lundi 2 octobre 2017

GERALD'S GAME

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site en.wikipedia.org

de Mike Flanagan. 2017. U.S.A. 1h43. Avec Carla Gugino , Bruce Greenwood, Carel Struycken, Henry Thomas, Kate Siegel.

Sortie TV Netflix: 29 septembre 2017

FILMOGRAPHIEMike Flanagan, né en 20 mai 1978 à Salem (Massachusetts), est un cinéaste américain. 2000 : Makebelieve. 2001 : Still Life. 2003 : Ghosts of Hamilton Street. 2006 : Oculus: Chapter 3 - The Man with the Plan. 2011 : Absentia. 2013 : The Mirror (Oculus). 2016 : Pas un bruit (Hush). 2016 : Before I Wake. 2016 : Ouija : les origines. 2017 : Jessie (Gerald's Game).


Thriller psychologique singulier de par son contexte de survie tout en intimité et son traitement surréaliste réservé aux états d'âmes de l'héroïne en proie aux hallucinations, Gerald's Game est un superbe portrait de femme que Mike Flanagan traite avec autant de dignité que de réalisme. La banalité du quotidien s'exprimant ici à travers une étouffante situation de claustration au sein du cadre exigu d'une chambre tamisée. Réunis dans un chalet le temps d'un week-end, un couple en perdition tente d'offrir un second souffle à leur déconvenue sexuelle. Menottée au lit en guise de jeu lubrique, Jessie éprouve rapidement un malaise quant au comportement ambigu, pour ne pas dire sado-maso  de son époux. Mais suite à un malaise cardiaque, celui-ci succombe laissant Jessie complètement démunie depuis l'entrave de ses menottes. Attiré par le sang du cadavre tombé sur le sol, un chien errant pénètre dans la chambre. 


Abordant le drame psychologique sous couvert de thriller horrifique émaillé de quelques séquences gores (les exactions du chien cerbère et surtout un acte sacrificiel à la limite du supportable) ou angoissantes assez éprouvantes (notamment l'apparition de - l'éventuelle - "faucheuse"), Gerald's Game traite du traumatisme infantile avec une émotion rigoureuse. Car traitant des thèmes sulfureux de la pédophilie et de l'inceste au sein d'une famille dysfonctionnelle, la réminiscence que nous relate l'héroïne hantée de culpabilité extériorise un climat malsain plutôt déroutant et dérangeant. De par la froideur de sa mise en scène privilégiant un ton austère (voir aussi onirique au gré d'une éclipse lunaire) sous l'impulsion d'un jeu d'acteurs très convaincant. D'ailleurs, habituée aux seconds-rôles durant la majorité de sa carrière, Carla Gugino porte le récit sur ses épaules avec une dimension humaine souffreteuse. De par sa situation de survie d'extrême urgence auquel les minutes sont comptées et ces hallucinations récurrentes laissant planer un soupçon de folie contagieuse. Entièrement dédié à sa caractérisation fébrile et désorientée, le récit aride met en image ses pensées morales par le principe des fantômes de son esprit. Son défunt mari apparaissant régulièrement pour tenter de l'aiguiller ou de la contredire face à ses doutes et erreurs, quand bien même le double d'elle même tente de la rappeler au raisonnement d'un secret infantile préjudiciable.


C'est donc une initiation au courage et à la constance, une thérapie interne que nous relate singulièrement Mike Flanagan par le biais d'un récit de Stephen King aussi captivant que d'une âpre cruauté. L'héroïne en chute libre corporelle (voire aussi morale) parvenant in extremis par son épreuve à châtier ses démons afin d'accepter le deuil d'un inceste. Une excellente adaptation d'une belle dignité humaine parvenant avec maîtrise à élever le thriller à une dimension autrement plus substantielle pour le traitement de ses personnages torturés. 

Eric Binford.

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