vendredi 29 septembre 2017

DOUX, DUR ET DINGUE

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site mauvais-genres.com

"Every Which Way But Loose" de James Fargo. 1978. U.S.A. 1h54. Avec Clint Eastwood, Sondra Locke, Geoffrey Lewis, Beverly D'Angelo, Walter Barnes, Roy Jenson, James McEachin

Sortie salles France: 4 Avril 1979. U.S: 20 Décembre 1978

FILMOGRAPHIE: James Fargo, né le 14 août 1938 à Republic, Washington, États-Unis, est un réalisateur et producteur américain. 1976 : L'inspecteur ne renonce jamais. 1978 : Caravans. 1978 : Doux, dur et dingue. 1979 : Le Putsch des mercenaires. 1982 : L'Exécuteur de Hong Kong.


Comédie d'aventures menée tambour battant au travers d'un road trip bucolique, Doux, dur et dingue surfe sur les films de bastons bonnards initiés par Bud Spencer et Terence Hill. Si bien qu'ici les gags enfantins et les pugilats de rue (et de saloon !) s'enchaînent de manière métronomique au rythme d'une country-music que Sondra Locke chantonne dans les cabarets face à une clientèle prolétaire. Sans doute afin de casser son image de flic fasciste dans la série des Inspecteur Harry, Clint Eastwood se moque ici de lui même avec une décontraction (inévitablement) attachante dans la peau d'un marginal au grand coeur (il tombe naïvement amoureux d'une allumeuse au point de la poursuivre durant son périple national) pratiquant les combats clandestins avec une réputation indétrônable. Epaulé d'un orang-outan badin, de son acolyte Orville et d'Echo, l'amie de ce dernier rencontrée sur une aire de marché, nos héros sans peur ni reproches sillonnent les contrées du Colorado en se confrontant notamment aux moult provocations de deux flics revanchards et d'une bande de motards à la limite de la déficience mentale. Au-delà de cette galerie de francs-tireurs excentriques aussi bien provocateurs qu'entêtés, on peut également noter l'apparition survitaminée de l'illustre Ruth Gordon (Harold et Maud, Rosemary's Baby) dans celle d'une mémé renfrognée plutôt irascible à daigner imposer son identité d'un âge avancé. Bien évidemment, et de manière parfaitement assumée, Doux, dur et dingue ne vole pas bien haut dans son alliage de gags et bastons d'un intérêt purement récréatif quand bien même la bonhomie de nos héros au grand coeur et le tempérament survolté de leurs rivaux opiniâtres nous enseignent une bonne humeur expansive entre deux étreintes amoureuses.


Dépaysant (magnifiques paysages ruraux du Colorado) généreux et terriblement sincère dans son florilège de péripéties saugrenues, poursuites et altercations musclées, Doux, dur et dingue enflamme la comédie populaire (en dépit de la violence aride de certains combats qu'Eastwood transcende en héros viril) avec une extrême simplicité à la fois exubérante et attendrissante. A revoir avec une vibrante nostalgie et à savourer entre potes du samedi soir affublés de packs de bières généreuses en mousse !

Bruno Dussart
2èx 

jeudi 28 septembre 2017

SEVEN SISTERS

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"What Happened to Monday" de Tommy Wirkola. 2017. Belgique/U.S.A/France/Angleterre. 2h04. Avec Noomi Rapace, Willem Dafoe, Glenn Close, Marwan Kenzari, Pål Sverre Hagen, Adetomiwa Edun.

Sortie salles France: 30 Août 2017 (Int - 12 ans). U.S: 18 Août 2017

FILMOGRAPHIE: Tommy Wirkola est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma norvégien, né le 6 décembre 1979 à Alta dans le comté de Finnmark. 2007 : Kill Buljo : ze film. 2009: Dead Snow. 2010 : Kurt Josef Wagle og legenden om fjordheksa. 2013 : Hansel et Gretel : Witch Hunters. 2014 : Dead Snow 2. 2017 : Seven Sisters.


Blockbuster estival chaudement accueilli en France (1 356 119 entrées), Seven Sisters porte la signature du norvégien Tommy Wirkola, réalisateur des sympathiques délires gores Dead Snow 1 et 2Dans un futur proche, faute d'une surpopulation, du réchauffement climatique et des pénuries alimentaires, les autorités ont décidé de limiter le nombre de naissances à un seul enfant par foyer. Mais bravant l'interdit, une mère morte en couches donne naissance en secret à des septuplées. L'époux décide alors de les cacher dans une chambre secrète de son appartement sous couvert de conditions drastiques enseignées à ses filles. 30 ans plus tard, l'une des soeurs disparaît mystérieusement durant un rendez-vous professionnel. Au moment où ces dernières tentent de la retrouver, les agents du CAB sont sur le point de débusquer leur tanière ! Empruntant l'anticipation dystopique héritée du parangon Soleil Vert et consorts (thèmes similaires sur la surpopulation, la pollution et les pénuries alimentaires auprès d'une dictature sans vergogne), Seven Sisters constitue un formidable film d'action aussi intègre que généreux en diable.


L'action rebondissant sans cesse grâce aux multiples directions que les héroïnes parcourent ardemment afin de retrouver leur soeur et préserver leur unité familiale. Et ce sans céder à la gratuité du spectacle racoleur, de par l'efficacité d'un script structuré sublimant le portrait de 7 jumelles converties contre leur gré en fugitives aussi pugnaces que valeureuses. Sur ce point détonnant, on peut vanter la prestance (hybride) de Noomi Rapace se fondant dans les corps de 7 personnages distincts sous l'impulsion d'une palette de sentiments contradictoires. L'actrice oscillant sans rougir une émotion tantôt poignante (pour les revirements étonnamment dramatiques que le script s'adonne sans complexe), tantôt oppressante (pour les stratégies de défense à perdre haleine qu'elles doivent décupler afin de déjouer la menace permanente des agents du CAB). Outre l'attrait effréné et la lisibilité des séquences homériques fertiles en cascades et sanglants gunfights, Seven Sisters cultive une finaude audace à détourner les codes par le biais d'une dramaturgie inopinément insolente ! Car exploitant habilement le genre du survival pur et dur au sein d'un cadre urbain blafard (superbement contrasté par la morphologie d'immeubles grisonnants dressés les uns contre les autres), Tommy Wirkola crédibilise son univers futuriste étouffant où pauvreté et exclusion sont une fois de plus dépréciées par une dictature plus immorale et implacable qu'elle n'y parait.


En dépit de certaines facilités et pirouettes narratives un chouilla improbables lors de sa dernière partie aussi bien palpitante qu'émouvante (mais un peu trop vite expédiée à mon sens par ses  rebondissements en pagaille), Seven Sisters renchérit embuscades, soubresauts et péripéties vertigineuses au sein d'une dystopie insidieusement cynique. Sans jamais perdre de vue la dimension humaine de ses héroïnes implacablement molestées (d'autant plus compromises entre trahison et  sens du sacrifice), Tommy Wirkola insuffle une poignante (et cruelle) émotion pour nous impliquer dans leur épreuve de survie en chute libre. Sous le pilier du Blockbuster ludique mais intelligemment exploité, Seven Sisters demeure donc une excellente surprise dans le paysage si habituellement lisse et conventionnel de l'actionner bourrin, avec en guise d'épilogue un plaidoyer pour le libéralisme et le droit à la naissance multiple. 

Bruno Matéï

mardi 26 septembre 2017

COMTESSE DRACULA

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site anolis-film.de

"Countess Dracula" de Peter Sasdy. 1971. Angleterre. 1h34. Avec Ingrid Pitt, Nigel Green, Sandor Elès, Maurice Denham, Patience Collier, Peter Jeffrey

Sortie salles France: 7 Décembre 1972. Angleterre: 31 Janvier 1997. 

FILMOGRAPHIE: Peter Sasdy est un réalisateur anglais, né le 27 Mai 1935 à Budapest.
1970: Une Messe pour Dracula. 1971: La Fille de Jack l'Eventreur. 1971: Comtesse Dracula. 1972: Doomwatch. 1972: The Stone Tape (télé-film). 1973: Nothing but the Night. 1975: Evil Baby. 1975: King Arthur, the young Warlord. 1977: Welcome to blood City. 1983: The Lonely Lady. 1989: Ending up (télé-film). 1991: Sherlock Holmes and the leading lady (télé-film).


Réalisé par Peter Sasdy la même année que (l'autrement audacieux) La Fille Jack l'Eventreur, Comtesse Dracula est l'adaptation horrifique de la célèbre Comtesse Bathory (La Comtesse Sanglante) publiée en 1962 par Valentine Penrose. Prenant pour thèmes la jeunesse éternelle, l'inceste et le vampirisme de manière aussi bien déroutante qu'originale, Comtesse Dracula relate la déliquescence morale de cette dernière avide de retrouver sa jeunesse après avoir découvert que le sang d'une jeune domestique serait l'antidote pour lui rendre sa beauté. Eprise d'amour pour le lieutenant Imre Toth, elle multiplie les sacrifices humains afin de préserver leur liaison passionnelle. Mais leur relation est pour autant ternie par la jalousie du capitaine Dobi, complice meurtrier de la comtesse délibéré à compromettre leur futur mariage. Baignant dans une atmosphère à la fois fétide et malsaine sous l'impulsion d'une galerie de personnages sans vergogne, Comtesse Dracula distille un vénéneux parfum de séduction auprès d'une comtesse incestueuse (elle courtise son propre fils !) ne reculant devant aucun tabou pour parvenir à ses fins.


Epaulé d'une servante insidieuse et d'un capitaine fourbe et mesquin, le trio diabolique multiplie les subterfuges pour duper l'entourage et ce afin de taire l'horrible vérité sur la Comtesse. Cette dernière se faisant passer pour sa propre fille (préalablement kidnappée par un paysan russe) afin de justifier son éclatante beauté. Parfois dérangeant pour la posture licencieuse de la comtesse s'adonnant sans scrupule aux crimes gratuits au sein de décors raffinés d'un château baroque (teintes grisâtres à l'appui  formant un saisissant contraste à son architecture gothique !), Comtesse Dracula exploite efficacement le mythe du vampire avec une audacieuse modernité. Sa grande réussite émanant de ces personnages rogues cités plus haut alors qu'un lieutenant plutôt intègre va peu à peu sombrer dans la complicité malgré lui, faute d'un implacable chantage. Outre cette étude de caractères des plus sulfureuses et passionnantes (d'autant mieux servi par un solide casting de seconds-rôles !), l'actrice Ingrid Pitt dévoile son corps plantureux avec une dimension érotique éhontée. Imprégnée de vanité, d'ingratitude et de lâcheté, l'actrice se pavane avec assurance face à ses hôtes et les manipulent à sa guise parmi son emprise de séduction juvénile. Sa présence magnétique insufflant au sombre récit une intensité exponentielle au fil de ses exactions putassières quand bien même son amant préalablement innocent ne pourra se résoudre à s'extirper de son emprise après avoir découvert l'horrible supercherie.


Excellente série B émaillée d'effusions sanglantes et d'érotisme soft au sein d'une intrigue immorale baignant dans une sensualité méphitique, Comtesse Dracula adopte une fois de plus sous l'égide de la firme une démarche couillue pour innover dans l'horreur archaïque, et ce grâce à l'intensité d'un portrait historique scabreux réactualisé dans un contexte surnaturel. 

Bruno Dussart
2èx

lundi 25 septembre 2017

L'ANGE DU MAL, REDEEMER.

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Redeemer: son of Satan" de Constantine S.Gochis. 1978. U.S.A. 1h23. Avec Damien Knight, Jeannetta Arnette, Nick Carter, Nicki Barthen...

Sortie salles France (uniquement au Rex de Paris): Mars 1978 (Int - de 18 ans). U.S: 7 Avril 1978

FILMOGRAPHIE: Constantine S.Gochis est un réalisateur américain. 1978: L'Ange du mal.


Du plus profond de la nuit, la main du Rédempteur apparaîtra pour punir ceux qui ont vécu dans le pêché...
Distribué par Scherzo durant la sacro-sainte époque de la Vhs (les vidéophiles, fascinés par sa rutilante jaquette, s'y étaient rués pour le louer en Vostfr à l'orée des années 80 !), L'Ange du Mal / Redeemer est l'unique réalisation de l'américain Constantine S. Gochis. Résolument rare, oublié et peu connu, le film ne connut d'ailleurs sur notre territoire qu'une sortie salles durant le Festival du film Fantastique du Rex à Paris. Empruntant la voie du psycho-killer de manière peu commune, de par sa mise en scène personnelle brodant autour d'une série de crimes un climat d'étrangeté atypique, Redeemer est une fascinante curiosité pour les amateurs de relique doucereusement malsaine.


Car si le hors-champ est privilégié durant la plupart des meurtres, sa résultante, l'inventivité et la cruauté dont le tueur fait preuve nous provoquent une fascination dérangée; notamment par son caractère à la fois cru et réaliste. A l'instar de la jeune femme périssant noyée la tête dans un lavabo après de longues minutes d'agonie. Sans doute la séquence la plus extrême et éprouvante que les ablutophobes auront peine à endurer. Quant à son pitch linéaire (et parfois équivoque), il se résume au huis-clos horrifique lorsque 6 anciens camarades de lycée réunis pour l'occasion de retrouvailles se retrouvent piégés à l'intérieur d'une bâtisse par un mystérieux tueur affublé de divers déguisements. Là aussi, le réalisateur adopte un parti-pris baroque quant à la caractérisation de ce dernier plutôt emphatique lors de ses allégations intégristes, gouailleur dans son accoutrement excentrique et véloce lorsqu'il parvient toujours à piéger chacune de ses proies aux moments aléatoires. En dépit de son maigre scénario plutôt prévisible donc et d'un début languissant, Constantine S. Gochis parvient grâce à sa réalisation tantôt maladroite, tantôt ambitieuse, à maintenir l'intérêt dès que nos protagonistes pénètrent dans la propriété le temps d'une soirée cauchemardesque.


Epaulé du jeu plutôt convaincant des comédiens méconnus, notamment lorsqu'ils font face à leur peur et à la panique, d'un score électro atmosphérique, d'une étrange photo désaturée aux éclairages parfois soignés (en précisant ayant découvert le film en Blu-ray) et d'un montage parfois (volontairement ? !) désordonné, Redeemer ne ressemble à rien de connu pour élever le psycho-killer vers une dimension hermétique. Celle d'un puritanisme s'adonnant à l'expiation criminelle. 

Remerciement à feu Lupanars Visions.

Bruno Matéï
2èx

samedi 23 septembre 2017

CA

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"It" de Andrés Muschietti. 2017. U.S.A. 2h15. Avec Bill Skarsgård, Jaeden Lieberher, Jeremy Ray Taylor, Sophia Lillis, Finn Wolfhard, Wyatt Oleff, Chosen Jacobs.

Sortie salles France: 20 Septembre 2017. U.S: 8 Septembre 2017

FILMOGRAPHIEAndrés Muschietti est un scénariste et réalisateur argentin, né le 26 août 1973
2013: Mama. 2017: Ça.


« Le remake de Ça d'Andy Muschietti réussit à aller au-delà de mes attentes. Relaxez. Attendez. Et appréciez. ». Stephen King. 
Meilleur démarrage de tous les temps pour un film d'horreur (50 425 786 $ pour son premier jour d'exploitation) qui plus est renforcé de critiques élogieuses outre-atlantique, Ca est la 1ère adaptation ciné du célèbre roman de Stephen King après que Tommy Lee Wallace se soit prêté à un (sympathique) traitement télévisuel en 1990. Récit d'aventures initiatiques au sein d'une horreur cartoonesque, Ca constitue une fabuleuse pochette surprise dans son melting-pot d'action et d'épouvante en roue libre. Plongée en apnée dans le désagrément de la peur du point de vue d'ados à la fois chétifs et débrouillards, Ca exploite les thèmes du dépassement de soi, de la maturité, de la solidarité, voir aussi de l'inceste avec une efficacité permanente. Car si les séquences horrifiques scandées d'une bande-son assourdissante et d'un montage percutant ne font pas preuve de subtilité, Andrés Muschietti est suffisamment habile et talentueux pour ne pas faire sombrer le navire dans une redondance rébarbative. Et ce grâce en priorité à la prestance sardonique du clown habituellement conçu pour amuser et faire rire la galerie comme il est de coutume dans les festivités du cirque.


Détourné en l'occurrence au profit d'une horreur malsaine par ses exactions cannibales (le traitement impitoyable réservé aux ados s'avère d'autant plus rigoureux notamment lorsqu'il s'agit de dénoncer en filigrane l'inceste d'un père abusif !), ce nouvel archétype railleur constitue donc un solide alibi pour cumuler les poursuites et situations horrifiques que chaque ado endure indépendamment avant de s'allier pour mieux combattre leur cause. Le clown, maître chanteur et affabulateur, manipulant d'autant mieux leur psyché au gré d'hallucinations collectives que ceux-ci matérialisent par leur manque de confiance, leurs sentiments de crainte de l'inconnu et de la peur du noir. Des séquences chocs originales, inventives, épiques et terrifiantes sensiblement influencées par l'imagerie débridée de Evil-dead et de la saga Freddy. Toutes ces péripéties savamment coordonnées et brillamment réalisées évitent donc la gratuité (chaque ado contraint d'affronter avec un courage inouï une terreur morbide à moult visages !) pour persévérer ensuite dans la vigueur d'une épreuve de force communautaire que ces derniers vont transcender durant un second round affolant. Outre la facture (diablement) ludique de leurs vicissitudes incessamment cauchemardesques, Ca bénéficie en prime d'une étude de caractère scrupuleuse (au sein de l'époque des années 80 !) si bien que les ados à l'esprit autonome s'avèrent censés (Bill, l'aîné non dupe du stratagème de grippe-sou à se fondre dans le corps de son défunt frère !), expressifs, pugnaces (au sens viscéral !) et profondément humains dans leurs bravoures de dernier ressort ! De par leur fragilité à se mesurer à plus fort que soi (notamment ce trio de délinquants littéralement lâche et fielleux qu'ils doivent en prime contrecarrer), leur élan de solidarité et leur éveil amoureux (l'épilogue des "au-revoir" insufflant une émotion candide bouleversante auprès d'un duo en éclosion sentimentale).


Horror Circus
Sorte de Stand by Me au vitriol (notamment pour ses thèmes tournant autour du difficile cap de la perte de l'être cher et du passage à l'âge adulte), Ca génère émotions fortes et poignantes quant à au sort précaire de nos héros sévèrement ballottés par un clown sans vergogne. Et à cet égard, et par son regard aussi patibulaire que magnétique, la prestance charismatique de Bill Skarsgård (nouvel icone diablotin du cinéma d'horreur !) provoque un malaise persistant lors de la plupart de ses apparitions (d'une gestuelle) outrancière(s), à l'instar du prologue anthologique n'hésitant pas à recourir à une horreur inopinément démonstrative lorsqu'il s'agit d'y sacrifier l'innocence. Une séquence glaçante, terriblement dérangeante, assurément le moment le plus choc et douloureux du film. Divertissement horrifique à la fois intelligent et audacieux par son climat sombre, malsain et terrifiant évoluant dans un cadre enfantin, Ca traite enfin et surtout de l'handicap de la peur du point de vue transitoire d'une adolescence en quête d'affirmation et de respect de l'autre. Une excellente première partie donc, en escomptant un second segment autrement plus adulte et encore plus éprouvant. 

Eric Binford

La critique de Peter Hooper
NO SPOLIER !
Note : 5 / 6
// Grime story //
Ou cas ou vous maniganceriez de m’attendre tapis dans l’ombre, grossièrement accoutré en Bozo et prés a bondir dans le but de m’effrayer : je ne souffre pas de coulrophobie! Même si vos intentions s’avéraient nobles, ne mangeant pas non plus de bonbons, vous risqueriez une décharge de Taser. Vous voila a présent au courant : ne passez pas a 5000 volts !
Immunisé contre cette phobie je pouvais donc découvrir cette nouvelle version du roman éponyme de Maître King, sans peur mais également sans reproche, car je n’ai jamais caché l’attente d’une relecture modernisée de celle de Tommy Lee Wallace. Bien que (forcément) grand fan, son fort datage du début des 90 et son format téléfilmesque ouvraient quelques belles perspectivistes, surtout lorsque l’on connaît le contenu prolixe de l’œuvre de référence.
Après sa mère veilleuse fantastico/épouvantable « Mama » (2013) , séduisante mais imparfaite Bisserie, on attendait une confirmation du talent d’Andrés Muschietti, détecté a travers quelques plans. Si la scène introductive du gamin à la poursuite d’un bateau en papier achevant son voyage dans l’égout, constitue l’incontournable point d’ancrage roman/téléfilm, un nouveau traitement s’avérait forcément très piégeur. La forme originelle, auréolée d’un statut culte, pouvait suffire à démolir en cinq minutes les cent trente suivantes. Sans dévoiler quoi que se soit puisqu’elle est omniprésente dans tout les trailers, je m’avancerai juste a dire qu’il y manque un « morceau » de choix, réservé aux spectateurs en salle, et qui a lui seul permettra sûrement de « détacher » celle des 90’s de vos esprits…D’autant que l’on y découvre également le néo grippe-sou...sur lequel je reviendrai plus loin. Ce coup de maître introduit une réussite qui va s’avérer totale : nous sommes sans l’ombre d’un doute face a une œuvre charnière dans l’horreur post-moderne, je pèse mes mots.
Muschietti va respecter le background de l’histoire, mais en choisissant de la situer entièrement en 1988, le point d’arrivée du film de Wallace.
C’est la que l’on découvre le nouveau « club des ratés », un bande de jeunes dont les grossiers (et volontaires) stéréotypes vont se lisser très rapidement jusqu'à devenir la toile de fond absolument parfaite pour la mise en place de cette intrigue horrifique. Un excellent casting et une direction d’acteurs millimétrée qui vont contribuer, avec une reconstitution pertinente des années 80, à une parfaite immersion. Toute la force de la narration va reposer sur ces jeunes dont la caractérisation, entre ceux de « Stand by me » et des « Goonies », va leur donner toute légitimité pour arriver a surmonter leur peur et terrasser le « mal ». Du « petit gros » victimaire, au frère bègue du disparu en passant par le déconneur de service, sans oublier la nana de l’équipe, tous réinsufflent le parfum savoureux d’un teen movie vidéo-clubien, brillamment reconditionné pour être respiré et accepté par toutes les générations.
On sait que le roman de king, dans la première partie exploitée ici, portait sur le message du passage à l’age adulte. Muschietti va faire briller la métaphore. A ce titre le personnage de Beverly est le plus intéressant. La jolie Sophia Lillis, portrait craché de la Molly de « Breakfast club »(ce que ne manque pas de lui rappeler Richie -Finn Wolfhard- celui qui a « avalé un clown »…), est victime d’un père « très entreprenant », l’occasion de la scène la plus choquante du film ou dans une explosion d’hémoglobine très shining-ienne(…) se confondent le trouble des premières règles et la violence d’un possible viol : aussi puissamment graphique qu’incroyablement suggestif !
Et le clown dans tout « ça » ? Zut, J’allais oublier….
Exit la tenue iconique du personnage, idéale pour abuser de la confiance des enfants avec ses couleurs gaies et son air faussement amuseur. Le boogeyman maléfique est ici vêtu d’un costume défraîchi et usé lui conférant une allure théâtralisée le renvoyant au pittoresque clown blanc, sorte de Pierrot plus lunatique que lunaire. Chacune des scènes ou Grippe-sou ramène sa « fraise » on retient son souffle, surtout dans les gros plans sur son visage, sorte de mixe entre le faciès Joker-ien de Nicholson, et le regard de D'Onofrio pétant les plombs dans « Full metal jacket ». Une coquetterie dans l’œil lui confère un air définitivement effrayant. Si ce personnage est parfaitement réussit on le doit à la mise en scène de Muschietti, qui le renvoie volontiers à son statut originel de bouffon (sidérante scène ou on le voit gesticuler dans une roulotte en feu !), l’humour et les attitudes jamais très loin des putasseries d’un Freddy Krueger (clin d’œil fortement appuyé par cette affiche de « Nightmare on elm street » a l’entrée d’un ciné…). On pouvait rêver de le voir un peu plus souvent, mais le récit est si tellement intelligemment articulé autour de ces « ratés » que cela aurait probablement été néfaste pour le liant de l’histoire, et l’ensemble aurait perdu l’oxygène nécessaire pour réussir a affronter le monstre dans les égouts de la ville. Bill Skarsgård accomplit l’exploit (lui aussi…) de faire oublier Tim Curry. Son antre ou le réalisateur nous livre un bouquet final très Lovecraftien est esthétiquement époustouflante, comme pas mal d'autres plans !
Andrés Muschietti nous livre la meilleure car la plus sérieuse bobine horrifique vue depuis (très) longtemps. En réorchestrant habilement les nouveaux codes du genre a base de Jump scares ( assez rares pour fonctionner ), sans (trop) forcer sur le volume d’un sound design devenu au fil des années une simple agression auditive, sa mise en scène inspirant le respect a la fois des amoureux des fantasmes littéraires de Stephen King, des nostalgique du film de Wallace, ceux des 80’s (celle de mes années lycées) et des fétichistes de la VHS, et plus globalement celui des cinéphiles exigeants.
Avec ce Teen-horror-movie, respectueux de l’esprit originel, il échappe aux peaux de bananes de la classification PG-13 – pour une œuvre qui réussit à être aussi effrayante sur le fond qu’hypnotique sur la forme. A en devenir coulorphile : Magistral !

vendredi 22 septembre 2017

REVEILLON SANGLANT / LES MUTANTS DE LA SAINT SYLVESTRE

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site horreurdvd.blogspot.fr

"Bloody New Year" de Norman J. Warren. 1987. Angleterre. 1h29. Avec Suzy Aitchison, Nikki Brooks, Colin Heywood, Mark Powley, Catherine Roman.

Sortie salles France: 11 Mai 1987

FILMOGRAPHIE: Norman J. Warren est un réalisateur, producteur, scénariste et monteur anglais, né le 25 Juin 1942 à Londres. 1962: The Dock Brief (troisième assistant réalisateur). 1965: Fragment. 1966: La Nuit des Généraux (troisième assistant réalisateur). 1967: Sailor from Gibraltar (troisième assistant réalisateur). 1967: Her Private Hell. 1968: Loving Feeling. 1976: L'Esclave de Satan. 1977: Le Zombie venu d'ailleurs. 1979: Outer Touch. 1979: La Terreur des Morts-vivants. 1981: Inseminoid. 1984: Warbirds Air Display. 1985: Person to Person. 1986: Gunpowder. 1987: Réveillon Sanglant. 1992: Meath School. 1993: Buzz.


Aberration filmique signée Norman J. Warren, petit artisan british à qui l'on doit les classiques bisseux Inseminoid, Le zombie venu d'ailleurs et le non moins sympathique l'Esclave de Satan, Réveillon sanglant demeure une série Z aussi insipide que poussive. Car il faut bien avouer il n'y a quasiment rien à sauver au sein de ce naufrage, croisement risible entre Evil-Dead, la Croisière s'amuse et le Carnaval des Ames ! Des comédiens inexpressifs incarnant des personnages bêtas dénués de distinction en passant par un pitch grotesque éludé de cohérence (notamment cette faille spatio-temporelle afin de justifier la routine des fantômes figés en 1959 lors d'un bal de St-Sylvestre !), Réveillon Sanglant décuple l'ennui au gré de situations redondantes à la fois grand-guignolesques et rébarbatives (3 jeunes couples réfugiés sur une île seront persécutés par des zombies jusqu'à ce que mort s'ensuive !). On se console modestement sur la poésie morbide de certaines scènes chocs particulièrement débridées (voire tantôt gores) en escomptant son générique de fin d'une rare platitude.


Une ânerie dégingandée à réserver uniquement aux nostalgiques de la Cinq... ^^

Bruno Matéï
3èx

mercredi 20 septembre 2017

CA ("il" est revenu)

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site lazy-bum.com

"It" de Tommy Lee Wallace. 1990. U.S.A/Canada. 3h04. Avec Harry Anderson, Dennis Christopher, Richard Masur, Annette O'Toole, Tim Reid, John Ritter, Richard Thomas, Tim Curry.

Diffusion TV, U.S: 18 Novembre 1990

FILMOGRAPHIETommy Lee Wallace est un réalisateur, monteur, acteur et scénariste américain, né en 1949 à Somerset, dans le Kentucky (Etats-Unis). 1982: Halloween 3. 1988: Aloha Summer. 1988: Vampires, vous avez dits vampires 2. 1990: Ca (télé-film). 1991: And the sea will tell (télé-film). 1992: The Comrades of Summer (télé-film). 1992: Danger Island (télé-film). 1994: Witness to the execution (télé-film). 1994: Green Dolphin Beat (télé-film). 1996: Born Free: A New Adventure (télé-film). 1996: Alliance Interdite (télé-film). 1997: Steel Chariots (télé-film). 1998: Une Voleuse de charme (télé-film). 1998: l'Ultime Verdict (télé-film). 2002: Vampires 2 - Adieu Vampires. 2010: Helliversity.


Conçu pour la TV, Ca est l'adaptation édulcorée d'un copieux roman de Stephen King publié en 1986. Précédé d'une réputation notable auprès d'une certaine génération de spectateurs, particulièrement impressionnés par la physionomie effrayante de son boogeyman cloownesque, cette variation sur l'affres de la peur réussit en partie à provoquer l'effet escompté. Après être parvenus à détruire un mystérieux clown kidnappeur d'enfants, sept amis se réunissent 30 ans plus tard afin de combattre une ultime fois leur terreur infantile. Scindé en deux parties distinctes, l'action se situe de prime abord à la fin des années 50 dans une contrée bucolique du Maine des Etats-Unis. A travers des flash-back alternant passé et présent, l'intrigue nous remémore l'amitié solidaire d'un groupe de 7 enfants (surnommés "le Club des ratés" !), incessamment persécutés par un clown diabolique planqué sous les égouts. Epris d'hallucinations collectives émanant de ces pouvoirs surnaturels mais également victimes de brimades envers un trio hostile de durs à cuire, nos petits héros vont devoir s'unifier afin de mieux se prémunir et repousser leurs pires frayeurs. Visuellement soigné dans sa reconstitution archaïque des fifties, Tommy Lee Wallace souhaite nous confronter à l'inquiétude grandissante de cette poignée de héros juvéniles aussi couards que vaillants à repousser le Mal.


De manière introspective, le réalisateur nous confronte à leurs tourments cérébraux, leurs doutes et leur crainte pour tenter de déjouer un ignoble clown dévoreur d'enfants. Baptisé "Grippe-sou" ou "Ca", il s'approprie lâchement de la peur candide des enfants pour les entraîner vers les sous-sols d'un égout érigé sous les Lumières-Mortes. La bonhomie attachante des personnages juvéniles confrontés à moult évènements terrifiants (visions sanglantes d'hallucinations surnaturelles que seul un enfant apeuré peut percevoir) et leur caractère bien distinct véhiculent chez le spectateur une indéniable empathie. D'autant plus qu'ici le monstre hybride auquel il s'opposent adopte une forme rassurante de clown railleur. Une entité machiavélique aussi insidieuse que perfide pour tenter d'amadouer l'enfant candide, proie facilement plus influençable que la responsabilité de l'adulte. La seconde partie restitue l'action du faubourg de Derry au début des années 90, c'est à dire 30 ans après que les sombres évènements s'y soient déroulés. Nous retrouvons donc l'existence esseulée de chacun de nos protagonistes confrontés à une piètre vie amoureuse et amicale mais nantis d'une situation professionnelle plutôt avantageuse. Réunis une seconde fois après l'engagement commun d'un pacte si Ca était amené à renaître un jour, nos héros aujourd'hui adultes vont renouer avec leur réminiscence traumatique afin d'exorciser leur pire terreur à double visage ! A savoir, combattre Spoil ! une entité arachnide venue d'un autre monde Fin du Spoil derrière sa défroque criarde de clown (un subterfuge vestimentaire afin d'amadouer la naïveté de ces proies innocentes).


Grâce à l'originalité de son intrigue habilement conditionnée autour d'une icône démoniaque que nos héros molestés déjouent avec une densité psychologique aussi fragile que pugnace, Ca traite efficacement de l'esprit de cohésion et d'amour pour repousser nos terreurs les plus préjudiciables. Par l'entremise singulière d'un clown brocardeur se nourrissant de nos craintes et de notre chair, Tommy Lee Wallace aborde enfin une réflexion sur le courage de vaincre notre lâcheté afin de braver la duperie du Mal. Sympathique, ludique, assez prenant et parfois anxiogène à défaut d'être transcendant pour laisser une empreinte indélébile dans le genre horrifique. 

Bruno Matéï
31.12.12. 2èx (120 v)

mardi 19 septembre 2017

DANS LES GRIFFES DE LA MOMIE

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site thetelltalemind.com

"The Mummy's Shroud" de John Gilling. 1967. Angleterre. 1h30. Avec André Morell, John Phillips, David Buck, Elizabeth Sellars, Maggie Kimberly, Michael Ripper, Tim Barrett.

Sortie salles Angleterre: 18 Juin 1967

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Gilling est un réalisateur et scénariste anglais, né le 29 Mai 2012 à Londres, décédé le 22 Novembre 1984 à Madrid (Espagne). 1957: Pilotes de haut-vol. 1958: Signes particuliers: néant. 1959: L'Impasse aux Violences. 1961: Les Pirates de la Nuit. 1962: L'Attaque de San Cristobal. 1966: L'Invasion des Morts-Vivants. 1966: La Femme Reptile. 1967: Dans les Griffes de la Momie. 1975: La Cruz del diablo.


Troisième et dernier opus consacré à la "momie", Dans les Griffes de la Momie surpasse de loin et à tous les niveaux le médiocre Les Maléfices de la Momie tourné en 64. Réalisé par l'illustre John Gilling, (l'Impasse aux Violences, l'Invasion des Morts-vivants, la Femme Reptile), Dans les griffes de la Momie bénéfice de savoir-faire dans sa réalisation studieuse où rien n'est laissé au hasard quand bien même sa structure narrative donne chair à ses personnages sous le pivot d'une discorde familiale. 1920, Egypte. Stanley Preston, son épouse et quelques archéologues tentent de retrouver la sépulture du pharaon Kah-To-Bey. Sur place, avec une longueur d'avance, son jeune fils épaulé de Sir Basil Walden parviennent à dénicher son tombeau. Si ensuite les retrouvailles entre le fils et le père font d'abord preuve d'enthousiasme après une découverte aussi historique, la cupidité de ce dernier motive un geôlier à réveiller la momie afin de se venger de sa profanation. 


Efficace est le maître mot de cette intrigue à suspense décrivant avec attention les dissensions morales entre un fils et son père opportuniste alors qu'autour d'eux les morts pleuvent. Tout l'intérêt résidant dans leur contradiction houleuse à se disputer la meilleure conduite morale au moment même où une ambiance d'insécurité gagne du terrain au fil de crimes non élucidés. Par le biais de ces découvertes macabres exercées par une cause surnaturelle, nous en apprendrons un peu plus sur le comportement vaniteux, condescendant (ses rapports castrateurs avec son adjoint), égotiste et cupide de Stanley Preston avide de rentrer au bercail en compagnie de son trophée tant convoité. Alors que le fils, loyal et d'une saine raison, tentera vainement de le résonner, faute de son attitude aussi lâche qu'ingrate (notamment celle d'avoir envoyé en psychiatrie Sir Basil Walden après qu'il eut été mordu par un serpent). Au centre de leurs rapports intraitables, les épouses de ces derniers vont observer avec gravité et dépit cette déchéance familiale avant de se résigner à réagir de la manière la plus équitable. Emaillé de séquences chocs assez cruelles pour la mise à mort des victimes lâchement sacrifiées, Dans les griffes de la momie fait naître une empathie auprès de deux personnages qui ne méritaient pas pareil traitement alors que son angoisse sous-jacente séduit en intermittence avant de nous impressionner lors des apparitions cinglantes de la momie superbement maquillé sous ses épais bandages.


Série B mineure au sein de l'industrie de la prestigieuse Hammer, Dans les griffes de la momie n'en demeure pas moins un excellent divertissement horrifique d'un esthétisme exotique fulgurant (aussi bien ses décors naturels que domestiques assortis d'une photo polychrome), notamment de par son efficacité narrative soutenue à mettre en exergue une cellule familiale en crise.  

Eric Binford.
2èx

lundi 18 septembre 2017

LA RUEE DES VIKINGS

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

"Gli invasori" de Mario Bava. 1961. Italie. 1h20. Avec Cameron Mitchell, Alice Kessler, Ellen Kessler, George Ardisson, Andrea Checchi, Jean-Jacques Delbo.

Sortie salles France: 10 Juillet 1963. Italie: 7 décembre 1961

FILMOGRAPHIE:  Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire  , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).


Réalisé par le maître du gothisme italien, La ruée des Vikings surfe sur le succès du chef-d'oeuvre de Richard Fleischer, les Vikings avec beaucoup moins de talent. Faute principalement à une intrigue classique non dénuée d'intérêt mais dépourvue de suspense, d'intensité et de surprises. On se rabat alors son sympathique casting plus ou moins impliqué dans les enjeux guerriers, sur sa violence tantôt corsée pour l'époque et sur sa fulgurance formelle dont on remarque bien la patte stylisée du maître (photo flamboyante assortie d'éclairages surréalistes). Dispensable donc surtout venant de la part du maestro mais pour autant distrayant chez les amateurs de curiosité archaïque.

Bruno Matéï

vendredi 15 septembre 2017

MARY. Prix du Public, Deauville 2017

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Gifted" de Marc Webb. 2017. U.S.A. 1h41. Avec Chris Evans, Mckenna Grace, Jenny Slate, Octavia Spencer, Lindsay Duncan, Julie Ann Emery.

Sortie salles France: 13 Septembre 2017. U.S: 7 Avril 2017

FILMOGRAPHIEMarc Webb est un réalisateur américain né le 31 août 1974. 2009 : (500) jours ensemble. 2012 : The Amazing Spider-Man. 2014 : The Amazing Spider-Man : Le Destin d'un héros. 2017 : Mary. 2017 : The Only Living Boy in New York.


Prenant pour thème l'éducation parentale du point de vue d'une surdouée infantile que l'oncle et la grand-mère vont se disputer la garde devant un tribunal, Mary évite intelligemment les clichés usuels du mélo à faire pleurer dans les chaumières et du film de procès grâce à sa mise en scène ciselée, à son casting inscrit dans la sobriété et à ces enjeux d'une adversité parentèle imputée à une cause filiale. A savoir, doit-on réserver un traitement particulier chez les enfants surdoués quant à leur carrière scolaire ou au contraire les adapter à la société en compagnie d'enfants normaux ? Et comment peut-on rétablir un équilibre parental au sein du foyer lorsque la mère n'est plus ? Durant l'intense confrontation entre le fils et la mère se résignant à emporter la mise, le réalisateur épargne d'autant mieux les stéréotypes en nous brossant des personnages lucides au caractère fort mais d'une colère contenue afin d'éviter la fanfaronnade pour nous impressionner. Avec son visage de jeune bellâtre, Chris Evans parvient aisément à faire oublier sa photogénie "tape à l'oeil" par le biais d'une dimension humaine toute en retenue comme le soulignent les moments les plus bouleversants qu'il doit traverser lorsque ce dernier se résigne à placer sa nièce dans une famille d'accueil après un dilemme moral. Dans celle de la petite Mary, génie de la mathématique, Mckenna Grace crève littéralement l'écran par son naturel étonnamment mature pour un si jeune âge (7 ans s'il vous plait !) si bien que sa fraîcheur, sa spontanéité mais aussi son désarroi de se voir ballottée d'un foyer à un autre arracheront les larmes aux plus sensibles. Par son jeu expressif aussi bien dégourdi que sensible mais aussi par la maîtrise de ses sentiments, on peut peut-être prêter une allusion à l'acteur Ricky Schroeder lors de sa révélation du déchirant Champion, remake signé Franco Zeffirelli (et au sujet similaire - la dissension parentale pour la garde d'un enfant -).


Un joli mélo donc réalisé avec soin, efficacité, pudeur et humilité, et ce afin d'épargner sinistrose et pathos sous le pilier d'une intrigue intensément humaine militant contre l'exploitation (scientifique) d'un enfant grâce à l'amour d'une dignité paternelle.  

Eric Binford

jeudi 14 septembre 2017

LA ROSE ET LA FLECHE

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Robin and Marian" de Richard Lester. 1976. U.S.A. 1h46. Avec Sean Connery, Audrey Hepburn,
Robert Shaw, Richard Harris, Nicol Williamson, Denholm Elliott, Ronnie Barker.

Sortie salles France: 26 Octobre 1977. U.S: 21 Avril 1976

FILMOGRAPHIE: Richard Lester est un cinéaste américain né le 19 janvier 1932 à Philadelphie. 1962 : It's Trad, Dad! 1963 : La Souris sur la Lune. 1964 : Quatre garçons dans le vent. 1965 : Le Knack... et comment l'avoir. 1965 : Au secours! 1966 : Le Forum en folie. 1967 : Comment j'ai gagné la guerre.1968 : Petulia. 1969 : L'ultime garçonnière. 1973 : Les Trois Mousquetaires. 1974 : Terreur sur le Britannic. 1974 : On l'appelait Milady. 1975 : Le Froussard héroïque. 1976 : The Ritz. 1976 : La Rose et la Flèche. 1979 : Cuba. 1979 : Les Joyeux Débuts de Butch Cassidy et le Kid. 1980 : Superman 2. 1983 : Superman 3. 1984 : Cash-Cash. 1989 : Le Retour des Mousquetaires. 1991 : Get Back.


"Tu me trouves vieille et laide ? Tu aimes quelque chose en moi ? Il y a si longtemps que je n'ai rien ressenti. Je donnerai tout pour retourner 5 minutes dans le passé. Robin, sois méchant, fais moi pleurer !" Lady Marianne.
Sommet d'émotions Spoil ! inconsolables quant à l'issue tragique, inévitablement prévisible, que nous réserve son épilogue d'une cruelle noirceur fin du Spoil, La Rose et la Flèche fait parti de ses oeuvres maudites, de par sa rareté éhontée et le manque de reconnaissance du public et de la critique aussi discrets que timorés. D'une fragilité à fleur de peau pour ses thèmes opposant l'amour et la vieillesse du point de vue du couple, la Rose et la Flèche affiche le légendaire Robin des bois sous son aspect le plus humainement fragile en dépit de sa persuasion à braver l'usure du temps. L'intrigue relatant avec une évidente nostalgie ses moments intimistes avec son amour retrouvé puis sa dernière bataille contre le le shérif de Nottingham quand bien même Marianne (superbement campée par la délicieuse Audrey Hepburn en bonne soeur candide !) le suppliera de renoncer à ce dernier affront afin de rattraper leur temps perdu d'un amour galvaudé. Car en l'occurrence, et après avoir combattu sans relâche durant plus de 20 ans, Robin est persuadé de perdurer ses exploits héroïques pour à nouveau vaincre son ennemi, et ce en dépit de son âge avancé.


Derrière ce récit d'aventures médiévales entrecoupé de scènes d'actions aussi intenses que spectaculaires (outre la lourde tâche de Robin et Petit Jean d'escalader le rempart d'un château, on est surpris de la sauvagerie finale du mano a mano à l'épée que s'infligent jusqu'à épuisement le shérif et Robin) se tisse donc une fable sur le refus de vieillir et la peur du trépas. Pétris d'amour l'un pour l'autre mais terriblement amères et nostalgiques de leur passé révolu, Robin et Marianne tentent vainement de renouer avec leur amour d'autrefois, faute de la vanité de ce dernier obstiné à prouver à lui même et ses acolytes qu'il reste encore la légende de toujours. A travers ses sentiments d'orgueil, d'entêtement et d'égoïsme, Sean Connery se contredit face caméra avec un humanisme prude derrière son apparence virile car entaché d'un physique vieillissant et du regret d'être passé à côté de l'amour de sa vie. Bouleversant, pour ne pas dire déchirant Spoil ! lors de ses adieux invoqués avec sa douce Marianne, l'acteur nous transmet un tsunami d'émotions quant à son acceptation finale de céder à une rédemption macabre Fin du Spoiler. Grand moment de cinéma qui arrachera des larmes aux plus sensibles (le magnifique score gracile de John Barry y doit aussi beaucoup !), La Rose et la flèche se clôture de manière aussi belle qu'inique derrière le mythe d'un philanthrope aujourd'hui mis à nu face à ses propres sentiments de dépit !


D'une sensibilité, d'une fragilité et d'un lyrisme bouleversants, La Rose et la Flèche transfigure le cinéma d'aventures rétro avec réalisme, audace et intelligence, et ce tout en respectant les normes du divertissement. Car derrière ce poème sur l'atavisme de la vieillesse, les regrets du passé et la désillusion d'une jeunesse perdue s'y dévoile l'une des plus belles tragédies romantiques que le cinéma nous ait offert. Ambitieux mais modeste à immortaliser de manière couillue le personnage de Robin des Bois, Richard Lester nous prodigue un chef-d'oeuvre de mélancolie et de tendresse sous l'impulsion du duo incandescent Audrey Hepburn / Sean Connery

Clin d'oeil à Gilles Vannier et Berangere S. De Condat-Rabourdin 
Bruno Dussart
3èx

mercredi 13 septembre 2017

LA VACHE ET LE PRISONNIER

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

d'Henri Verneuil. 1959. France. 1h52. Avec Fernandel, René Havard, Ingeborg Schöner, Bernard Musson, Ellen Schwiers, Pierre Louis, Franziska Kinz, Maurice Nasil.

Sortie salles France: 16 Décembre 1959

FILMOGRAPHIEHenri Verneuil (Achod Malakian) est un réalisateur et scénariste français d'origine arménienne, né le 15 octobre 1920 à Rodosto (Turquie), décédé le 11 janvier 2002 à Bagnolet. 1951: La Table aux crevés. 1952: Le Fruit Défendu. 1952: Brelan d'As. 1953: Le Boulanger de Valorgue. 1953: Carnaval. 1953: l'Ennemi public numéro 1. 1954: Le Mouton a 5 pattes. 1955: Les Amants du Tage. 1955: Des Gens sans importance. 1956: Paris, palace Hôtel. 1957: Une Manche et la belle. 1958: Maxime. 1959: Le Grand Chef. 1959: La Vache et le Prisonnier. 1960: l'Affaire d'une Nuit. 1961: Le Président. 1961: Les Lions sont lâchés. 1962: Un Singe en Hiver. 1963: Mélodie en sous-sol. 1963: 100 000 Dollars au Soleil. 1964: Week-end à Zuydcoote. 1966: La 25è Heure. 1967: La Bataille de San Sebastian. 1969: Le Clan des Siciliens. 1971: Le Casse. 1972: Le Serpent. 1975: Peur sur la ville. 1976: Le Corps de mon ennemi. 1979: I comme Icare. 1982: Mille Milliards de Dollars. 1984: Les Morfalous. 1991: Mayrig. 1992: 588, rue du Paradis.


Record de l'année 1959 puisqu'il engrange plus de 8 844 199 entrées (excusez du peu !), La Vache et le Prisonnier s'est taillé depuis sa sortie triomphante une réputation de grand classique de la comédie populaire comme le souligne également ses multi rediffusions télévisuelles. D'après une histoire vraie aussi insolite qu'improbable, la Vache et le prisonnier relate les pérégrinations champêtres du prisonnier de guerre français, Charles Bailly, accompagné d'une vache allemande, Marguerite, afin de passer incognito devant l'ennemi allemand. Son périple semé d'embûches et de rencontres impromptues vont aboutir à un dénouement particulièrement ubuesque si bien que le récit au suspense subitement progressif s'alloue d'une tonalité inopinément caustique Spoil ! quant aux subterfuges infructueux de Charles à regagner la France de son plein gré fin du Spoil. Incarné par le monstre sacré Fernandel d'une spontanéité sémillante dans celui d'un prisonnier au grand coeur pour autant empoté, La Vache et le Prisonnier conjugue humour et tendresse derrière une sombre page de notre histoire (stock-shots explosifs en sus afin de mettre en exergue le constat alarmiste d'une Allemagne en conflit mondial).


A travers un récit initiatique que le héros inculque d'après l'amour de son animal de compagnie (son "passe-partout"dira t'il !), Henri Verneuil nous interpelle en filigrane sur la condition animale destinée à finir dans nos assiettes lorsqu'il s'agit d'une vache que Charles se promet de respecter en guise d'adieu. A savoir, s'abstenir au final de manger du veau pour le restant de ses jours grâce à leurs sentiments partagés. Poignant et émouvant à travers ses séquences intimistes de tendresse et de complicité amicale, Henri Verneuil évite l'écueil d'une émotion programmée grâce à la sobriété d'un Fernandel profondément attachant (mais jamais mielleux dans son regard grave, voir bouleversé) et à l'intelligence de sa réalisation ne grossissant jamais le trait de la dramaturgie lors des séquences les plus émotives. Alternant les situations parfois cocasses (la tentative de Charles à rebrousser chemin d'un pont que les allemands vont traverser alors que Marguerite refuse à faire marche arrière) avec d'autres moments plus intenses de par son contexte de survie précaire (la démarche couillue de Charles à dérober de la nourriture aux allemands lors d'une nuit diluvienne), La Vache et le prisonnier insuffle un rythme soutenu au sein d'une aventure onirique (noir et blanc expressif à l'appui). Tant auprès des magnifiques décors d'une campagne solaire que nos héros traversent sans se presser que des forêts nocturnes d'un crépuscule tantôt féerique lors des trêves de sommeil.


Réalisé avec une attention scrupuleuse par le maître touche-à-tout Henri Verneuil, La Vache et le Prisonnier s'octroie d'une belle simplicité pour nous narrer une évasion de longue haleine aussi pittoresque que singulière sous l'impulsion sentimentale de l'homme et l'animal. Un message de tolérance en somme, une réflexion sur le végétarisme si je me réfère au triste sort réservé à nos bovins alors qu'ici cette histoire vraie tend à prouver que ces derniers pourraient bénéficier d'un traitement de faveur aussi équitable que le chien et le chat si nous savions en tirer une leçon d'éthique. 

Bruno Matéï
2èx 

mardi 12 septembre 2017

BABY DRIVER

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

d'Edgar Wright. 2017. U.S.A. 1h53. Avec Ansel Elgort, Kevin Spacey, Lily James, Jon Hamm, Jamie Foxx, Eiza González, Jon Bernthal.

Sortie salles France: 19 Juillet 2017. U.S: 28 Juin2017

FILMOGRAPHIE: Edgar Wright est un réalisateur et scénariste britannique, né le 18 avril 1974 à Poole, dans le Dorset (Royaume-Uni). 1994 : A Fistful of Fingers. 2005 : Shaun of the Dead. 2007 : Hot Fuzz. 2010 : Scott Pilgrim. 2013 : Le Dernier Pub avant la fin du monde. 2017 : Baby Drive.


Divertissement bourrin taillé sur mesure pour le grand public si je me réfère à sa pétulante bande-annonce, Baby Driver est beaucoup plus qu'un simple produit pop-corn (façon Fast and Furious) conçu pour rameuter les foules. Réalisé par le surdoué Edgar Wright dont on ne compte plus les réussites (sa filmo ressemble à un arc en ciel pour son amour du ciné de genre), Baby Driver est une madeleine de Proust aussi jouissive qu'intelligente dans le paysage aseptique de l'actionner movie. Et ce en dépit d'éclairs de violence assez réalistes qui pourrait toutefois impressionner le plus jeune public alors que sa facture détonante (et hybride) de conte de fée fait preuve d'une franche tendresse auprès du couple en étreinte (son final romantique s'avérant d'une vibrante émotion sans tirer pour autant sur la corde du sirupeux !). En tablant sur une idée empruntée à Driver et Drive (un chauffeur de braqueurs, as de la conduite, multiplie les poursuites effrénées sans jamais se faire alpaguer par la police), Baby Driver dresse l'attachant portrait d'un jeune orphelin pris dans la tourmente de la pègre et de la criminalité depuis la mort de ses parents. Le réalisateur prenant notamment soin de nous renseigner sur son passé infantile par le biais de flash-back concis assez poignants. Sa grande particularité (pour ne pas dire son addiction justifiée d'un passé traumatique) est d'écouter à plein volume de la musique sur son Ipod à chacune de ses missions jonchées d'embardées. Et sur ce point, Edgar Wright maîtrise admirablement la lisibilité des poursuites vertigineuses et gunfights par le biais du montage ciselé.


Contraint de rembourser une dette à son boss, Baby est bientôt apte à retrouver son autonomie au moment même de s'éprendre de la jeune serveuse, Debora. Mais son patron bien conscient de son statut de surdoué de la vitesse n'entend pas libérer de sitôt son poulain. Pourvu d'un scénario simpliste contrebalancé de rebondissements et d'idées retorses souvent surprenants, Baby Driver ne cède jamais à la facilité d'une vaine esbroufe grâce à une structure narrative solide. Mené sur le rythme trépidant d'une bande-son alternant constamment la soul et la pop-rock, la réalisation fringante d'Edgar Wright multiplie les expérimentations techniques avec une invention en roue libre. Coloré et fun au sein d'une cité urbaine en ébullition, truffé de dialogues créatifs par des personnages hauts en couleur formant une complicité davantage délétère (même Jamie Foxx s'avère convaincant dans un second-rôle égotiste !), Baby Driver carbure à l'adrénaline de la vitesse et de l'action explosive sous l'impulsion humaine d'un anti-héros en quête de rédemption. A cet égard iconique, le jeune acteur Ansel Elgort retransmet avec une belle dignité son dilemme de se compromettre à nouveau à la corruption au moment même d'une remise en question amoureuse et parentale (son attention scrupuleuse portée à son père adoptif). A travers son périple jonché de bévues meurtrières et de soumission morale, on peut d'ailleurs y déceler une métaphore sur le passage à l'âge adulte après l'acceptation du deuil parental.


Généreux en diable par son action chorégraphique époustouflante de vigueur et de maestria (nous nous accrochons à notre fauteuil au moindre écart de conduite !), et semé d'instants de cocasserie et de tendresse (le couple formé par Baby/Debora dégage une innocence parfois bouleversante quant à leur destinée indécise), Baby Driver redynamise le VRAI spectacle du samedi soir sous l'autorité infaillible d'un nouveau maître du divertissement pétri d'amour et de sincérité envers son public. Une authentique fable Rock'n Roll en somme assorti d'un brio technique étourdissant ! 

Bruno Dussart.