vendredi 28 juillet 2017

THE HOUSE ON SORORITY ROW

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site scopophiliamovieblog.com

de Mark Rosman. 1983. U.S.A. 1h35. Avec Kate McNeil, Eileen Davidson, Janis Ward, Robin Meloy, Harley Jane Kozak, Jodi Draigie, Ellen Dorsher

Sortie salles U.S: 21 Janvier 1983. Inédit en France.

FILMOGRAPHIE: Mark Rosman est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né en 1959. 1983: The House on Sorority Row. 1985: Alfred Hitchcock présente (Alfred Hitchcock Presents) (série télévisée). 1985 : The Blue Yonder (TV). 1986 : Capone Chien Gangster! (TV). 1994 : The Force. 1995 : Evolver. 1997 : Invasion Alien. 2000 : Grandeur nature (TV). 2000 : Mannequin d'un jour (TV). . 2004 : Comme Cendrillon. 2005 : L'Homme parfait. 2011 : Kate et William : Quand tout a commencé... (TV).


Un groupe d'étudiantes se réunissent dans une sororité afin de célébrer la fête de fin d'année. Mais la matriarche, propriétaire de la demeure, leur refuse illico de rester sur les lieux pour une éventuelle party. Les filles insolentes refusent de se laisser impressionner et se résignent à y séjourner. Mme Slater décide alors de se venger en provoquant un couple en coït. A leur tour, en guise de rancoeur, les étudiantes complotent une macabre mise en scène pour brimer la sexagénaire. Seulement, la mauvaise blague tourne au drame, celle-ci se noyant dans la piscine. Après avoir lesté le corps au fond du bassin, les filles entament leur fameuse party en compagnie de nombreux invités. Mais un mystérieux assassin rode aux alentours pour décimer un à un les responsables de la mort de Mme Slater.


Slasher oublié des années 80 quand bien même il fut injustement proscrit de nos salles hexagonales, The House on sorority row exploite son filon en vogue avec une certaine efficacité. Et ce en dépit d'une réalisation académique à la fois bricolée et maladroite, d'incohérences parfois grossières (l'étudiant lambda inexplicablement sacrifié, aucune des filles ne s'interroge à savoir qui aurait pu planquer le cadavre de Mme Slater dans le grenier !) et d'une interprétation timorée (même si on a connu bien pire pour le genre !). Pour autant, hormis tous ces défauts indiscutables et d'un schéma narratif usé jusqu'à la corde, ce petit psycho-killer parvient à distraire avec un charme et une sincérité qu'on ne retrouve plus dans nos productions contemporaines. La bonne idée de départ est de nous caractériser les futures victimes comme les coupables d'un meurtre accidentel ayant mal tourné. Ensemble, et d'un commun accord, elles décident de se débarrasser du cadavre sans en avertir la police, et ce en dépit de la réticence de certaines. Sournoises et véreuses mais rongées par le remord à l'exception de la responsable du crime, ces dernières parviennent à nous confronter à leur désarroi de s'être adonnées à un compromis aussi machiavélique.


Quand bien même le fantôme de Mme Slater pourrait sévir aux alentours après y avoir déplacer son corps à plusieurs reprises ! Nanti d'une photo saturée et d'une ambiance parfois disco lors d'une party nocturne, The house on sorority row laisse planer le mystère en la présence d'un tueur aussi invisible qu'invincible dont on devine toutefois assez rapidement l'identité si je me réfère à son prologue implicite. Pour autant, le suspense et la tension, aussi chétifs soient-ils, parviennent à faire leur petit effet lors de séquences d'angoisses et exactions morbides parfois percutantes ou envoûtantes. A l'instar de cette idée astucieuse de nous duper sur l'éventuel meurtre d'une future victime par le biais deux proies séparées à proximité d'un cimetière. Seulement, cette séquence trop furtive s'avère mal exploitée pour la résultante de son effet de surprise dénué d'intensité et de terreur. On se réconfortera néanmoins vers son final haletant distillant une atmosphère onirique plutôt palpable lorsque l'unique survivante se retrouve confinée dans la demeure parmi le soutien d'un praticien et du tueur masqué. Et si l'héroïne peu finaude manque de conviction dans sa posture effarouchée, on se prête toutefois au jeu de son appréhension lors d'une partie de cache-cache assez inventive dans l'exploitation des décors domestiques et l'apparition finale du tueur.


Psycho-killer mineur des années 80 émaillé de couacs et de maladresses, The house on Sorority row n'en demeure pas moins ludique et sympathique dans son intégrité d'exploiter un efficace suspense sous le pivot d'une atmosphère horrifico-onirique gentiment prégnante. A (re)découvrir ! 

Dédicace à Célina Trinci
Bruno Matéï
28/07/17. 2èx
11/05/11 (190 vues)

jeudi 27 juillet 2017

HOWARD LE CANARD

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineclap.free.fr

"Howard the Duck" de Willard Huyck. 1986. U.S.A. 1h50. Avec Lea Thompson, Jeffrey Jones, Tim Robbins, Ed Gale, Chip Zien, Timothy M. Rose.

Sortie salles France: 10 Décembre 1986. U.S: 1er Août 1986

FILMOGRAPHIEWillard Huyck (né le 8 septembre 1945) est un scénariste, réalisateur et producteur américain. 1986: Howard... une nouvelle race de héros. 1984 Une défense canon. 1979 French Postcards. 1973 Messiah of Evil.


D'après le Comics Marvel éponyme créé par Steve Gerber et Val Mayerik, Howard the Duck est considéré comme l'un des plus gros échecs de l'histoire du cinéma au moment de remporter les pires Razzie Awards l'année même de sa sortie. Produit par Georges Lucas pour un budget avoisinant 30 millions de dollars, il n'en rapporte que 9 au grand dam du créateur de Star Wars. Véritable aberration filmique sortie tout droit d'une 4è dimension, Howard le canard est un nanar cosmique aussi impayable que lourdingue. Nanti d'un rythme folingue au travers de séquences d'actions homériques (trucages fluos en sus sans doute inspirés de S.O.S Fantômes !), de blagues de comptoir, d'allusions salaces (!?) et de gags infantiles conçus pour les - de 10 ans, ce divertissement familial parvient autant à amuser qu'à agacer un spectateur déconcerté par tant d'inepties. Le pitch à lui tout seul semble avoir été procréé par un cerveau déficient ! Jugez en !


De sa planète lointaine, un canard humanoïde est subitement projeté vers la terre par une masse énergétique expérimentée par un scientifique. Sur place, il fait la rencontre amicale d'une jeune rockeuse prête à l'adopter, quand bien même notre éminent scientifique (incarné par l'excellent Jeffrey Jones - la Folle journée de Ferris Bueller - !) poursuit ses expériences à l'aide de son spectroscope. Mais il libère incidemment un méchant monstre issue de la planète Sominus. Dès lors, ce dernier habité dans le corps du scientifique sème la panique dans New-york alors qu'Howard s'évertuera à l'éradiquer de sa petite taille véloce. Mouvementé car riche en péripéties et catastrophes en roue libre (la pagaille dans le bar, l'échappée vertigineuse en ULM !), Howard le canard parvient tout de même amuser la galerie sous l'impulsion d'un preux canard doué de parole et de deux terriens que campent fougueusement la sémillante et sexy Léa Thompson et le grand dadais Tim Robbins à ses prémices d'acteur (bien qu'il s'agisse de sa 6è apparition à l'écran). Ce dernier se fondant dans la peau d'un novice scientifique avec un jeu outré d'olibrius intarissable. Le trio aussi bien attachant que crétin dans leurs bravoures de survie parvenant in extremis à nous divertir, notamment grâce à leur esprit (naïf) de cohésion fraternelle.


Nanar de luxe où se disputent dans un foutoir disproportionné gags potaches (souvent ridicules) et pyrotechnies parfois impressionnantes (FX assez convaincants à l'appui !), Howard le canard risque de rendre une partie de son public cyclothymique à la vue de cet ovni atypique ne sachant sur quel pied danser (tel ce fameux final avec l'intrusion d'une gigantesque créature conçue en Animatronic !). Il faut le voir pour le croire, pour le meilleur et pour le pire ! 

Bruno Matéï2èx

mercredi 26 juillet 2017

THE BIG LEBOWSKI

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de Joel Coen et Ethan Cohen (non crédité). 1998. U.S.A/Angleterre. 1h57. Avec Jeff Bridges, John Goodman, Julianne Moore, Steve Buscemi, David Huddleston, Philip Seymour Hoffman, Peter Stormare, Flea, Torsten Voges, Tara Reid, John Turturro, Sam Elliott, Ben Gazzara, Leon Russom, David Thewlis.

Sortie salles France: 22 Avril 1998. U.S: 6 Mars 1998

FILMOGRAPHIE: Joel Coen (né le 29 novembre 1954) et Ethan Coen (né le 21 Septembre 1957) sont deux frères réalisateurs, scénaristes, monteurs, acteurs et producteurs américains.
1984: Sang pour Sang, 1987: Arizona Junior, 1990: Miller's Crossing, 1991: Barton Fink, 1994: Le Grand Saut, 1996: Fargo, 1998: The Big Lebowski, 2000: O'Brother, 2001: The Barber, 2003: Intolérable Cruauté, 2004: Ladykillers, 2006: Paris, je t'aime (tuileries), 2007: No country for old men, Chacun son cinéma (sktech: world cinema), 2008: Burn After Reading, 2009: A Serious Man, 2010: True Grit. 2013 : Inside Llewyn Davis. 2016 : Ave, César !


Considéré quelques années après sa sortie comme une oeuvre culte des nineties, The Big Lebowski n'a pas usurpé cette réputation tant le divertissement purement récréatif confectionné par les Cohen s'avère aussi atypique que diablement réjouissant. Adoptant comme argument une classique histoire de kidnapping hérité d'un polar des années 50, The Big Lebowski tire parti de son charme et de sa ferveur grâce à sa distribution pétulante (on y croise Jeff Bridges, John Goodman, Julianne Moore, Steve Buscemi, Philip Seymour Hoffman, John Turturro, Sam Elliott et Ben Gazzara) et à la disparité des genres (comédie et polar) portés en dérision sous la caméra toujours aussi inventive des frères Cohen. Ces derniers rivalisant d'idées folingues pour pimenter leur récit à travers un cheminement de quiproquos, péripéties et déconvenues jamais à court de carburant !


Et afin de rendre l'aventure plus exaltante et chimérique et de porter en édifice leur amour du 7è art, les Cohen y intercalent quelques séquences onirico-baroques particulièrement stylisées (à l'instar des évanouissements du Duc s'adonnant à ses fantasmes après avoir été corrigé par ses ennemis). Et Dieu sait si notre luron accumule les emmerdes et bévues après avoir tenté d'arnaquer le notable Jeffrey Lebowski d'une rançon d'1 million de dollars. La femme de ce dernier ayant été kidnappée par de mystérieux malfrats, le Duc aura été désigné comme intermédiaire afin de démarcher leur transaction. Conçu à la manière d'un trip hilarant sous les ressorts peu communs de l'oisiveté et du jeu du bowling, The Big Lebowski baigne dans la décontraction la plus totale (pour ne pas dire la "cool attitude" !) autour d'un trio de losers aussi bonnards qu'empotés. Outre la composition déjantée d'un John Goodman pétri d'exubérances et réparties pédantes, et la présence cinglante d'un John Turturro génialement hilarant en bowler mafieux pourvu d'un pyjama violet, Jeff Bridges rafle la mise dans celui du tire-au-flanc insouciant adepte d'un alcool fétiche, le "Russe blanc" ! D'ailleurs, après la projo, on serait bougrement tenter de lui voler la recette !


Comédie festive et tonique truffée de rebondissements et de partitions rock sous l'impulsion débridée de comédiens fringants, The Big Lebowski constitue une bouffée d'air frais au sein du paysage morose du cinéma conventionnel, voir aussi auteurisant. Les réalisateurs se permettant avec sincérité et avec une certaine émotion (notamment ce final poignant iconisant le personnage du Duc !) de prôner les bienfaits de la flânerie par le principe d'une insouciance libertaire. En somme, faites ce que bon vous semble en vous rappelant incessamment que nous n'avons qu'une vie, aussi impermanente soit-elle ! 

Eric Binford.
2èx

mardi 25 juillet 2017

TIMECRIMES. Prix du Meilleur Inédit Video, Gerardmer 2009.

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site mjyoung.net

"Los cronocrímenes" de Nacho Vigalondo. 2007. Espagne. 1h35. Avec Karra Elejalde, Candela Fernández, Bárbara Goenaga, Nacho Vigalondo, Juan Inciarte.

Sortie Dtv France: 17 juin 2009. Espagne: 27 Juin 2008

FILMOGRAPHIENacho Vigalondo est un réalisateur et scénariste espagnol né le 6 avril 1977 à Cabezón de la Sal. 2007: Timecrimes. 2011: Extraterrestre. 2013: Open Windows. 2017: Colossal


Premier essai du débutant Nacho Vigalondo particulièrement remarqué à Fantastic Fest et à Gérardmer d'où il remporte le Prix du meilleur inédit Video, Timecrimes exploite le thème du voyage temporel sous le pivot machiavélique du subterfuge. L'intrigue gigogne étant conçue à la manière d'un puzzle à résoudre autour de trois mêmes personnages contraints de se chasser-croiser afin de réparer leur tort ainsi qu'un malencontreux incident mortel. Assis sur le hamac dans son jardin après avoir reçu un mystérieux appel téléphonique, Hector aperçoit de ses jumelles une jeune fille dévêtue à proximité des bois. Désireux d'en savoir un peu plus, il s'enfonce dans la forêt mais est salement amoché au bras à la suite d'un coup de ciseaux perpétré par un individu bandé. Durant sa fuite, il trouve refuge dans un étrange laboratoire dirigé par un scientifique lui offrant son hospitalité. Mais sa vie va soudainement basculer et adopter une tournure ingérable lors d'un concours de circonstances temporelles pernicieuses. A la fois jubilatoire et constamment inquiétant et haletant, Timecrimes cultive un sens acéré de la surprise par le truchement d'un sombre récit riche en déconvenues, simulacres et rebondissements. Et ce sous l'impulsion d'une victime malgré elle destinée à retourner dans le passé afin de le rendre rationnel et retrouver sa paix intérieure. Essentiellement endossé par quatre comédiens natifs d'Espagne, Timecrimes renforce d'autant plus son caractère crédible par leur identité méconnue dans l'hexagone. Se glissant sobrement dans la peau de victimes et assaillants aussi bien empotés qu'infortunés, ces derniers redoublent pour autant d'audace, de vaillance, d'hypocrisie et de trahison afin de remporter la mise lors d'une épreuve de force vertigineuse.


L'ennemi est en nous ! 
Jeu d'apparences biaisées et du chat et de la souris conduit avec une efficacité optimale, de par l'habileté d'une mise en scène plutôt inventive, son sens de dérision sous-jacent et surtout ses péripéties impromptues en roue libre (l'intrigue nous éclaircissant toujours un peu mieux au fil des investigations dédoublées d'Hector !), Timecrimes sème doute et confusion afin de mieux nous surprendre l'instant d'après. Les va-et-vient récurrents (et chaotiques) de notre victime temporelle en quête de rédemption cultivant au cours de ses stratégies un fétide survival d'une cruauté finalement amorale ! Une perle du genre, satire retorse sur la personnalité bicéphale de l'homme victime de son ego et de sa nature sournoise.  

Bruno Matéï
2èx

Récompenses: 2007 : prix du public à Fantastic Fest
2007 : Grand prix du jury à Fantastic Fest
2009 : Prix du meilleur inédit vidéo à Fantastic'Arts 2009

vendredi 14 juillet 2017

TOXIC AVENGER

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site avoir-alire.com

"Toxic / The Toxic Avenger" de Lloyd Kaufman et Michael Herz. 1984. U.S.A. 1h22. Avec Mitch Cohen, Mark Torgl, Andree Maranda, Pat Ryan Jr., Dan Snow, Gary Schneider, Cindy Manion

Sortie salles France: 29 mai 1985. U.S: 11 avril 1986

FILMOGRAPHIE: Lloyd Kaufman (né Stanley Lloyd Kaufman Jr. le 30 décembre 1945) est un réalisateur, producteur et acteur de cinéma underground et indépendant américain. 2017: Return to Return to Nuke 'Em High Aka Vol. 2. 2016 Grindsploitation. 2013 Return to Nuke 'Em High Volume
1. 2006 Poultrygeist: Night of the Chicken Dead. 2006 Debbie Rochon Confidential: My Years in Tromaville Exposed! (Video). 2004 Tales from the Crapper (Video) (non crédité). 2000 Citizen Toxie: The Toxic Avenger IV. 1999 Terror Firmer. 1996 Tromeo and Juliet. 1990 Sgt. Kabukiman N.Y.P.D. 1989 The Toxic Avenger Part III: The Last Temptation of Toxie. 1989 The Toxic Avenger Part II. 1988 Troma's War (as Samuel Weil). 1986 Atomic College (as Samuel Weil). 1984 Toxic (as Samuel Weil). 1983 The First Turn-On!! (as Samuel Weill). 1982 Stuck on You ! (as Samuel Weil). 1981: Waitress! (as Samuel Weil). 1979 Squeeze Play (as Samuel Weil). 1978 The Fur Trap. 1977 My Sex-Rated Wife (as David Stitt).1977 Exploring Young Girls (as David Stitt). 1976 Les Nympho Teens (as David Stitt). 1976 The Divine Obsession (as Louis Su). 1974 Sweet & Sour (as H.V. Spyder). 1973 The New Comers (as Louis Su). 1973 Ha-Balash Ha'Amitz Shvartz (non crédité). 1971 The Battle of Love's Return. 1969 The Girl Who Returned.


Film culte de la génération 80 considéré à juste titre comme l'un des plus réussis de la firme Troma, The Toxic Avenger est l'idéal trait d'union entre la parodie de films de super-héros et la série Z horrifique sous couvert de gags potaches bas de plafond. Car grotesque et ridicule de par son intrigue nonsensique truffée d'incohérences et de personnages cintrés littéralement erratiques, The Toxic Avenger est une immense farce de comptoir où la débilité règne en maître ! Lloyd Kaufman et Michael Herz assumant fièrement leur délire sardonique dans un esprit BD salement incorrect. Certaines séquences plutôt trash empruntant l'itinéraire du mauvais goût (le gosse écrabouillé à deux reprises par une voiture, la mamie violemment tabassée par deux malfrats assoiffés de haine, le clébard flingué à bout portant !) avec une dérision vitriolée risquant de faire grincer les dents aux non initiés. Employé déficient dans un club de musculation, Melville tombe dans un baril de déchets toxiques à la suite d'une mauvaise blague infligée par sa clientèle. Défiguré et pourvu d'une force surhumaine, il devient le vengeur toxique en combattant le crime impuni ainsi que les responsables de sa mutation. Désigné par la population de Tromaville comme un super-héros redresseur de tort, il est toutefois dénigré par le maire véreux de la ville avec l'appui de quelques policiers prêts à endiguer ses exactions héroïques. Le vengeur toxique trucidant ses victimes avec une violence aussi décomplexée que généreusement sadique ! 


Baignant constamment dans une ambiance débridée de gore festif, d'humour crétin et d'action explosive, The Toxic Avenger distille une insolence effrontée en la présence volontairement grotesque d'un super-héros aussi bien fétide qu'attachant. Sa défroque insalubre, sa tête de plouc tuméfié et son caractère altruiste nous invoquant la sympathie à préserver la vie d'innocents dans un déluge d'ultra violence où le gore inventif ne connait aucune limite. Les effets spéciaux artisanaux s'avérant d'autre part réussis afin d'exacerber son réalisme grand-guignolesque. Qui plus est, la romance de Toxic entamée avec une jeune aveugle au sein d'une cabane de fortune cultive des scènes intimistes volontairement mielleuses mais plaisamment potaches. Quand bien même, afin de relancer l'enjeu d'une action plutôt redondante, les auteurs se permettent d'évoquer en filigrane une réflexion sur les effets pervers de la vendetta meurtrière lorsque Toxic s'adonne à une exaction gratuite auprès d'une victime (faussement) innocente ! Toujours aussi irrévérencieux et imprégné de mauvais goût, le final pittoresque perdure les situations improbables avec l'intrusion massive de l'armée prête à y sacrifier notre vengeur depuis l'audace imbitable de son crime gratuit ! Spoiler ! Mais pour autant, tout rentrera dans l'ordre avec un esprit bon enfant de happy-end salvateur lorsque la populace osera s'y interposer afin de sauver leur super-héros injustement incriminé à la suite d'une intox ! Fin du Spoiler.


D'une crétinerie en roue libre par son humour décérébré qu'expriment nos personnages fantasques; frais, généreux et transgressif par son déploiement d'ultra-violence gore, The Toxic Avenger ne peut que ravir les fans incorrigibles de "nanar" dans sa facture de BD marginale fièrement triviale et grotesque mais profondément décalée. 

Eric Binford.
3èx

jeudi 13 juillet 2017

DR JEKYLL ET LES FEMMES. Prix du Meilleur réalisateur, Catalogne 81.

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site therockyhorrorcriticshow.com

"L'Etrange cas du Dr Jekyll et Miss Osbourne" de Walerian Borowczyk. 1981. France, Allemagne, Angleterre. 1h31. Avec Udo Kier, Marina Pierro, Patrick Magee, Gérard Zalcberg, Howard Vernon, Clément Harari.

Sortie salles France: 17 Juin 1981 (Int - 18 ans). U.S: Inédit en salles.

FILMOGRAPHIE: Walerian Borowczyk est un cinéaste et plasticien polonais né le 2 septembre 1923 à Kwilcz, près de Poznań (Pologne), mort le 3 février 2006 au Vésinet en région parisienne.
1967 : Le Théâtre de monsieur et madame Kabal. 1968 : Goto, l'île d'amour. 1971 : Blanche. 1974 : Contes immoraux. 1975 : L'Histoire du péché. 1975 : La Bête. 1976 : La Marge. 1977 : Intérieur d'un couvent. 1979 : Les Héroïnes du mal. 1979 : Collections privées. 1980 : Lulu. 1981 : Docteur Jekyll et les femmes. 1983 : L'Art d'aimer. 1987 : Emmanuelle 5. 1988 : Cérémonie d'amour


Repéré chez les vidéophiles lors de son exploitation Vhs sous l'étendard suprême d'Hollywood Video, Dr Jekyll et les Femmes est une aberration filmique comme il y en a peu dans le paysage horrifique. Déjà impressionné et curieux de l'aspect glaçant de sa bande-annonce monocorde uniquement conçue sur des "arrêts sur image" (plans érotico-gores s'enchaînant par des fondus enchaînés !), les fans du genre s'étaient empressés de le louer afin de découvrir ce que renferme au final l'éventuel objet sulfureux inspiré du roman de Stevenson. Ou plutôt d'une ébauche que l'écrivain dû sacrifier sous le joug de son épouse Fanny Van de Grift considérant son oeuvre comme insipide. C'est donc de cette version invisible que Borowczyk s'efforce de mettre en images à renfort de sexe et de sang (le film étant d'ailleurs interdit aux - de 18 ans lors de sa sortie). A mi-chemin entre le film d'auteur et la série B provocatrice, Dr jekyll et les Femmes nous transfigure une descente aux enfers singulière si bien qu'il s'agit aisément de l'adaptation la plus malsaine, la plus dérangeante et la plus insaisissable qu'on ait pu voir sur pellicule.


D'une simplicité triviale, le récit plutôt redondant nous dépeint la nuit de cauchemar que subiront les hôtes aristocrates du Dr Jekyll au sein de sa demeure tentaculaire. Pour cause, un maniaque sexuel sévit à proximité depuis la découverte d'une fillette battue à mort (le prologue s'avérant déjà particulièrement malsain par sa violence rugueuse et ce en dépit du hors-champs !). Un par un, ils vont périr sous les sévices de l'énigmatique Edouard Hyde quand bien même la fiancée de celui-ci observe ses exactions avec troublante fascination. Endossé par une poignée d'illustres seconds couteaux bien connus des amateurs de Bis (Udo Kier - Du sang pour Dracula - , Marina Pierro - La Morte-vivante -, Patrick Magee - Le Chat Noir - , Gérard Zalcberg - les Prédateurs de la Nuit -, Howard Vernon - l'Horrible Dr Orlof -, Clément Harari - Inspecteur Labavure, excusez du peu !), Dr Jekyll et les Femmes distille une atmosphère sensiblement fétide au sein d'une unité de temps et de lieu exiguë. Saturé d'une incroyable partition dissonante aussi bien envoûtante que vénéneuse, la mise en scène auteurisante de Borowczyk s'approprie de cadrages alambiqués sous une splendide photo ouatée parfois émaillée d'éclairages d'un onirisme azur. Expérimental dans sa recherche stylisée et son parti-pris provocateur de mettre en exergue de saisissantes images scabreuses parfois à la limite de la pornographie, Dr Jekyll et les Femmes se vit comme un cauchemar halluciné explosant les frontières de la réalité. Les acteurs outranciers, car possédés par la soumission et la domination, s'en donnant de bon train dans les expressions théâtrales et le mimétisme effarouché.


Déliquescence morale de la haute société
Résolument baroque (notamment l'impensable métamorphose de Jekyll dans sa baignoire impure !) et visuellement splendide au sein de décors gothiques tantôt sensuels, tantôt inquiétants, Dr Jekyll et les Femmes se dispense de moralité pour mettre en exergue la folle étreinte amoureuse d'amants maudits submergés par la fascination du meurtre et de la perversion sexuelle (et ce jusqu'au vampirisme, à moins d'y évoquer une certaine forme de cannibalisme). Il en émane une oeuvre hybride ineffable, une expérience érotico-horrifique aussi charnelle que diaphane au risque de diviser l'opinion peu enclin à apprivoiser un délire aussi inconfortable, méphitique et austère. Mais pour les fans de curiosité malsaine inscrite dans un surréalisme indicible, Dr Jekyll et les femmes s'avère difficilement oubliable sitôt le générique mutique écoulé ! 
Pour Public averti

Dédicace à Isabelle Rocton
Eric Binford.
2èx

Récompense: Prix du Meilleur réalisateur lors du Festival international du film de Catalogne en 1981.

mercredi 12 juillet 2017

SEX ADDICT / BAD BIOLOGY

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemur.f

"Bad Biology" de Frank Hennenlotter. 2008. U.S.A. 1h25. Avec Charlee Danielson, Anthony Sneed, Krista Ayne, Jelena Jensen.

Sortie Dvd France: 18 Août 2009. U.S (dvd): 26 Janvier 2010

FILMOGRAPHIE: Frank Henenlotter est un réalisateur américain né le 29 août 1950 à New-York. 1982: Frères de sang. 1988: Elmer, le remue-méninges. 1990: Frères de sang 2. 1990: Frankenhooker. 1992: Frères de Sang 3. 2008: Sex Addict.


16 ans après Frères de sang 3, Frank Henenlotter nous revient plus vigoureux et fringant que jamais avec Bad Biology, vulgairement titré chez nous Sex Addict. Si avec Frères de sang 2 et 3 il n'a pas su se renouveler pour renouer avec ses antécédentes réussites (son 1er coup d'essai cultissime, Elmer et à moindre échelle Frankenhooker), Frank Henenlotter semble avoir rajeuni de 16 ans (c'est le nombre d'années séparant Frères de sang 3 de ce dernier projet) tant celui-ci retrouve sa verve (les dialogues débridés fusent tous azimuts !), sa causticité et son talent inné de transgresseur à travers le thème sulfureux de l'addiction sexuelle. Une jeune nymphomane, vraie mutante constituée de 7 clitoris, multiplie les rencontres d'un soir à une cadence infernale jusqu'au jour où elle entrevoit l'immense orgasme d'une prostituée perpétrée par un célibataire aussi érotomane. Sauf que ce dernier s'efforce pour autant de calmer la libido de son pénis de taille disproportionnée en le gavant de psychotropes. C'est le début d'une descente aux enfers que nos amants vont indépendamment se partager (le récit étant scindé en deux parties afin d'émettre ensuite un parallèle avec leurs journaux intimes) avant de se réunir pour transcender un commun orgasme.   


Méga trip libidineux résolument dévergondé, film monstre aussi mal élevé qu'immoral (les nouveaux-nés jetés dans les poubelles, son final horrifique faisant écho à Frères de sang, et plus reconnaissable, Elmer !) que notre réalisateur underground dépeint avec une dérision corrosive, Bad Biology alterne cocasserie et dégoût viscéral sous le pilier de situations surréalistes à la fois scabreuses et incongrues. Et ce en dépit d'une intrigue linéaire dénuée de surprises à l'exception de son final orgasmique aussi déjanté que grotesque. Baignant comme de coutume dans le mauvais goût, la provocation et la subversion à renfort d'érotisme à mi-chemin de la pornographie, Bad Biology y enfante une immense farce sur l'emprise sexuelle au travers de scènes anthologiques (aaahh cet orgasme féminin que l'on peut sans réserve considérer comme le plus long et vertigineux de l'histoire du cinéma !) que vous ne serez pas prêts d'oublier ! Car véritable ovni atypique émanant d'un esprit tordu mais lestement sarcastique, Bad Biology cumule les insolences salaces sous l'impulsion de comédiens extraverties s'en donnant à coeur joie dans les ultra-jouissances corporelles. Tant et si bien que le récit irrésistiblement fantaisiste n'est qu'un florilège de situations outrancières par le biais de la masturbation et des orgasmes en rut.


Satire au vitriol sur la dépendance sexuelle illustrant par l'occasion le pénis le plus monstrueux du cinéma, Bad Biology joue la carte de la provocation épicurienne dans un esprit second degré aussi bien décapant que décalé. Marque de fabrique d'un des maîtres du cinéma underground aujourd'hui plus pétulant et juvénile que jamais ! 
Pour public averti

Bruno Matéï
2èx

mardi 11 juillet 2017

ATOMIC COLLEGE

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Class of Nuke 'Em High" de Richard W. Haines, Michael Herz et Lloyd Kaufman. 1986. 1h23. Avec Janelle Brady, Gil Brenton, Robert Prichard, Pat Ryan, James Nugent Vernon, Brad Dunker, Gary Schneider.

Sortie salles France: 3 Juin 1987. U.S: 12 Décembre 1986

FILMOGRAPHIE: Lloyd Kaufman (né Stanley Lloyd Kaufman Jr. le 30 décembre 1945) est un réalisateur, producteur et acteur de cinéma underground et indépendant américain. 2017: Return to Return to Nuke 'Em High Aka Vol. 2. 2016 Grindsploitation. 2013 Return to Nuke 'Em High Volume
1. 2006 Poultrygeist: Night of the Chicken Dead. 2006 Debbie Rochon Confidential: My Years in Tromaville Exposed! (Video). 2004 Tales from the Crapper (Video) (non crédité). 2000 Citizen Toxie: The Toxic Avenger IV. 1999 Terror Firmer. 1996 Tromeo and Juliet. 1990 Sgt. Kabukiman N.Y.P.D. 1989 The Toxic Avenger Part III: The Last Temptation of Toxie. 1989 The Toxic Avenger Part II. 1988 Troma's War (as Samuel Weil). 1986 Atomic College (as Samuel Weil). 1984 Toxic (as Samuel Weil). 1983 The First Turn-On!! (as Samuel Weill). 1982 Stuck on You ! (as Samuel Weil). 1981: Waitress! (as Samuel Weil). 1979 Squeeze Play (as Samuel Weil). 1978 The Fur Trap. 1977 My Sex-Rated Wife (as David Stitt).1977 Exploring Young Girls (as David Stitt). 1976 Les Nympho Teens (as David Stitt). 1976 The Divine Obsession (as Louis Su). 1974 Sweet & Sour (as H.V. Spyder). 1973 The New Comers (as Louis Su). 1973 Ha-Balash Ha'Amitz Shvartz (non crédité). 1971 The Battle of Love's Return. 1969 The Girl Who Returned.


Troma: office de la contre-culture
Film culte des années 80 au même titre que son homologue Toxic avenger, Atomic College demeure également le cartoon vitriolé de tous les excès. Baignant dans une insolence résolument décomplexée sous l'impulsion de protagonistes extravagants aussi bien fêlés qu'écervelés, Atomic College conjugue humour bas d'plafond et gore débridé à un rythme échevelé ! Le pitch d'une rare trivialité tournant autour de la rivalité d'une bande de punks, anciens élèves du lycée de Tromaville, contre l'autorité d'enseignants et d'étudiants les plus entêtés. A la suite d'une fuite radioactive d'une centrale nucléaire située à proximité de leur établissement scolaire, certains d'eux se transforment en mutants et sombrent dans une folie meurtrière. Toutefois, légèrement contaminés par les effets radioactifs d'un joint, un jeune couple tente de s'opposer à la bande lors de règlements de compte ultra-violents.


Dès lors, dans une ambiance électrique d'hyper tension et d'incidents meurtriers, élèves et délinquants se confrontent au moment même où un monstre né des conséquences de la radioactivité est sur le point d'éclore. Rustre, bête et méchant (le passage à tabac d'une vieille dame !) et déjanté comme de coutume chez la Firme Troma, Atomic College reprend à peu de choses près les ingrédients salaces et gorasses de Toxic Avenger avec une alchimie plus ou moins égale. Et ce en dépit d'un cheminement narratif foutraque truffé d'invraisemblances et d'incohérences mais pour autant transcendé d'un débordement de situations toutes plus folingues et hilarantes les unes que les autres. Et ce avec l'appui d'un montage ultra dynamique et d'une partition rock de seconde zone où son thème entêtant ("Nuke 'Em High" !) s'impose avec une plaisante métronomie ! Car si Atomic College empile sans modération des gags acnéens enfantés par un cerveau déficient, l'ambiance survoltée de bonne humeur que les acteurs parviennent outrancièrement à exprimer et surtout l'inventivité des séquences gores rehaussées d'FX en latex plutôt adroits parviennent à nous galvaniser par leur énergie récréative !


100% pur jus de culte chez la centrale Tromaville ! 
Teen movie horrifico-potache à la croisée de Class 84 (notamment ce final explosif où nos méchants punks kidnappent la fille du héros afin de l'entraîner dans les sous-sols du lycée !) et de Toxic Avenger (les lycéens se transformant en super mutants alors qu'un monstre visqueux est sur le point de les déglutir !), Atomic College affiche un "politiquement incorrect" en roue libre sous une facture polychrome de bande dessinée viciée. A revoir illico avec un attendrissant sourire de sale gosse ! 

Bruno Matéï
4èx

lundi 10 juillet 2017

THE LOST CITY OF Z

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de James Gray. 2016. U.S.A. 2h21. Avec Charlie Hunnam, Robert Pattinson, Sienna Miller, Tom Holland, Angus MacFadyen, Edward Ashley, Nicholas Agnew, Ian McDiarmid.

Sortie salles France: 15 Mars 2017. U.S: 21 Avril 2017

FILMOGRAPHIE: James Gray est un réalisateur, scénariste et producteur américain né à New York en 1969. 1994 : Little Odessa. 2000 : The Yards. 2007 : La nuit nous appartient. 2008 : Two Lovers. 2013 : The Immigrant. 2016 : The Lost City of Z.


D'après l'histoire vraie de l'explorateur anglais Percy Fawcett délibéré durant toute sa vie à retrouver les traces d'une éventuelle cité d'or au coeur de la forêt amazonienne, The Lost city of Z renoue avec le souffle épique et romanesque des récits d'aventures les plus authentiques. Car riche d'une intensité émotionnelle parfois bouleversante au travers de séquences intimistes sans fard, James Gray semble touché par la grâce d'avoir aussi majestueusement narré (structure limpide en sus) cette incroyable épopée humaine prônant les thèmes des valeurs familiales, du courage, de l'espoir, du dépassement de la peur, de l'obsession, du sens de l'amitié (les rapports indéfectibles entre Percy et ses 2 comparses) et de la tolérance envers les ethnies sauvages discréditées ou parfois exploitées à l'esclavage chez l'homme blanc.


D'une ampleur visuelle à couper le souffle au sein de vastes décors naturels hostiles (extérieurs tournés en Colombie) confrontant l'homme à une survie suicidaire (rations précaires d'eau et de nourriture, maladies, affronts meurtriers de tribus indigènes à proximité des fleuves, faune sauvage à l'affût), The Lost city of Z nous oriente vers un voyage mystique (son final évocateur faisant appel à une idéologie spirituelle) sous l'autorité inflexible de Percy Fawcett. Un explorateur érudit et patriotique pétri de valeurs, de sens du devoir et en avance sur son temps quant à sa morale imputée à l'égalité des sexes et au racisme que l'acteur Charlie Hunnam endosse avec noble sobriété. Cette foi furibarde et désespérée de sillonner sa cité perdue, son endurance de poursuivre sans relâche cet Eldorado durant plusieurs décennies nous invoque stupeur et dignité par son courage physique, sa force de caractère, sa résilience de longue haleine, et ce en dépit des sacrifices qu'il est contraint de s'imposer auprès de sa fonction parentale. Car partagé entre le sens du devoir familial et sa passion professionnelle, ce dernier pour autant révérencieux et compréhensif aura tout de même l'aubaine de se confronter à une épouse aussi humaine car d'autant plus patiente, optimiste et tolérante en dépit de son désarroi affectif et de sa crainte du trépas. Là aussi James Gray dresse l'honorable profil d'une femme fidèle privilégiant au final l'entreprise héroïque de son époux, l'actrice Sienna Miller l'incarnant avec une juste discrétion, entre force d'esprit, franchise et élégance épurée.


En terre inconnue
Passionnant et subtilement envoûtant en dépit d'un début gentiment placide prenant son temps à exposer sa trame, The lost city of Z est un grand moment de cinéma sous l'oeil avisé de l'éminent James Gray maîtrisant la puissance de son récit sous une fulgurance visuelle tangible. Magnifique portrait d'un destin aventurier, progressiste avant-coureur dont la raison de vie n'était que de changer l'avenir et y imposer sa signature afin de confronter l'évolution du monde aux civilisations inconnues, The Lost city of Z demeure une flamboyante épopée humaine derrière une rage de vaincre l'échec, et ce quitte à en sacrifier son destin. D'une sensibilité jamais démonstrative émane un chef-d'oeuvre humble où son intensité dramatique nous bouleverse sans nous prévenir, et ce pour nous transformer psychologiquement parlant. 

Bruno Dussart

vendredi 7 juillet 2017

LES SORCIERES / PACTE AVEC LE DIABLE

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site priceminister.com

"The Witches" de Cyril Frankel. 1966. Angleterre. 1h31. Avec Joan Fontaine, Kay Walsh, Alec McCowen, Ann BellAnn Bell, Ingrid Boulting, John Collin, Michele Dotrice.

Sortie salles Angleterre: 9 Décembre 1966. U.S: Février 1967. Inédit en salles en France

FILMOGRAPHIE: Cyril Frankel est un réalisateur anglais né le 28 décembre 1921 à Stoke Newington en Londres. 1950 : Explorers of the depths. 1950 : Eagles of the fleet. 1951 : Wing to wing. 1953 : The nutcracker. 1953 : Man of africa (documentaire). 1954 : Make me an offer. 1955 : It's great to be youg. 1957 : No time for tears. 1958 : She didn't say no! 1958 : Alive and kicking. 1960 : Scheidungsgrund : Liebe. 1960 : Never take sweets from a stranger. 1960 : School for scoundrels. 1961 : Don't bother to knock. 1961 : On the fiddle. 1963 : The very edge. 1966 : Pacte avec le diable. 1967 : The trygon factor. 1975 : La Trahison. 1990 : Eine frau namens Harry.


Perle de la Hammer méconnue en France si bien qu'elle resta inédite en salles si je ne m'abuse, les Sorcières préfigure avec 2 ans d'avance le chef-d'oeuvre de Roman Polanski, Rosemary's Baby. De par son parti-pris de dépoussiérer le thème de la sorcellerie dans un cadre contemporain et son sens suggéré d'exploiter appréhension et paranoïa de la victime sans outrance grand-guignolesque. Et ce en dépit de sa dernière partie autrement vrillée lors des incroyables séances de sabbat incantées autour de fanatiques transis d'émoi. Fascinant et délirant, ce dénouement horrifique vaut son pesant de cacahuètes par son illustration flamboyante et l'audace de quelques situations scabreuses si j'ose dire, notamment si on se réfère à l'époque dans lequel le film fut conçu (la mélasse comparable aux excréments que se partagent goulûment chaque fidèle provoque un dégoût viscéral !). Après avoir été agressée par une expérience vaudou lors d'une mission en Afrique, Gwen Mayfield retourne dans son pays anglais pour y exercer un nouveau poste d'institutrice. Fraîchement débarquée au sein du petit village de Cornouailles, celle-ci est rapidement contrainte de s'inquiéter de la relation amoureuse de deux adolescents que les habitants pointent du doigt avec médisance


Suspense horrifique charpenté par le truchement d'une ossature narrative soigneusement contée, Les Sorcières joue la carte de la sobriété pour mieux nous adhérer à son cauchemar ésotérique où les forces du Mal sont sur le point de parfaire un stratagème morbide Spoil ! (sacrifier une vierge pour le compte d'une égérie avide de seconde jeunesse Fin du Spoil). Ponctué de quelques détails inquiétants et du comportement suspicieux de certains citadins tantôt irascibles, tantôt sournois, l'intrigue est bâtie du point de vue aussi bien vulnérable que preux de l'institutrice en quête investigatrice depuis l'incident d'un ado mystérieusement sombré dans le coma. Davantage dramatique au fil de péripéties macabres et machiavéliques que notre héroïne découvre (et subit !) avec une contrariété contenue, les Sorcières insuffle un subtil climat de tension au sein d'une réalité quotidienne corrompue par la science de la sorcellerie. Elégante, droite et mature dans sa posture d'éducatrice empathique plongée dans une improbable énigme surnaturelle, Joan Fontaine domine l'écran avec densité cérébrale dans sa faculté de déceler les tenants et aboutissants d'une étrange confrérie et d'y déjouer leurs forces obscures non sans subterfuge (coup de théâtre inopiné à la clef lors du sort précaire de la victime !).  


Méconnue et occultée en France malgré sa résurrection en Dvd (merci Seven 7 !), les Sorcières demeure un petit bijou de suspense et d'épouvante éthéré sous l'autorité infaillible de la Hammer et la présence épurée d'une Joan Fontaine bougrement convaincante dans sa fonction d'institutrice policière ballottée par une conspiration sectaire. Fascinant, captivant et lestement vénéneux sous l'esthétisme sépia d'un charmant hameau faussement paisible ! 

Bruno Dussart
2èx

jeudi 6 juillet 2017

MULHOLLAND DRIVE

                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de David Lynch. 2001. 2h26. U.S.A/France. Avec Naomi Watts, Diane Selwyn, Laura Harring,
Justin Theroux, Ann Miller, Dan Hedaya, Lori Heuring, Angelo Badalamenti.

Sortie salles France: 21 Novembre 2001. U.S: 12 Octobre 2001

FILMOGRAPHIE: David Lynch est un réalisateur, photographe, musicien et peintre américain, né le 20 Janvier 1946 à Missoula, dans le Montana, U.S.A. 1976: Eraserhead. 1980: Elephant Man. 1984: Dune. 1986: Blue Velvet. 1990: Sailor et Lula. 1992: Twin Peaks. 1997: Lost Highway. 1999: Une Histoire Vraie. 2001: Mulholland Drive. 2006: Inland Empire. 2012: Meditation, Creativity, Peace (documentaire).


Une perte identitaire au sein de l'industrie du 7è art. 
Histoire d'amour passionnelle au sein de l'univers impitoyable et si illusionniste d'Hollywood, Mulholland Drive oppose deux récits contradictoires afin de semer doute et confusion à travers l'identité trouble de deux jeunes actrices prometteuses aptes à concourir pour la célébrité. A la suite d'un accident de voiture conduit par deux mystérieux individus, une jeune femme brune est frappée d'amnésie. A proximité du crash, elle s'enfonce dans un bosquet pour se diriger vers la ville de Mulholland Drive. Elle finit par entrer à l'improviste au sein d'une demeure occupée par une actrice néophyte, Betty Elms, elle-même chaudement hébergée par sa tante. Rapidement éprise d'amitié, Betty décide d'épauler l'inconnue dans sa quête identitaire, ce qui les mèneront vers une découverte macabre.  


Magnifiquement incarné par Naomi Watts et Laura Harring crevant l'écran à chacune de leurs apparitions, Mulholland Drive emprunte le cheminement d'un thriller à suspense comme seul Lynch, alchimiste inné, a le secret. Car constamment trouble et envoûtant, imbitable mais aussi limpide quant aux rapports (autrefois) intimes des deux héroïnes en proie à l'investigation, sa narration déstructurée est conçue à la manière d'un puzzle que le spectateur s'efforce de remodeler sans en saisir tous les tenants et aboutissants. Emaillé de séquences érotiques d'une sensualité épurée (l'intense échange du baiser durant l'audition de Betty, l'étreinte sexuelle de cette dernière avec Rita nous hypnotisant les sens !), Mulholland Drive demeure un vénéneux objet de séduction que notre duo saphique se partage entre passion des sentiments et rancune meurtrière. C'est ce que la seconde partie, brutalement dramatique et ramifiée dans les psychés contradictoires des héroïnes, nous impose à travers le dédale tortueux de deux personnalités où se disputeront trahison, cupidité et jalousie.


Une histoire d'amour dans la cité des rêves
Envoûtant, onirique, cocasse, absurde et méthodiquement fascinant au sein d'un environnement baroque indicible, Mulholland Drive cultive au final une superbe histoire d'amour écorchée vive sous l'impulsion torride de deux actrices talentueuses corrompues par la chimère d'Hollywood. Sombre récit d'échec personnel parmi le témoignage d'une foule de complices aussi bien interlopes que véreux, David Lynch y revêt son talent de conteur singulier afin d'imposer sa signature personnelle. Pour cela, il emprunte par ailleurs le truchement du thriller obsessionnel où les indices irrésolues nous laissent fatalement en suspens (du moins au 1er visionnage). On se laisse pour autant facilement bordé par la main de ce rêve éveillé parmi l'emprise lascive de deux égéries d'Hollywood traversant l'écran de Lynch avec une désillusion romanesque. Rien que pour elles (les protagonistes et les comédiennes ne faisant qu'une !), Mulholland Drive constitue un précieux moment de cinéma d'une finesse sensorielle.  

Bruno Matéï
2èx

Récompenses:
Festival de Cannes 2001 : Prix de la mise en scène, ex æquo avec The Barber de Joel et Ethan Coen.
César 2002 : Meilleur film étranger.
BAFTA 2002 : Meilleur montage pour Mary Sweeney.

mardi 4 juillet 2017

REMO, SANS ARME ET DANGEREUX

                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinematerial.com

"Remo Williams: The Adventure Begins" de Guy Hamilton. 1985. U.S.A. 2h01. Avec Fred Ward
Joel Grey, Wilford Brimley, J.A. Preston, George Coe, Charles Cioffi, Kate Mulgrew.

Sortie salles France: 19 Mars 1986. U.S: 11 Octobre 1985

FILMOGRAPHIEGuy Hamilton, né le 16 septembre 1922 à Paris (France) et mort le 20 avril 2016 à Majorque en Espagne, de parents britanniques, est un réalisateur britannique. 1952 : L'assassin a de l'humour (The Ringer). 1953 : Le Visiteur nocturne. 1954 : Un inspecteur vous demande. 1955 : Les Indomptables de Colditz. 1956 : Charley Moon. 1957 : Manuela. 1959 : Un brin d'escroquerie.
1959 : Au fil de l'épée. 1961 : Le Meilleur Ennemi. 1964 : L'Affaire Winston. 1964 : Goldfinger.
1965 : The Party's Over. 1966 : Mes funérailles à Berlin. 1969 : La Bataille d'Angleterre. 1971 : Les diamants sont éternels. 1973 : Vivre et laisser mourir. 1974 : L'Homme au pistolet d'or. 1978 : L'Ouragan vient de Navarone. 1980 : Le miroir se brisa. 1982 : Meurtre au soleil. 1985 : Remo sans arme et dangereux. 1989 : Sauf votre respect.


Film culte des années 80 ayant bercé toute une génération, à l'instar du tout aussi fun et débridé Commando, Remo sans arme et dangereux est un divertissement d'action follement réjouissant sous l'impulsion épique d'un thème électro de Craig Safan et Tommy Shaw aussi inoubliable. Et ce en dépit de l'aspect totalement improbable de l'entrainement rigoureux de Rémo entamant une initiation héroïque avec une agilité surréaliste (il faut le voir esquiver les balles par la seule vélocité de son corps ainsi que la force de son esprit !). Officiellement décédé après une interpellation musclée avec des malfrats, le policier Samuel Makin est en fait le jouet d'une organisation secrète délibérée à l'exploiter pour nettoyer la ville des dirigeants les plus véreux, notamment ceux appartenant à une base militaire. Avec l'aide d'un vieux chinois et durant une longue épreuve de force aussi bien morale et physique, Samuel devient Remo auprès de l'enseignement d'une bravoure sans armes. Truffé d'humour voir d'hilarité (parfois involontaire quant au caractère "hénaurme" de certains exploits physiques - Chiun accourant sur l'eau d'un lac à grandes enjambées - !), de bonne humeur et de chaleur humaine autour de la relation amicale que se partagent progressivement Remo et son mentor, Maître Chiun, Remo s'extirpe du ridicule, aussi naïf soit son concept singulier (un super-héros sans panoplie se défendant à mains nues contre les balles ennemies !). Dénué d'une once de prétention et assumant pleinement le côté saugrenu de ces péripéties au sein d'un schéma narratif somme toute classique, Guy Hamilton parvient pour autant à rajeunir le genre académique en cette époque sacro-sainte des Eighties grâce à la générosité de son action tantôt inventive, tantôt vertigineuse.


A l'instar de certaines séquences de haute voltige (l'épreuve d'acrobatie sur la grande roue, l'affrontement musclé du haut de la statue de la liberté en rénovation - l'escalade sur le tronc d'arbre déplacé dans les airs par un câble porteur) provoquant la sensation d'ivresse ! Nous sommes d'autant plus impressionnés par l'habileté de la réalisation et du montage n'en faisant jamais trop (ou alors si peu !) pour épater la vue avec souci artisanal du détail technique. Bref, une époque révolue donc conçue sur l'authenticité de cascades impeccablement coordonnées si bien que l'ère numérique n'en n'était pas encore à sa prémices. Au-delà de l'aspect fun des moments d'entraînements à la fois cocasses et improbables, et du passage à l'acte belliqueux de Remo sur le terrain militaire, Rémo renchérit son charme en la présence d'un trio pétulant militant les valeurs d'amitié et d'amour (et ce en dépit du machisme badin de Chiun !). Fred Ward incarnant sans nul doute son rôle le plus sympathique à l'écran dans celui du (super) héros infaillible si bien que l'acteur au charisme viril compte sur la dérision et la bonhomie de sa posture surhumaine afin de se démarquer de l'orgueil. Dans celui du manager placide plein de sagesse et de bons préceptes, Joel Grey lui partage la vedette avec davantage de cocasserie puis l'empathie progressive qu'il cultive auprès de son comparse avec poignante dignité (notamment ce final où perce une émotion sensible quant à l'éventuel sort dramatique de Chiun ou de Remo !). Enfin, affublée d'une robe militaire longiligne, la charmante et si rare Kate Mulgrew se fond dans la peau d'un major avec une innocence et un naturel fondés sur la noblesse de sentiments aussi sincères qu'amoureux.


Inévitablement naïf et à la limite du grotesque lors de certaines séquences homériques hallucinées, Remo, sans arme et dangereux s'extirpe miraculeusement du ridicule, voir de la série Z de luxe, grâce à sa cocasserie en roue libre monopolisant tout le cheminement narratif, à ses péripéties davantage explosives si je me réfère à la touche guerrière de la dernière demi-heure (ajoutez notamment l'aspect dépaysant du vaste cadre forestier magnifiquement filmé) et surtout grâce à la camaraderie de l'attachant trio héroïque débordant de spontanéité et chaleur humaine (j'insiste encore là-dessus !) pour nous combler de béatitude communicative ! 

Dédicace à Olivier Hancart, Ludovic Hilde, Abdala Bouzebiba
Bruno Dussart
3èx

lundi 3 juillet 2017

GHOST STORY

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr 

"Histoire de fantômes" de Stephen Weeks. 1974. Angleterre. 1h27. Avec Murray Melvin, Larry Dann, Vivian MacKerrell, Marianne Faithfull, Barbara Shelley, Anthony Bate, Leigh Lawson...

Sortie salles France: 22 Septembre 1976. Angleterre: 19 Mars 1974

FILMOGRAPHIE: Stephen Weeks est un réalisateur, scénariste et producteur anglais né en 1948 à Hampshire. 1984: The Bengal Lancers! 1984: L'épée du vaillant. 1976: Scars (TV Movie documentary). 1974: Histoire de fantômes. 1973: Gawain and the Green Knight. 1971: I, Monster.


Il y a des raretés dont on ferait mieux de ne pas exhumer de l'oubli.

Eric Binford