vendredi 4 août 2017

LES MONSTRES DE L'ESPACE

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site scifi-movies.com

"Quatermass and the Pit" de Roy Ward Baker. 1967. Angleterre. 1h37. Avec James Donald, Andrew Keir, Barbara Shelley, Julian Glover, Duncan Lamont, Bryan Marshall.

Inédit en salles en France. Sortie Angleterre: 9 Novembre 1967. U.S: 16 Février 1968.

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Roy Ward Baker est un réalisateur, producteur, scénariste anglais, né le 19 Décembre 1916 à Londres (Royaume-Uni), décédé le 5 Octobre 2010.
1947: L'Homme d'Octobre. 1952: Troublez moi ce soir. 1968: Les Champions. 1969: Mon ami le fantôme. 1970: The Vampire Lovers. 1970: Les Cicatrices de Dracula. 1971: Dr Jekyll et Sr Hyde. 1972: Asylum. 1973: Le Caveau de la Terreur. 1973: And now the Screamin starts. 1974: Les 7 vampires d'or. 1980: Le Club des Monstres. 1984: Les Masques de la mort (télé-film).


Honteusement inédit en salles dans l'hexagone et relativement peu diffusé à la TV, ce 3è volet des aventures de Quatermass (déjà tributaire de 2 chefs-d'oeuvre préalablement tournés en noir et blanc !) est une nouvelle pièce maîtresse de la firme Hammer que Roy Ward Baker dirige avec une rare intelligence. Car épaulé de l'originalité d'un scénario aussi retors que passionnant autour de thèmes spirituels sur la métaphysique et la foi (notre origine existentielle), les Monstres de l'espace nous questionne incessamment sur notre véritable identité par le biais d'un argument extra-terrestre. Dans un métro londonien en travaux, les autorités découvrent un fragment de métal inconnu et des ossements de squelettes difformes à travers un mur argileux, quand bien même le scientifique Quatermass se penche sur cette mystérieuse découverte avec une scrupuleuse réflexion. Alors que les badauds réunis en externe s'impatientent à découvrir la trouvaille, les autorités tentent de les rassurer en leur suggérant qu'il s'agit probablement d'un missile allemand d'après guerre. 


Fort d'un suspense palpitant remarquablement charpenté, Les Monstres de l'espace parvient à faire naître un sentiment de curiosité permanent par le truchement du pouvoir de suggestion. Roy Ward Baker prenant malin plaisir à retarder toute forme d'esbroufe afin de mieux gérer notre perplexité et nos questionnements face à un ovni attisant toutes les convoitises policières, militaires et scientifiques. Aussi bien inquiétant que follement original, à l'instar de l'Invasion des profanateurs, de l'inégalable The Thing (auquel Carpenter s'en serait peut-être inspiré !), voir même de Rendez-vous avec la peurles Monstres de l'espace transcende le genre parmi le brio d'une trajectoire narrative regorgeant de métaphores (notamment notre irrépressible instinct voyeuriste, l'autosuggestion et les éventuelles théories sur la raison du surnaturel). Bâti sur une investigation de longue haleine et exploitant à merveille le cadre exigu d'un métro réduit en labo d'expérimentation, le cinéaste conjugue rebondissements et péripéties alarmistes avec souci du détail technique, de manière à crédibiliser son contexte à la fois singulier et débridé. Quant à sa distribution anglaise, James Donald, Andrew Keir et Barbara Shelley insufflent sobrement un jeu autoritaire avant de céder à la fragilité d'une paranoïa difficilement gérable quand aux pouvoirs télékinésiques et spirituels d'une entité indicible sur le point de se matérialiser.


Sommet du genre supervisé par la notable Hammer Films, Les Monstres de l'espace constitue sans prétention l'un des plus originaux films de science-fiction toutes époques confondues. Car aujourd'hui encore, et autour de ses thèmes passionnels tels la quête identitaire et le dieu créateur, il n'a rien perdu de son pouvoir (éthéré) de fascination et de son intensité dramatique. Spoil ! A l'instar de ce magnifique plan final auquel nos deux héros éreintés et déboussolés s'observent l'air évasif, la mine sentencieuse, tandis que le générique défile parmi la candeur d'un score mélancolique. Fin du Spoil

Dédicace à Jean-Marc Micciche et Jean Pierre Dionnet 
Bruno Dussart.
2èx

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