jeudi 31 août 2017

IT COMES AT NIGHT

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site uae.voxcinemas.com

de Trey Edward Shults. 2017. U.S.A. 1h38. Avec Joel Edgerton, Christopher Abbott, Carmen Ejogo, Kelvin Harrison Jr., Riley Keough

Sortie salles France: 21 Juin 2017. U.S: 9 Juin 2017

FILMOGRAPHIETrey Edward Shults est un réalisateur, scénariste et producteur américain né en 1988 à Houston, aux États-Unis. 2016 : Krisha. 2017 : It Comes at Night.


Vendu comme un film d'horreur alors qu'il s'agit à mon sens d'un authentique drame psychologique, It coms at night divisera assurément le public. Car outre l'aspect plutôt fallacieux de son marketting, cette oeuvre modeste pâtie d'un rythme latent il faut avouer, d'un climat austère pesant et de personnages (volontairement) peu attachants dans leur démarche solitaire aussi bien parano qu'équivoque. Au fin fond d'une forêt, un couple est leur fils sont retranchés dans leur cabane afin de se préserver d'une grave pandémie. Une nuit, un inconnu tente de forcer leur entrée car suspectant la maison vide d'habitants. Après un compromis et en guise de confiance, Paul décide de prêter main forte à celui-ci en allant chercher sa femme et son fils à quelques kilomètres de là. De retour au bercail, les deux couples tentent de survivre à l'intérieur du foyer sous certaines conditions drastiques. Principalement celle de ne jamais sortir la nuit... Déroutant et monotone, It comes at night sollicite un effort considérable auprès du spectateur impliqué dans une situation de survie chargée de non-dits au sein d'une banalité quotidienne à la fois anxiogène et déprimante.


Peu ludique donc quant à son cheminement routinier dénué de surprise (ou alors si peu si je me réfère à la fugue du chien), It comes at night insuffle une étrange atmosphère de silence ouaté et d'angoisse sous-jacente au coeur d'une forêt mutique. Quand bien même la nuit est l'objet de toutes les contrariétés chez nos occupants lorsque le moindre bruit y résonne de l'extérieur de la porte de sortie (la seule issue de secours pour s'échapper de la bâtisse !). On se demande dès lors où Trey Shults souhaite nous mener à travers son huis-clos principalement centré sur les thèmes de la dynamique de groupe, de l'épidémie virale et de la mysophobie (crainte exagérée de la contamination) ! Louablement, et par le biais d'un rebondissement aussi retors qu'inopiné, la dernière partie, cruelle et intensément tragique crève l'abcès afin de dénoncer les conséquences de la panique chez l'homme confronté à une situation de crise sanitaire au sein de la cellule familiale. Le réalisateur prenant soin d'y dénoncer par le biais de cet évènement notre égoïsme et notre lâcheté face à la crainte viscérale du virus mortel. Dur et sans concession de par sa grande violence aussi bien gratuite que dérisoire, ce point d'orgue morbide nous suscite un amère sentiment d'amertume d'autant plus poignant lorsque l'homme de prime abord solidaire et empathique auprès de son prochain finit par succomber à ses pulsions d'auto-défense lors d'une situation parano découlant sur la méfiance ! Seul compte alors l'esprit d'individualité avec comme conséquence désastreuse un déchaînement de haine et de violence !


Déconcertant à plus d'un titre par son atmosphère hermétique de déréliction et son suspense sous-jacent retardant au possible son dénouement renversant, It comes at night risque de perdre en route une partie du public quand bien même d'autres plus réceptifs et patients ne resteront pas insensibles à son intensité dramatique finalement démoralisante au travers d'une réflexion sur l'instinct de survie que l'homme amorce individuellement. Difficile de sortir indemne d'une telle déroute...

Bruno Dussart

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