mardi 17 octobre 2017

LE CLAN DES SICILIENS

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Henri Verneuil. 1969. France/Italie. 2h05. Avec Jean Gabin, Alain Delon, Lino Ventura, Irina Demick, Yves Lefebvre, Marc Porel, Elisa Cegani, Amedeo Nazzari, Danielle Volle, Philippe Baronnet.

Sortie salles France: 5 Décembre 1969

FILMOGRAPHIE: Henry Verneuil (de son vrai nom Achod Malakian) est un réalisateur et scénariste  français d'origine arménienne, né le 15 Octobre 1920 à Rodosto, décédé le 11 Janvier 2002 à Bagnolet. 1951: La Table aux crevés. 1952: Le Fruit Défendu. 1952: Brelan d'As. 1953: Le Boulanger de Valorgue. 1953: Carnaval. 1953: l'Ennemi public numéro 1. 1954: Le Mouton a 5 pattes. 1955: Les Amants du Tage. 1955: Des Gens sans importance. 1956: Paris, palace Hôtel. 1957: Une Manche et la belle. 1958: Maxime. 1959: Le Grand Chef. 1959: La Vache et le Prisonnier. 1960: l'Affaire d'une Nuit. 1961: Le Président. 1961: Les Lions sont lâchés. 1962: Un Singe en Hiver. 1963: Mélodie en sous-sol. 1963: 100 000 Dollars au Soleil. 1964: Week-end à Zuydcoote. 1966: La 25è Heure. 1967: La Bataille de San Sebastian. 1969: Le Clan des Siciliens. 1971: Le Casse. 1972: Le Serpent. 1975: Peur sur la ville. 1976: Le Corps de mon ennemi. 1979: I comme Icare. 1982: Mille Milliards de Dollars. 1984: Les Morfalous. 1991: Mayrig. 1992: 588, rue du Paradis.


Triomphe en salles à sa sortie avec plus de 4 821 585 entrées, le Clan des Siciliens est la réunion de talents hors-pair qu'Henri Verneuil s'est permis de recruter parmi lesquels Jean Gabin, Alain Delon et Lino Ventura, et ce afin de parfaire un polar de l'ancienne école. Production franco-italienne, le cinéaste s'entoure également de la contribution d'Ennio Morricone pour transfigurer une mélodie élégiaque restée dans toutes les mémoires. Un thème métronomique que l'on entend tout le long du récit car collant si bien aux sobres déplacements d'une mafia partagée entre son orgueil professionnel et la rancune d'un code d'honneur conjugal bafoué. A peine évadé de prison, Roger Sartet propose à son ami sicilien de dévaliser une bijouterie avec l'accord du patriarche Vittorio. Réticent de prime abord, ce dernier finit par céder au vu de son alléchant casse notamment lorsque Roger lui annonce qu'il possède la topographie de la bijouterie. Mais une idée plus judicieuse amène Vittorio à reconsidérer leur plan. 


Film policier d'une distinction impériale si je me réfère au jeu dépouillé des 3 monstres sacrés cités plus haut, Le Clan des Siciliens constitue un grand moment de cinéma sous l'autorité infaillible d'Henri Verneuil érigeant, une fois n'est pas coutume (pointe d'ironie !), un modèle de mise en scène. Notamment auprès de l'épicentre du suspense, un fameux détournement d'avion qu'imposera la famille Manalese avec un flegme imperturbable si bien qu'aucune violence n'est imputée aux passagers (à l'exception d'un seul un brin zélé que Roger corrigera d'un coup de pied !). Une séquence d'anthologie d'une subtile intensité par sa coordination professionnelle réfutant tout dérapage criminel sous le pilier d'un habile montage à couper au rasoir. Outre la solidité de l'intrigue à la structure symétrique et un rebondissement aussi retors que dérisoire quant à la déroute du clan mafieux (une simple trahison d'adultère), Henri Verneuil transcende sa mise en scène au cordeau avec l'appui de ses trois immenses acteurs d'un charisme viril qu'on ne retrouve plus dans le cinéma mainstream. Ventura/Delon/Gabin jouant le jeu du chat et de la souris pour la mise du pouvoir dans une posture à la fois impassible, caractérielle et bourrue.


Chef-d'oeuvre du polar français emprunt d'une touche transalpine auprès de l'intense mélodie du maestro Morricone et chez ses seconds-rôles photogéniques (outre les frères de la famille Manalese au regard torve, on est aussi sensible à l'implication véreuse et fragile de la soeur de Roger, et à celle compromise dans une adultère aléatoire !), Le Clan des Siciliens perdure son pouvoir de séduction et de fascination, de par sa narration plausible (on croit dur comme fer au casse du siècle !) et le romantisme (tragique) qu'insuffle le trio divergeant, Delon/Gabin/Ventura. Du grand art ! 

Bruno Dussart
3èx

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