jeudi 24 août 2017

LE MONSTRE

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

"The Quatermass Xperiment" de Val Guest. 1955. Angleterre. 1h21. Avec Brian Donlevy, Jack Warner, Margia Dean, Thora Hird, Gordon Jackson.

Sortie salles U.S: Juin 1956. Angleterre: 20 Novembre 1955

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Val Guest de son vrai nom Valmond Guest est un scénariste, réalisateur et producteur britannique né le 11 décembre 1911 à Londres (Royaume-Uni) et décédé le 10 mai 2006 à Palm Springs (Californie). 1954 : La Revanche de Robin des Bois. 1955 : Le Démon de la danse. 1955 : Le Monstre. 1956 : It's A Wonderful World. 1957 : Scotland Yard appelle FBI. 1957 : La Marque. 1957 : Le Redoutable Homme des neiges. 1960 : Expresso Bongo. 1961 : Traitement de choc. 1961 : Le Jour où la Terre prit feu. 1967 : Casino Royale. 1970 : Toomorrow. 1970 : Quand les dinosaures dominaient le monde. 1982 : The Boys in Blue (en). 1984 : Mark of the Devil (en) (TV). 1984 : In Possession (TV). 1985 : Child's Play (TV).


Premier volet de la trilogie Quatermass inspiré de la série TV créée par Nigel Kneale, et première production de la Hammer, Le Monstre se solda par un gros succès public à sa sortie anglaise si bien qu'une suite fut rapidement mise en chantier 2 ans plus tard par Val Guest himself. Quant au troisième opus réalisé tardivement en 1968, Roy Ward Barker prendra le relais pour parfaire un chef-d'oeuvre encore plus retors et abouti que ces congénères, les Monstres de l'Espace. Influencé par la Chose d'un autre monde sortie 4 ans plus tôt, Val Guest nous relate (également) avec souci documenté l'atterrissage en catastrophe d'une fusée commandité par le physicien Quatermass. A bord, seul Victor Carroon parvient à s'y extraire avec l'aide des pompiers alors que ses 2 équipiers ont mystérieusement disparu. Emmené d'urgence à l'hôpital, celui-ci en catatonie semble possédé par une entité invisible (peut-être un spécimen végétale) ayant pour mission de contaminer la terre. Quatermass et la police vont tenter par tous les moyens d'enrayer la chose en constante métamorphose. En conjuguant avec homogénéité science-fiction, épouvante et une pincée de catastrophe, Val Guest parvient à distiller angoisse, suspense, terreur autour du thème d'une invasion extra-terrestre aussi sournoise que La Chose d'un autre monde. D'autre part, et au vu du potentiel de son traitement aussi débridé que singulier, Le Monstre sera une source d'inspiration auprès des générations à venir comme le démontreront les années 80 avec Contamination, MutantLifeforce, le Monstre qui vient de l'Espace et consorts.


Formidablement intense et équivoque durant sa première partie jouant la carte de l'expectative parmi l'effet de suggestion et en se focalisant sur la vision de détails inquiétants (le métabolisme inexpliqué de Victor face à la perplexité des médecins et de son épouse), Le Monstre insuffle l'appréhension à travers la mutabilité d'une victime souffreteuse franchement patibulaire. L'acteur Richard Wordsworth provoquant un vrai malaise dans son désarroi aussi bien physique que moral, et quelques instants de frayeurs (la séquence scrupuleuse de son évasion puis sa planque dans la voiture parmi la complicité de son épouse), notamment grâce à la déliquescence de son apparence rachitique déshéritée d'un regard hagard ! Quant à la découverte des victimes liquéfiées ou surtout momifiées que Tobe Hooper reprendra dans le très attachant Lifeforce, on peut également vanter la qualité artisanale des effets-spéciaux, et ce jusqu'à l'apparence tentaculaire (et non caoutchouteuse) de la chose réduite à un amas d'organes lors d'un final en mode "Catastrophe". Si cette seconde partie autrement suggérée, moins terrifiante et immersive, se focalise sur les déambulations urbaines du monstre un peu plus discret à l'écran, Val Guest parvient pour autant à gérer le suspense grâce à son adroite mise en scène et une narration planifiée parvenant encore à surprendre quant à l'apparence disproportionnée du monstre polymorphe. Et ce jusqu'à son épilogue pour autant pessimiste évoquant une réflexion sur les dangers du progrès technologique à des fins scientifiques, Quatermass nous annonçant l'envoi d'une nouvelle fusée dans l'espace en guise d'orgueil.


Premier grand classique de la Hammer qui permettra à la firme de percer dans l'horreur de manière encore plus couillue et flamboyante (sexe et gore en sus en version technicolor !), le Monstre n'a rien perdu de son impact visuel à crédibiliser un récit de science-fiction où l'horreur des situations s'avère encore aujourd'hui effrayante et malsaine. Et dans ce domaine, on peut largement applaudir le jeu subtilement viscéral de l'acteur mutique Richard Wordsworth littéralement transi de mal-être en zombie végétale. 

Eric Binford
3èx

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