jeudi 20 avril 2017

SCUM

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site dvdclassik.com

d'Alan Clarke. 1979. Angleterre. 1h37. Avec Ray Winstone, Mick Ford, Julian Firth, John Blundell, Phil Daniels, John Fowler.

Sortie salles France: 19 Mars 1980. Angleterre: 28 Septembre 1979

FILMOGRAPHIE: Alan Clarke est un réalisateur et scénariste britannique né le 28 octobre 1935 à Liverpool (Angleterre), décédé d'un cancer le 24 juillet 1990. 1967-1968 : Half Hour History (TV). 1969 : The Gold Robbers (TV). 1969-1970 : The Wednesday Play (TV). 1970 : I Can't See My Little Willie (TV). 1972 : The Edwardians (TV). 1972 : Thirty Minute Theatre (TV). 1972 : To Encourage the Others (TV). 1975 : BBC2 Playhouse (TV). 1977 : Scum (TV). 1978 : Play of the Month (TV). 1979 : Scum. 1970-1981 : Play for Today (TV). 1982 : Baal (TV). 1982 : Made in Britain (TV). 1985 : Billy the Kid and the Green Baize Vampire (TV). 1985 : Contact (TV). 1986 : Rita, Sue and Bob Too. 1987 : Road. 1987 : Christine. 1988 : The Firm. 1989 : Elephant.


Effroyable descente aux enfers au sein d'un centre de redressement anglais, Scum est un uppercut émotionnel comme on en voit peu dans le paysage carcéral. Réalisé sans fioriture dans un style documentaire, interprété par de jeunes débutants plus vrais que nature et évacué de score musical, ce film choc d'une violence parfois insupportable ne nous laisse pas indemne sitôt le couperet de sa conclusion à la fois radicale et profondément pessimiste. Dénonçant les méthodes inhumaines et la corruption de (certains) surveillants castrateurs, Scum constitue un réquisitoire contre le conservatisme et la répression lorsque de jeunes délinquants sont soumis à une hiérarchie aux relents de nazisme. Ces derniers destitués de leur patronyme étant définis par 4 chiffres afin de discréditer leur véritable identité. Tant et si bien que les plus fragiles d'entre eux, tiraillés entre l'épuisement ou la révolte, car humiliés, violés ou violentés, cèdent au suicide en guise de délivrance. Quand bien même les plus pugnaces tentent d'imposer leur autorité afin d'asseoir leur suprématie.


D'une grande intensité dramatique, Scum ne lésine pas sur les affrontements barbares et les sévices sexuels pour mieux dénoncer la déliquescence morale de ces jeunes détenus livrés à la solitude, à l'isolement et à l'embrigadement (celle des cachots en guise de châtiment), et ce sans une once d'empathie de la part des dirigeants convaincus de leur doctrine draconienne. Toujours plus tendu au fil d'un cheminement cauchemardesque en perdition et oppressant par son climat austère irrespirable qu'une photo limpide contraste cliniquement, Scum tire-parti de son efficacité grâce à l'intelligence de sa mise en scène détournant les conventions au sein d'une narration aléatoire. Et ce en dépit des traditionnels confrontations entre têtes de turc qu'Alan Clarke contourne sans esbroufe si bien qu'il préconise l'immersion morale de ces détenus confrontés à l'animosité, à la démence ou à la dépression. Plaidoyer pour la liberté d'expression, Scum interpelle et ébranle face à la situation chaotique de ces mineurs hurlant en silence leur désir de dignité auprès d'un gouverneur impassible.


Impitoyable et sans concession, Scum fustige avec une vérité glaçante l'inefficacité du système carcéral subordonnée à une idéologie aussi rétrograde que tyrannique. Déprimant et nihiliste pour les conséquences criminogènes que cet enseignement dictatorial finit par engendrer (notamment celle de provoquer le suicide), il laisse en état d'aigreur par son irrévocable constat d'échec. 
Pour Public averti


La séquence la + marquante: le suicide insoutenable d'un des jeunes détenus suppliant vainement de l'extérieur de sa cellule un secours de dernier ressort.

Bruno Matéï
2èx
                                                 Ci-dessous, l'affiche française de l'époque.

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinema.jeuxactu.com

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