vendredi 25 août 2017

MARCHE A L'OMBRE

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site kaxecommons.org

de Michel Blanc. 1984. France. 1h22. Avec Gérard Lanvin, Michel Blanc, Didier Agostini, Sophie Duez, Mimi Félixine, Béatrice Camurat, Prosper Niang, Katrine Boorman.

Sortie salles France: 17 Octobre 1984

FILMOGRAPHIEMichel Blanc est un acteur et réalisateur français, né le 16 avril 1952 à Courbevoie (Hauts-de-Seine). 1984 : Marche à l'ombre. 1994 : Grosse fatigue. 1999 : Mauvaise passe. 2002 : Embrassez qui vous voudrez.


Premiers débuts de Michel Blanc derrière la caméra, Marche à l'ombre totalisa 6,1 millions d'entrées
au box-office français alors que son thème d'actualité traité avec légèreté et dérision (l'exclusion sociale des sans-logis) aurait pu fuir le grand public. Devenu depuis un classique du "buddy movie" auprès de la génération 80, Marche à l'ombre doit largement sa renommée envers la complémentarité du duo Gérard Lanvin / Michel Blanc crevant l'écran dans leur esprit de camaraderie indéfectible ainsi que leurs caractères distincts bien trempés. Michel Blanc endossant un faire-valoir râleur, pleutre, empoté et infortuné avec un naturel bonnard, quand bien même son acolyte Gérard Lanvin lui partage la réplique dans celui d'un débrouillard spartiate constamment rattrapé par son instinct débonnaire. Le tandem éminemment contradictoire dans leurs réflexions professionnelles et sociales cumulant les gaffes et p'tites querelles avec une verve impayable. A ce titre, Michel Blanc, réalisateur, nous a scrupuleusement travaillé ses dialogues avec un sens de l'inventivité à couper au rasoir si bien que rien qu'au niveau des joutes verbales, Marche à l'ombre demeure un régal auditif !


D'une grande simplicité, l'intrigue cinétique nous relate les tribulations de deux itinérants inséparables sillonnant les banlieues parisiennes en quête d'un toit et de p'tits boulots. Complètement à la dèche, ils s'efforcent en désespoir de cause de faire la manche dans les métros avant de sombrer dans le recel et la vente d'objets volés. Durant leur parcours semé de trafalgars, péripéties, rencontres amicales, hostiles et romantiques, ils vont se raccrocher au fil de leur amitié afin de résister à la sinistrose. Ces derniers ne cessant de bifurquer d'un foyer précaire à un autre sans pouvoir s'implanter durablement. Drôle et pittoresque au sein du cadre de la comédie sociale et de l'aventure urbaine si j'ose dire, Marche à l'ombre constitue une petite merveille d'émotions optimistes en dépit de la gravité du sujet (plus qu'actuel !). Michel Blanc se réservant tout pathos et misérabilisme afin de respecter le genre dans lequel il appartient. Pour autant, et par le biais de l'humour, de la légèreté et de la fantaisie, Marche à l'ombre conjugue harmonieusement chaleur humaine, tendresse et générosité auprès d'une galerie de marginaux inscrits dans la solidarité (car désargentés et donc renouant avec la simplicité de leur existence sans la corruption cupide du matérialisme !).


Un hymne à l'amitié et à la débrouille en pleine crise du chômage. 
Trépidant, tendre et constamment cocasse au travers de répliques anthologiques et de bévues rocambolesques, Marche à l'ombre transcende la comédie populaire avec une juste émotion si bien que cet humble témoignage imputé aux laissés pour compte ne cède jamais au pessimisme plombant pour nous chérir. Un dernier mot subsidiaire ! En p'tite amante chétive, la juvénile Sophie Duez ne manque pas d'élégance dans une candeur aussi suave que sensuelle ! 

Bruno Dussart
3èx

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