vendredi 19 mai 2017

Surveillance

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jennifer Lynch. 2008. U.S.A. 1h38. Avec Julia Ormond, Bill Pullman, Pell James, Ryan Simpkins,
French Stewart.

Sortie salles France: 30 Juillet 2008

FILMOGRAPHIE: Jennifer Chambers Lynch est une réalisatrice et scénariste américaine, née le 7 avril 1968 à Philadelphie en Pennsylvanie aux États-Unis. 1993 : Boxing Helena (également scénariste). 2008 : Surveillance (également coscénariste). 2010 : Hisss (également scénariste). 2012 : Chained (également coscénariste). 2014 : A Fall From Grace. 2014 : XX.


Seconde réalisation de Jennifer Lynch (fille du célèbre David Lynch) après avoir désertée les écrans durant plus de 15 ans, Surveillance est un ovni incongru délicieusement sournois par son intrigue sinueuse conjuguant habilement road movie et huis-closCette dernière alternant judicieusement évènements du présent et flashbacks explicatifs afin de nous éclairer sur le cheminement sordide d'une succession de déconvenues grotesques. Dans un commissariat reculé, 2 agents du FBI interrogent quelques témoins ayant plausiblement un rapport étroit avec divers assassinats potentiellement perpétrés par un ou des serial-killers. Au fil de leurs interrogatoires, chacun d'eux feint la vérité, de par leur responsabilité et complicité véreuse, quand bien même les agents tentent de démêler le vrai du faux.  


Jeu de massacre en roue libre auquel deux flics ripoux, un couple junkie et une famille sans histoire vont malencontreusement se croiser lors d'une prise d'otages de fortune, Surveillance déstructure les codes du thriller sous le pilier d'une intrigue reptilienne résolument poisseuse. Sans dévoiler ses tenants et aboutissants, la brillante réussite de Surveillance émane de son ossature narrative constamment imprévisible si bien que l'on se surprend des moult épisodes dramatiques enfantés par un concours de circonstances aléatoires. Alors qu'autour de ses personnages sévèrement mis à mal avec l'infortune, une fillette témoin de ses actes immoraux s'avéra plus apte et lucide à démasquer le ou les éventuels coupables. Jennifer Lynch prenant notamment malin plaisir à avilir l'innocence sous ce témoignage infantile taiseux et d'inverser les rôles pour mieux nous piéger (et déranger) quant à sa résolution criminelle faisant office de cadeau empoisonné. D'une intensité de prime abord sous-jacente tout en distillant scrupuleusement un climat malsain aussi bien étouffant que méphitique, Surveillance nous confine au cauchemar escarpé au sein d'une réalité quotidienne bafouée par une romance viciée.


Danse avec le diable.
Empruntant un humour noir aussi bien vitriolé que décalé pour imposer sa personnalité et s'extirper des conventions du thriller, Jennifer Lynch s'improvise en alchimiste licencieuse afin de mettre en exergue une descente aux enfers horrifique au travers d'odieux portraits livrés à leurs bas instincts. Déjanté, malsain et d'une violence crue parfois insupportable (notamment lors du final en apothéose où le morbide se dispute au fantasme lubrique), Surveillance demeure un objet de fascination diaboliquement immoral. Du grand art subversif si bien que je parachève pour notamment célébrer sa brillante distribution (et ce jusqu'aux moindres seconds-rôles!), les comédiens fêlés de tics névrosés s'en donnant à coeur joie dans la dépravation et la soumission. 
Pour Public averti.

Bruno Dussart
2èx

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