoir Dogs. 1994: Pulp Fiction. 1995: Groom Service (segment: The Man from Hollywood). 1997: Jacky Brown. 2003: Kill Bill 1. 2004: Kill Bill 2. 2007: Boulevard de la Mort. 2009: Inglorious Basterds. 2012: Django Unchained. 2015: Les 8 Salopards.


Echec commercial à sa sortie quand bien même la presse fut plutôt partagée (bien que Wikipedia aurait tendance à me contredire), Boulevard de la Mort fait parti d'un diptyque formé avec le jouissif Planet Terror. Hommages au Grindhouse, ces cinémas de quartiers spécialisés dans les films d'exploitation, Boulevard de la mort est une éloge aux cascadeurs des Seventies cultivant des risques inconsidérés lorsqu'ils furent contraints de doubler les acteurs de séries B dans des bobines d'action aussi décomplexées qu'homériques. Signalant à moult reprises les références du genre que symbolisent La Grande Casse, Larry le dingue, Mary la garce, l'Equipée du Canonbal et Point Limite Zero, Quentin Tarantino dédie son amour à ces productions artisanales avec une sincérité qui impose le respect, sachant notamment que l'infographie des productions mainstream est ici écartée. Car en dépit d'une première partie futilement languissante s'appuyant trop sur la redondance de dialogues interminables, Boulevard de la Mort est un trip aussi biscornu que singulier. Empruntant les genres du psycho-killer et du road movie musclé, Tarantino jumelle ses composantes avec une détonante alchimie. Avec ses têtes d'affiche féminines viriles au caractère bien trempé, le climat d'insolence et de douce folie qui émanent de leur posture rebelle s'avère irrésistiblement attrayant lorsqu'un cascadeur psychotique sexuellement frustré décide de s'en prendre à elles avec couardise.


Scindé en deux parties distinctes, Boulevard de la mort s'avère en premier lieu parfois terrifiant et réaliste lors des impressionnantes scènes de violences graphiques expurgées de dérision. Je cite prioritairement l'anthologique crash automobile filmé sous divers angles (et selon moult points de vue) afin d'ébranler le spectateur immergé dans l'habitacle du véhicule des victimes tout en observant de l'extérieur l'impact cinglant des bolides se percutant de plein fouet ! Gore et sans concession, le climat subitement malsain de cette première partie déroute le spectateur quand bien même au préalable les échanges de discussion des garçonnes réunies autour d'un bar ne manquaient pas de causticité pour brocarder la gente masculine. Outre l'aspect insolite de l'intrigue (un cascadeur sclérosé prend son pied en coursant sur bitume des donzelles avec son véhicule customisé !) et le charisme proéminent de ses comédiennes pétulantes, la présence insidieuse de Kurt Russel s'en donnant à coeur joie en misogyne pervers exacerbe la facture baroque d'un climat hostile préalablement sous-jacent. Quant à la seconde partie beaucoup plus trépidante et littéralement jouissive, Quentin Tarantino nous sert généreusement une course poursuite aussi effrénée que débridée si bien que les rôles subitement inversés vont insuffler chez le spectateur un sentiment de jouissance réactionnaire lorsque nos héroïnes pugnaces auront décidé de contre-attaquer sans répit leur bourreau. Décomplexées, cocasses et déjantées, ses nouvelles héroïnes avides de vitesse et de rancoeur insufflent un sentiment euphorique de liberté lors des affrontements automobiles que Tarantino coordonne avec une maestria ébouriffante ! A l'instar de cette folle séquence au cours duquel l'une des héroïnes se cramponne désespérément sur le capot de sa voiture coursée à vive allure, la main attachée à une lanière !


Visuellement rutilant (Tarantino est pour la 1ère fois de sa carrière directeur de la photo !), référentiel comme de coutume et musicalement entraînant, Boulevard de la mort fait presque office d'ovni dans sa structure hybride et l'aura indicible d'un psycho-killer routier inscrit dans l'excentricité. En dépit de ses maladresses et d'un rythme défaillant (les dialogues néanmoins inventifs et pittoresques s'avèrent ici moins efficaces et percutants qu'au préalable durant sa première partie), Boulevard de la mort est un savoureux moment de peloche toujours plus insolent et frénétique sous le pivot d'un affrontement de survie à perdre haleine. A redécouvrir d'urgence si j'ose dire si bien qu'au second visionnage le spectacle s'avère beaucoup plus apprivoisable ! 

B-D. 2èx

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