samedi 23 septembre 2017

CA

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"It" de Andrés Muschietti. 2017. U.S.A. 2h15. Avec Bill Skarsgård, Jaeden Lieberher, Jeremy Ray Taylor, Sophia Lillis, Finn Wolfhard, Wyatt Oleff, Chosen Jacobs.

Sortie salles France: 20 Septembre 2017. U.S: 8 Septembre 2017

FILMOGRAPHIEAndrés Muschietti est un scénariste et réalisateur argentin, né le 26 août 1973
2013: Mama. 2017: Ça.


« Le remake de Ça d'Andy Muschietti réussit à aller au-delà de mes attentes. Relaxez. Attendez. Et appréciez. ». Stephen King. 
Meilleur démarrage de tous les temps pour un film d'horreur (50 425 786 $ pour son premier jour d'exploitation) qui plus est renforcé de critiques élogieuses outre-atlantique, Ca est la 1ère adaptation ciné du célèbre roman de Stephen King après que Tommy Lee Wallace se soit prêté à un (sympathique) traitement télévisuel en 1990. Récit d'aventures initiatiques au sein d'une horreur cartoonesque, Ca constitue une fabuleuse pochette surprise dans son melting-pot d'action et d'épouvante en roue libre. Plongée en apnée dans le désagrément de la peur du point de vue d'ados à la fois chétifs et débrouillards, Ca exploite les thèmes du dépassement de soi, de la maturité, de la solidarité, voir aussi de l'inceste avec une efficacité permanente. Car si les séquences horrifiques scandées d'une bande-son assourdissante et d'un montage percutant ne font pas preuve de subtilité, Andrés Muschietti est suffisamment habile et talentueux pour ne pas faire sombrer le navire dans une redondance rébarbative. Et ce grâce en priorité à la prestance sardonique du clown habituellement conçu pour amuser et faire rire la galerie comme il est de coutume dans les festivités du cirque.


Détourné en l'occurrence au profit d'une horreur malsaine par ses exactions cannibales (le traitement impitoyable réservé aux ados s'avère d'autant plus rigoureux notamment lorsqu'il s'agit de dénoncer en filigrane l'inceste d'un père abusif !), ce nouvel archétype railleur constitue donc un solide alibi pour cumuler les poursuites et situations horrifiques que chaque ado endure indépendamment avant de s'allier pour mieux combattre leur cause. Le clown, maître chanteur et affabulateur, manipulant d'autant mieux leur psyché au gré d'hallucinations collectives que ceux-ci matérialisent par leur manque de confiance, leurs sentiments de crainte de l'inconnu et de la peur du noir. Des séquences chocs originales, inventives, épiques et terrifiantes sensiblement influencées par l'imagerie débridée de Evil-dead et de la saga Freddy. Toutes ces péripéties savamment coordonnées et brillamment réalisées évitent donc la gratuité (chaque ado contraint d'affronter avec un courage inouï une terreur morbide à moult visages !) pour persévérer ensuite dans la vigueur d'une épreuve de force communautaire que ces derniers vont transcender durant un second round affolant. Outre la facture (diablement) ludique de leurs vicissitudes incessamment cauchemardesques, Ca bénéficie en prime d'une étude de caractère scrupuleuse (au sein de l'époque des années 80 !) si bien que les ados à l'esprit autonome s'avèrent censés (Bill, l'aîné non dupe du stratagème de grippe-sou à se fondre dans le corps de son défunt frère !), expressifs, pugnaces (au sens viscéral !) et profondément humains dans leurs bravoures de dernier ressort ! De par leur fragilité à se mesurer à plus fort que soi (notamment ce trio de délinquants littéralement lâche et fielleux qu'ils doivent en prime contrecarrer), leur élan de solidarité et leur éveil amoureux (l'épilogue des "au-revoir" insufflant une émotion candide bouleversante auprès d'un duo en éclosion sentimentale).


Horror Circus
Sorte de Stand by Me au vitriol (notamment pour ses thèmes tournant autour du difficile cap de la perte de l'être cher et du passage à l'âge adulte), Ca génère émotions fortes et poignantes quant à au sort précaire de nos héros sévèrement ballottés par un clown sans vergogne. Et à cet égard, et par son regard aussi patibulaire que magnétique, la prestance charismatique de Bill Skarsgård (nouvel icone diablotin du cinéma d'horreur !) provoque un malaise persistant lors de la plupart de ses apparitions (d'une gestuelle) outrancière(s), à l'instar du prologue anthologique n'hésitant pas à recourir à une horreur inopinément démonstrative lorsqu'il s'agit d'y sacrifier l'innocence. Une séquence glaçante, terriblement dérangeante, assurément le moment le plus choc et douloureux du film. Divertissement horrifique à la fois intelligent et audacieux par son climat sombre, malsain et terrifiant évoluant dans un cadre enfantin, Ca traite enfin et surtout de l'handicap de la peur du point de vue transitoire d'une adolescence en quête d'affirmation et de respect de l'autre. Une excellente première partie donc, en escomptant un second segment autrement plus adulte et encore plus éprouvant. 

Eric Binford

La critique de Peter Hooper
NO SPOLIER !
Note : 5 / 6
// Grime story //
Ou cas ou vous maniganceriez de m’attendre tapis dans l’ombre, grossièrement accoutré en Bozo et prés a bondir dans le but de m’effrayer : je ne souffre pas de coulrophobie! Même si vos intentions s’avéraient nobles, ne mangeant pas non plus de bonbons, vous risqueriez une décharge de Taser. Vous voila a présent au courant : ne passez pas a 5000 volts !
Immunisé contre cette phobie je pouvais donc découvrir cette nouvelle version du roman éponyme de Maître King, sans peur mais également sans reproche, car je n’ai jamais caché l’attente d’une relecture modernisée de celle de Tommy Lee Wallace. Bien que (forcément) grand fan, son fort datage du début des 90 et son format téléfilmesque ouvraient quelques belles perspectivistes, surtout lorsque l’on connaît le contenu prolixe de l’œuvre de référence.
Après sa mère veilleuse fantastico/épouvantable « Mama » (2013) , séduisante mais imparfaite Bisserie, on attendait une confirmation du talent d’Andrés Muschietti, détecté a travers quelques plans. Si la scène introductive du gamin à la poursuite d’un bateau en papier achevant son voyage dans l’égout, constitue l’incontournable point d’ancrage roman/téléfilm, un nouveau traitement s’avérait forcément très piégeur. La forme originelle, auréolée d’un statut culte, pouvait suffire à démolir en cinq minutes les cent trente suivantes. Sans dévoiler quoi que se soit puisqu’elle est omniprésente dans tout les trailers, je m’avancerai juste a dire qu’il y manque un « morceau » de choix, réservé aux spectateurs en salle, et qui a lui seul permettra sûrement de « détacher » celle des 90’s de vos esprits…D’autant que l’on y découvre également le néo grippe-sou...sur lequel je reviendrai plus loin. Ce coup de maître introduit une réussite qui va s’avérer totale : nous sommes sans l’ombre d’un doute face a une œuvre charnière dans l’horreur post-moderne, je pèse mes mots.
Muschietti va respecter le background de l’histoire, mais en choisissant de la situer entièrement en 1988, le point d’arrivée du film de Wallace.
C’est la que l’on découvre le nouveau « club des ratés », un bande de jeunes dont les grossiers (et volontaires) stéréotypes vont se lisser très rapidement jusqu'à devenir la toile de fond absolument parfaite pour la mise en place de cette intrigue horrifique. Un excellent casting et une direction d’acteurs millimétrée qui vont contribuer, avec une reconstitution pertinente des années 80, à une parfaite immersion. Toute la force de la narration va reposer sur ces jeunes dont la caractérisation, entre ceux de « Stand by me » et des « Goonies », va leur donner toute légitimité pour arriver a surmonter leur peur et terrasser le « mal ». Du « petit gros » victimaire, au frère bègue du disparu en passant par le déconneur de service, sans oublier la nana de l’équipe, tous réinsufflent le parfum savoureux d’un teen movie vidéo-clubien, brillamment reconditionné pour être respiré et accepté par toutes les générations.
On sait que le roman de king, dans la première partie exploitée ici, portait sur le message du passage à l’age adulte. Muschietti va faire briller la métaphore. A ce titre le personnage de Beverly est le plus intéressant. La jolie Sophia Lillis, portrait craché de la Molly de « Breakfast club »(ce que ne manque pas de lui rappeler Richie -Finn Wolfhard- celui qui a « avalé un clown »…), est victime d’un père « très entreprenant », l’occasion de la scène la plus choquante du film ou dans une explosion d’hémoglobine très shining-ienne(…) se confondent le trouble des premières règles et la violence d’un possible viol : aussi puissamment graphique qu’incroyablement suggestif !
Et le clown dans tout « ça » ? Zut, J’allais oublier….
Exit la tenue iconique du personnage, idéale pour abuser de la confiance des enfants avec ses couleurs gaies et son air faussement amuseur. Le boogeyman maléfique est ici vêtu d’un costume défraîchi et usé lui conférant une allure théâtralisée le renvoyant au pittoresque clown blanc, sorte de Pierrot plus lunatique que lunaire. Chacune des scènes ou Grippe-sou ramène sa « fraise » on retient son souffle, surtout dans les gros plans sur son visage, sorte de mixe entre le faciès Joker-ien de Nicholson, et le regard de D'Onofrio pétant les plombs dans « Full metal jacket ». Une coquetterie dans l’œil lui confère un air définitivement effrayant. Si ce personnage est parfaitement réussit on le doit à la mise en scène de Muschietti, qui le renvoie volontiers à son statut originel de bouffon (sidérante scène ou on le voit gesticuler dans une roulotte en feu !), l’humour et les attitudes jamais très loin des putasseries d’un Freddy Krueger (clin d’œil fortement appuyé par cette affiche de « Nightmare on elm street » a l’entrée d’un ciné…). On pouvait rêver de le voir un peu plus souvent, mais le récit est si tellement intelligemment articulé autour de ces « ratés » que cela aurait probablement été néfaste pour le liant de l’histoire, et l’ensemble aurait perdu l’oxygène nécessaire pour réussir a affronter le monstre dans les égouts de la ville. Bill Skarsgård accomplit l’exploit (lui aussi…) de faire oublier Tim Curry. Son antre ou le réalisateur nous livre un bouquet final très Lovecraftien est esthétiquement époustouflante, comme pas mal d'autres plans !
Andrés Muschietti nous livre la meilleure car la plus sérieuse bobine horrifique vue depuis (très) longtemps. En réorchestrant habilement les nouveaux codes du genre a base de Jump scares ( assez rares pour fonctionner ), sans (trop) forcer sur le volume d’un sound design devenu au fil des années une simple agression auditive, sa mise en scène inspirant le respect a la fois des amoureux des fantasmes littéraires de Stephen King, des nostalgique du film de Wallace, ceux des 80’s (celle de mes années lycées) et des fétichistes de la VHS, et plus globalement celui des cinéphiles exigeants.
Avec ce Teen-horror-movie, respectueux de l’esprit originel, il échappe aux peaux de bananes de la classification PG-13 – pour une œuvre qui réussit à être aussi effrayante sur le fond qu’hypnotique sur la forme. A en devenir coulorphile : Magistral !

2 commentaires:

  1. sympa et ne pas oublié que Andrés Muschietti nous avait deja terrifié avec le plus que excellent MAMA en 2013

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  2. je suis partagé pour Mama un peu trop niais à mon sens, il faut que je le revois

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