mercredi 8 novembre 2017

DUELLISTES. Prix de la première oeuvre, Cannes 77.

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site dvdclassik.com

"The Duellists" de Ridley Scott. 1977. Angleterre. 1h40. Avec Harvey Keitel, Keith Carradine, Albert Finney, Edward Fox, Cristina Raines, Robert Stephens, Pete Postlethwaite.

Sortie salles France: 31 Août 1977. Angleterre: Décembre 1977

FILMOGRAPHIE: Ridley Scott est un réalisateur et producteur britannique né le 30 Novembre 1937 à South Shields. 1977: Duellistes. 1979: Alien. 1982: Blade Runner. 1985: Legend. 1987: Traquée. 1989: Black Rain. 1991: Thelma et Louise. 1992: 1492: Christophe Colomb. 1995: Lame de fond. 1997: A Armes Egales. 2000: Gladiator. 2001: Hannibal. 2002: La Chute du faucon noir. 2003: Les Associés. 2005: Kingdom of heaven. 2006: Une Grande Année. 2007: American Gangster. 2008: Mensonges d'Etat. 2010: Robin des Bois. 2012: Prometheus. 2017: Alien Covenant.


Avant de nous pondre son chef-d'oeuvre séminal Alien, précurseur de l'horreur stellaire (même si la Planète des Vampires imposa préalablement sa signature "vintage"), Ridley Scott réalise un coup de maître pour une première oeuvre récompensée à Cannes l'année même de sa sortie. Inspiré d'une histoire vraie assez ubuesque, voire improbable lorsqu'un lieutenant et un brigadier-général n'auront de cesse de se provoquer en duel sur une période longiligne de 15 ans (20 ans selon les faits historiques dixit Wikipedia !), Duellistes est la rencontre au sommet de deux éminents acteurs, Harvey Keitel / Keith Carradine. Ces derniers formant à l'écran un duo fébrile d'officiers opiniâtres, faute de l'entêtement de l'un d'eux furieusement féru de rancoeur, caprice et orgueil autour de sa question d'honneur. Car mécontent de se retrouver aux arrêts d'après le prompt avertissement d'Hubert, Féraud provoque sur le champ celui-ci en duel par esprit de supériorité.


L'ironie de cet affrontement aussi insolent, c'est que son adversaire, de prime abord pacifiste, loyal et indulgent, finit pour une éthique d'honneur et de dignité par céder à l'influence vindicative de Féraud après s'être à nouveau provoqués lors d'un sanglant duel. Multipliant les points de rencontres au sein d'une campagne aphone afin de parfaire leurs joutes à l'épée mais aussi à l'arme à feu, Féraud et d'Hubert se laissent dériver vers une révolte suicidaire alors que ce dernier impuissant à calmer les tensions ne peut que se résigner à affronter une ultime fois son partenaire. Les combats extrêmement violents, voir parfois mêmes barbares, insufflant un réalisme acéré auprès des chorégraphies épiques que Scott filme au plus près des corps estropiés, caméra agressive à l'épaule en sus ! Transcendé par ce jeu d'acteurs intense aux trognes minées par le désagrément, l'égoïsme, la peur et la haine, Duellistes se permet sous leur impulsion fielleuse et victorieuse d'y transfigurer le cadre historique auquel ils évoluent (communément et indépendamment !). De par le stylisme d'une nature sensitive et des postures (parfois) statiques des figurants que l'on croirait extraits de fresques picturales. La mise en scène épurée soucieuse du détail formel structurant autour des faits et gestes des personnages un florilège de toiles avec un art consommé de l'architecture.


Baignant dans une atmosphère ouateuse de plénitude champêtre où le crépuscule cède parfois place à une horizon funeste, Duelliste tire-parti de sa vigueur en l'expression forcenée de deux acteurs soumis à la violence des armes car empiétés dans la machine infernale de règlements de comptes infondés. Outre l'aspect aussi bien épique que romanesque d'une intrigue laissant aussi libre court aux accointances sentimentales (on est d'autant plus sensible à la mélodie timorée et sensuelle du score d'Howard Blake), Duellistes esquisse les corps meurtris autour d'une scénographie naturelle d'une fulgurance onirique à damner un saint. Une des plus belles réussites de son auteur. 

Eric Binford
3èx

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