mercredi 6 septembre 2017

EMBRASSE MOI VAMPIRE

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site ebay.fr

"Vampire's Kiss" de Robert Bierman. 1989. U.S.A. 1h43. Avec Nicolas Cage, Maria Conchita Alonso, Jennifer Beals, Elizabeth Ashley, Kasi Lemmons, Bob Lujan.

Sortie salles France: 17 Janvier 1990. U.S:  2 Juin 1989

FILMOGRAPHIE: Robert Bierman est un réalisateur, producteur et scénariste américain. 1986: Apologie (télé-film). 1988: Embrasse moi Vampire. 1994: Suicides sous influence (télé-film). 1997: The Moonstone (TV Movie). 1997: Keep the Aspidistra Flying


Comédie hilarante menée tambour battant de par l'abattage d'un Nicolas Cage résolument erratique dans celui d'un (faux) vampire moderne, Embrasse moi Vampire enchaîne les situations délirantes sous couvert d'une cruelle satire sur la solitude et le burn-out. Agent littéraire, Peter Loew cumule les conquêtes féminines d'un soir si bien que sa réputation dans les soirées mondaines le discrédite davantage. Consultant auprès d'une éminente psychiatre afin de canaliser ses tensions et pulsions sexuelles, il tente de rencontrer le véritable amour en se prenant pour un véritable vampire. Récompensé du Prix du Meilleur Acteur à Sitges, Nicolas Cage n'a pas volé son trophée pour se glisser dans la peau d'un patron abusif (il martyrise moralement et physiquement durant les 3/4 quarts du récit sa secrétaire - remarquablement campée avec fragilité par Maria Conchita Alonso - depuis l'égarement d'un contrat !) peu à peu hanté par une schizophrénie galopante depuis son échec sentimental.


Truffé de gags absolument désopilants grâce à sa posture excentrique à la fois ubuesque et pathétique, Embrasse moi Vampire est un festival "Nicolas Cage" comme on ne l'a jamais vu au préalable. Frénétique, insolent, rustre, harceleur, arrogant et cabotin en diable car totalement habité par son personnage psychotique, l'acteur nous offre sans doute l'une de ses meilleures performances, quand bien même lors d'une dernière partie aussi terrifiante que véritablement tragique il parvient également à susciter une émotion poignante avec un réalisme rigoureux. On est d'autant plus surpris de cette rupture de ton que le récit, limite parodique, parvient encore en intermittence à cultiver l'humour caustique lors de sa dégénérescence mentale accablée par sa condition d'immortel ! Car il faut le voir déambuler dans les rues nocturnes affublé de canines en plastique puis se calfeutrer chez lui le jour, colmater les fenêtres de son appartement du rayon solaire et enfin transformer son fauteuil en cercueil afin de vivre tel le prince des ténèbres. Jouant notamment la carte du fantastique parmi la présence de l'envoûtante Jennifer Beals en reine de la nuit par qui la morsure arriva, Embrasse moi Vampire se permet aussi de laisser planer une certaine ambiguïté jusqu'à mi-parcours narratif quant à la situation occulte et démunie de Peter plongé dans un dédale de visions horrifico-érotiques. Ce dernier harassé par sa responsabilité professionnelle et sa déroute sentimentale finissant par perdre pied avec la réalité au point de muter en véritable meurtrier.


Déjanté et désopilant au travers de gags verbaux et du mimétisme (clownesque) d'un Nicolas Cage transi d'émoi, mais aussi sentencieux lors de sa dernière demi-heure d'une épouvantable noirceur, Embrasse moi Vampire conjugue la comédie, le drame social et le fantastique auprès d'un duo fantasmatique se disputant l'(impossible) amour absolu. Un thème tristement actuel faisant écho à la croissance de la solitude et du célibat sur notre territoire (nous sommes plus de 18 millions d'après l'Insee) et ailleurs.

Eric Binford
4èx

La critique de Gilles Rolland: http://www.onrembobine.fr/star-video-club/critique-embrasse-moi-vampire/

Récompense:
Prix du Meilleur acteur, Nicolas Cage, Festival International du film fantastique de Sitges 89.

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