lundi 27 mars 2017

LES VOITURES QUI ONT MANGE PARIS

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site horrorpedia.com

"The Cars That Ate Paris" de Peter Weir. 1974. Australie. 1h29. Avec John Meillon, Terry Camilleri, Kevin Miles, Rick Scully, Max Gillies, Danny Adcock, Bruce Spence.

Sortie salles Australie: 10 Octobre 1974. U.S: Juin 1976

FILMOGRAPHIE: Peter Weir est un réalisateur australien, né le 21 Août 1944, à Sydney, Australie.
1974: Les Voitures qui ont mangé Paris. 1975: Pique-nique à Hanging Rock. 1977: La Dernière Vague. 1981: Gallipoli. 1982: l'Année de tous les Dangers. 1985: Witness. 1986: Mosquito Coast. 1989: Le Cercle des Poètes Disparus. 1990: Green Card. 1993: Etat Second. 1998: The Truman Show. 2003: Master and Commander. 2011: Les Chemins de la Liberté.


Première réalisation du grand auteur Peter Weir, Les Voitures qui ont mangé Paris est un ovni australien comme on en voit peu dans le cinéma conventionnel. Précurseur de Mad-Max 1 si je me réfère à son thème (la violence sur bitume) et comme le souligne son délirant final auquel une meute de délinquants sème terreur et mort à bord de leur véhicule blindé, Les Voitures qui ont mangé Paris déborde de cocasserie et d'humour noir en nous plongeant dans la quotidienneté de citadins coexistants en autarcie. A la suite d'un accident de voiture qui eut valu la mort de son frère, Arthur est accueilli avec hospitalité par le maire de la ville de Paris confinée en Australie. Adopté comme un fils par ce dernier, Arthur est cependant raillé par les jeunes du quartier depuis sa fonction de gardien de parking quand bien même les accidents de voitures sont en recrudescence dans la région.


A partir de cette trame insolite, Peter Weir en extirpe un petit bijou d'étrangeté et de drôlerie (souvent noire) dans son brio à retranscrire les us et coutumes d'une population au mode de vie rétrograde. Peuplé de personnages absurdes ou excentriques co-existant au sein d'un microcosme rural afin de s'épargner la violence externe des villes modernes, les Voitures qui ont mangé Paris nous désarçonne par son aspect à la fois décalé et baroque. Les situations grotesques et incongrues s'enchaînant au fil du témoignage timoré d'un étranger en berne. Avec son timbre vocal à la fois chétif et efféminé et son physique aussi candide que craintif, John Meillon se prête ironiquement au jeu taiseux de l'orphelin en quête (désespérée) de liberté depuis son trauma moral (il a causé la mort de deux personnes lors d'accidents de voiture). Parfois même hilarant par sa bonhomie à ne jamais hausser le ton face à ses adversaires, ce dernier parvient aussi à nous attacher de sa condition esseulée sous la fragilité d'un regard d'enfant. Outre l'irrésistible sentiment de dépaysement que l'ont discerne au sein de cette région bucolique faussement sereine, Les Voitures qui ont mangé Paris vaut surtout pour sa caricature folingue impartie à des protagonistes arriérés si j'ose dire (la séquence archaïque du bal costumé vaut son pesant de cacahuètes !). De par leur comportement docile dicté par un bourgmestre impérieux émane la peinture d'une société sédentaire conservatrice si bien que la jeunesse privée de nouveauté, de loisirs et de liberté urbaine se réfugie dans l'ivresse de la vitesse à bord de leurs bolides meurtriers.


Etrange curiosité aussi déjantée que décalée non exempt de moments hilarants, les Voitures qui ont mangé Paris constitue une savoureuse farce macabre sous couvert de la dérive progressive d'une jeunesse délinquante au sein d'une société bien-pensante repliée sur elle-même. 

Bruno Matéï
3èx 

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