mardi 18 avril 2017

L'ETE MEURTRIER. César de la Meilleure Actrice: Isabelle Adjani.

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Jean Becker. 1983. France. 2h11. Avec Isabelle Adjani, Alain Souchon, Suzanne Flon, Jenny Clève, Maria Machado, Évelyne Didi, Jean Gaven, François Cluzet, Manuel Gélin, Roger Carel, Michel Galabru, Marie-Pierre Casey, Cécile Vassort, Édith Scob, Martin Lamotte.

Sortie salles France: 11 Mai 1983.

FILMOGRAPHIE: Jean Becker est un réalisateur et scénariste français, né le 10 mai 1933 à Paris.
1961 : Un nommé La Rocca. 1964 : Échappement libre. 1965 : Pas de caviar pour tante Olga. 1966 : Tendre Voyou. 1983 : L'Été meurtrier. 1995 : Élisa. 1999 : Les Enfants du marais. 2001 : Un crime au Paradis. 2003 : Effroyables Jardins. 2007 : Dialogue avec mon jardinier. 2008 : Deux jours à tuer. 2010 : La Tête en friche. 2012 : Bienvenue parmi nous. 2014 : Bon Rétablissement ! 2018 : Le Collier rouge.


Gros succès commercial et critique transcendé par la performance viscérale d'Isabelle Adjani si bien qu'elle remporta un an plus tard le césar de la Meilleure Actrice, L'Eté Meurtrier constitue un grand moment de cinéma au sein du paysage français des années 80. D'après le roman éponyme de Sébastien Japrisot, l'intrigue, sombre et désenchantée, est entièrement bâtie sur le profil névrosé d'Eliane, délibérée à accomplir sa vengeance depuis que sa mère lui donna naissance à la suite d'un viol en réunion. Aujourd'hui âgée de 20 ans et à la recherche des trois coupables, elle s'empresse de de prime abord de draguer le jeune "pin-pon" depuis que le père de ce dernier ferait parti des présumés agresseurs. Si l'Eté Meurtrier sous-entend en 1er acte une comédie romantique légère et cocasse flirtant avec la nostalgie des années 70 au sein d'un village provincial ensoleillé, le profil scrupuleux imparti à l'héroïne adopte un revirement autrement obscur et intriguant quant à ses motivations intrinsèques. Par le biais de l'introspection morale d'Eliane en quête d'une impossible rédemption, Jean Becker, très inspiré et avisé, nous brosse un magnifique portrait de femme fragile tributaire d'un passé galvaudé.


Démoralisée par le poids de l'interrogation et d'une certaine culpabilité (celle d'avoir été malgré elle la progéniture d'un père dont elle ignore la véritable identité) et profondément marquée par ses rapports équivoques avec un paternel adoptif plutôt attentionné, Eliane est d'autant plus hantée par la lâcheté de ses parents confinés dans le mutisme et l'inavouable secret. Dans son rôle d'allumeuse à la fois minaude et désinvolte, Isabelle Adjani crève l'écran de la première à la dernière seconde par sa beauté lascive à courtiser la gente masculine avec une effronterie outrancière. Mais derrière l'apparence provocante de son plus simple appareil et son égoïsme se cache l'extrême fragilité d'une écorchée vive incapable d'assumer le deuil d'un viol maternel. Lui partageant inopinément la vedette avec une surprenante spontanéité, le chanteur Alain Souchon insuffle une densité autrement psychologique dans sa fonction d'amant naïf pris au piège d'une effroyable machination et qui, par l'enchaînement des circonstances dramatiques va peu à peu muter pour adopter un comportement irascible inquiétant en larbin délaissé. Captivant et toujours plus intense, le récit charpenté s'avère beaucoup plus leste et surprenant qu'il n'y parait, tant et si bien que les divers rebondissements qui empiètent l'investigation d'Eliane vont décupler l'intensité dramatique d'un effroyable dénouement où les rôles (victime/bourreau) vont subitement permuter.


Une vraie déclaration d'amour à Isabelle Adjani
Au rythme d'une sombre partition de Georges Delerue et de la mélodie attendrissante chantonnée par Yves Montand, l'Eté meurtrier emprunte brillamment le schéma du "rape and revenge" provincial sous l'autorité d'Isabelle Adjani illuminant l'écran avec une sensibilité davantage névralgique. Rien que par sa présence démiurge littéralement ensorcelante, l'Eté Meurtrier extériorise une charge érotique aussi tendre et gracile que diaphane et vénéneuse. Une expérience émotionnelle aiguë, un mélodrame inoubliable d'autant plus sans échappatoire dans sa dramaturgie en chute libre.

Les scènes les + marquantes: Le viol en réunion imposant une violence crue, le banquet des noces teinté de lyrisme et Spoiler !!! la situation schizophrène d'Eliane en institut psychiatrique. Fin du Spoil.

Bruno Dussart
3èx

Récompenses:
César de la meilleure actrice : Isabelle Adjani
César du meilleur montage : Jacques Witta
César de la meilleure actrice dans un second rôle : Suzanne Flon
César du meilleur scénario d'adaptation : Sébastien Japrisot

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