vendredi 6 octobre 2017

LA TRAVERSEE DE PARIS

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Claude Autant Lara. 1956. France/Italie. 1h20. Avec Jean Gabin, Bourvil, Louis de Funès, Jeannette Batti, Jacques Marin, Robert Arnoux, Georgette Anys.

Sortie salles France: 26 Octobre 1956

FILMOGRAPHIE: Claude Autant-Lara, ou Claude Autant, est un réalisateur français, né le 5 août 1901 à Luzarches et mort le 5 février 2000 à Antibes. 1931 : Buster se marie. 1931 : Le Plombier amoureux. 1932 : L'Athlète incomplet. 1933 : Ciboulette. 1937 : L'Affaire du courrier de Lyon (coréal). 1938 : Le Ruisseau (coréal). 1939 : Fric-Frac (coréal). 1940 : The Mysterious Mr Davis. 1941 : Le Mariage de Chiffon. 1942 : Lettres d'amour. 1943 : Douce. 1946 : Sylvie et le Fantôme. 1947 : Le Diable au corps. 1949 : Occupe-toi d'Amélie. 1951 : L'Auberge rouge. 1952 : Les 7 péchés capitaux. 1953 : Le Bon Dieu sans confession. 1954 : Le Blé en herbe. 1954 : Le Rouge et le Noir. 1955 : Marguerite de la nuit. 1956 : La Traversée de Paris. 1958 : Le Joueur. 1958 : En cas de malheur. 1959 : La Jument verte. 1960 : Les Régates de San Francisco. 1960 : Le Bois des amants. 1961 : Tu ne tueras point. 1961 : Le Comte de Monte-Cristo. 1961 : Vive Henri IV, vive l'amour. 1963 : Le Meurtrier. 1963 : Le Magot de Josefa. 1965 : Humour noir. 1965 : Journal d'une femme en blanc. 1966 : Nouveau journal d'une femme en blanc. 1967 : Le Plus Vieux Métier du monde. 1968 : Le Franciscain de Bourges. 1969 : Les Patates. 1973 : Lucien Leuwen (Serie TV). 1977 : Gloria.


Grand classique de la comédie française ayant cumulé à sa sortie plus de 4 893 174 entrées, La Traversée de Paris est l'occasion de réunir 3 monstres sacrés du cinéma d'après-guerre parmi lesquels Louis de Funès (dans un rôle éloquent mais assez discret il faut avouer), Bourvil et surtout Jean Gabin formant tous deux un duo impromptu aux caractères bien trempés. Tourné dans un noir et blanc étrangement expressionniste et envoûtant (on se croirait d'ailleurs parfois dans un vieux film d'épouvante de l'âge d'or !), l'action se situe durant l'occupation allemande en plein Paris (bien que la plupart des scènes furent tournées en studio !). Sous la houlette de l'épicier Jambier, Martin exerce un travail au noir, à savoir achalander de la viande chez un revendeur, de la rue Poliveau à la rue Lepic. Contraint de collaborer avec Grandgil, un inconnu abordé dans un café du coin, ils vont arpenter Paris la nuit avec sous leurs bras 4 valises contenant chacune de la viande de cochon. Entre prises de bec et échanges amicaux, un périple haletant s'ouvre à eux si bien que la police française et l'armée allemande opèrent en intermittence quelques rondes.


Comédie caustique traitant de l'illégalité du marché noir dans grave contexte de guerre mondiale, la Traversée de Paris empreinte le schéma du road movie "à pied" sous l'impulsion galvanisante de deux personnages que tout oppose. Bourvil endossant le faire-valoir avec crainte et contrariété, excès d'orgueil et de colère afin de tenter d'intimider son complice que l'impressionnant Jean Gabin incarne avec un tempérament volcanique. De par sa forte voix éraillée et sa corpulence aussi bien virile que râblée, ce dernier cumule brimades et jeux de manipulation entre son partenaire (et le fourbe Jambier) afin d'évaluer leur courage et leur force morale. Alternant les séquences burlesques par le biais d'affrontements psychologiques exubérants que se disputent fertilement Martin et Grandjil, avec d'autres moments plus sombres (notamment ce final soudainement alarmiste présageant le spectre d'exécutions sommaires), La Traversée de Paris affiche une facture atypique au sein du paysage français de la comédie des années 50. Claude Autant Lara parvenant intelligemment à gérer une structure narrative étonnante car d'autant plus subtile et finaude qu'elle n'y parait (notamment à travers le personnage si badin et manipulateur de Grandjil non exempt d'empathie envers son compère).


Dénonçant en filigrane l'hypocrisie, le profit et la lâcheté de certains "pauvres" dans un contexte de survie d'occupation allemande, ("ses salauds de pauvres" s'exprimera ironiquement à deux reprises Grandjil !), la Traversée de Paris utilise de manière aussi couillue qu'inopinée le ressort burlesque au sein d'un climat de peur, d'inquiétude et de tension sous-jacentes (ou autrement tangibles). Spoil ! Et ce juste avant de nous libérer de cette éventuelle charge dramatique pour y vanter les mérites d'une retrouvaille amicale aussi inventive que sémillante Fin du Spoil.

Bruno Dussart.
2èx

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