lundi 6 novembre 2017

La Main du Diable

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Maurice Tourneur. 1943. France. 1h20. Avec Pierre Fresnay, Josseline Gaël, Noël Roquevert, Guillaume de Sax, Palau, Pierre Larquey, André Gabriello, Antoine Balpêtré.

Sortie salles France: 21 Avril 1943

FILMOGRAPHIE: Maurice Thomas, dit Maurice Tourneur, est un réalisateur français, né le 2 février 1876 à Paris 17e, mort le 4 août 1961. 1930 : Accusée, levez-vous ! 1931 : Maison de danses ; Partir. 1932 : Au nom de la loi ; Les Gaietés de l'escadron ; Lidoire. 1933 : Les Deux Orphelines ; L'Homme mystérieux (Obsession). 1933 : Le Voleur. 1935 : Justin de Marseille ; Kœnigsmark. 1936 : Samson ; Avec le sourire. 1938 : Le Patriote ; Katia. 1941 : Volpone. 1941 : Péchés de jeunesse ; Mam'zelle Bonaparte. 1942 : La Main du diable. 1943 : Le Val d'enfer. 1944 : Cécile est morte. 1948 : Après l'amour. 1948 : Impasse des Deux-Anges.


D'après une nouvelle de Gérard de Nerval, La Main du Diable est considérée (à raison) comme l'une des rares réussites françaises du cinéma Fantastique. Natif des années 40, ce divertissement fort bien mené par Maurice Tourneur et réalisé dans un noir et blanc parfois onirique (notamment pour ses éclairages expressionnistes) emprunte le mythe de Faust (s'épauler du diable pour contredire un destin malchanceux) avec une jolie efficacité. De par la condition désoeuvrée de la victime nantie d'un don maudit (celle d'avoir acheté une main afin d'obtenir succès professionnel et amour) car toujours plus contrainte de rembourser une dette outre-mesure au diable afin de ne pas lui céder son âme. Dans le rôle de la victime infortunée prise à parti avec ses  sentiments contradictoires de perdurer ou d'endiguer l'offrande surnaturelle, Pierre Fresnay parvient à intensifier l'intrigue grâce à sa caractérisation enflammée. L'acteur laissant s'exprimer son inquiétude, ses remords et son angoisse exponentielle avec une force de caractère irascible si bien que son entourage amical peine à l'épauler lors de ses démarches confuses, voir s'interroge même parfois sur son état mental comme le rapporte sa détestable épouse égotiste (que campe avec éloquence Josseline Gaël). Au gré d'un cheminement narratif oppressant émaillé de quelques rebondissements et revirements inattendus faisant intervenir le fantastique par le biais de personnages iconiques, Maurice Tourneur opte pour un Fantastique poétique, notamment parmi l'intervention des victimes de la main issues d'époques vétustes. Teinté de dérision auprès du personnage du malin que Pierre Palau endosse avec une (attractive) ferveur aussi bien badine que gouailleuse, La Main du diable fascine sous le pilier d'une intrigue machiavélique que le héros ne cesse de déjouer avec fébrile constance.


De par l'originalité de son scénario faisant intervenir les forces du Bien et du Mal avec une fantaisie insolite, son esthétisme monochrome contrasté (voir parfois envoûtant !) et l'intensité du jeu spontané de Pierre Fresnay, La Main du diable exploite lestement le genre fantastique parmi la sincérité de son auteur méticuleux dans l'art d'y conter son récit. 

Eric Binford.
3èx

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