jeudi 14 décembre 2017

LA FEMME DU BOULANGER

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Marcel Pagnol. 1938. France. 2h11. Avec Raimu, Ginette Leclerc, Charles Moulin, Fernand Charpin, Robert Vattier, Alida Rouffe, Maximilienne

Sortie salles France: 7 Septembre 1938.

FILMOGRAPHIE: Marcel Pagnol est un écrivain, dramaturge, cinéaste et producteur français, né le 28 février 1895 à Aubagne (Bouches-du-Rhône), et mort à Paris le 18 avril 1974 (à 79 ans). 1933 : Le Gendre de Monsieur Poirier. 1933 : Jofroi. 1935 : Merlusse. 1935 : Cigalon. 1936 : Topaze. 1936 : César. 1937 : Regain. 1938 : Le Schpountz. 1938 : La Femme du boulanger. 1940 : La Fille du puisatier. 1945 : Naïs. 1948 : La Belle Meunière. 1951 : Topaze. 1952 : Manon des sources. 1952 : Ugolin. 1954 : Les Lettres de mon moulin. 1967 : Le Curé de Cucugnan (téléfilm).


Dans un petit village provincial, Aimable Castanier perd pied avec la réalité à la suite de la disparition de sa jolie femme beaucoup plus jeune que lui. Désespéré à l'idée de la perdre, ou pire, d'être cocu avec un certain berger jaseront quelques témoins, il incite les villageois à partir à sa recherche. Pendant ce temps, Castanier refuse d'ouvrir sa boutique au grand dam de ses fidèles clients déconcertés par cet affaire d'état. 


Grand classique de la comédie d'avant guerre, la Femme du Boulanger est entré dans l'histoire du cinéma français grâce en priorité à sa séquence finale, moment d'anthologie d'une dérision dramatique aussi fragile que bouleversante lorsque Raimu assène ses sermons à son chat vadrouilleur au moment même où sa femme réapparaît au bercail. Scandé par la prestance du monstre sacré Raimu dans le rôle du Boulanger au bagout intarissable, la Femme du Boulanger aborde les thématiques de l'adultère et du pardon sur le ton de la cocasserie. Et ce avec un goût prononcé pour les dialogues ciselés au risque parfois même de ralentir l'action lors de bavardages un peu récursifs selon moi. Car d'une durée inhabituelle de 2h11 pour l'époque, le récit émaillé de grands moments de drôlerie et de tendresse s'attarde parfois un peu trop sur les confidences plaintives de Castanier (principalement lors de sa beuverie au bar du coin puis dans son foyer) livré à une solitude insurmontable.


Pittoresque, loufoque, voir parfois même hilarant (le métayer s'éternisant à détailler son témoignage  au boulanger d'avoir surpris sa femme dans les bras du berger), la Femme du Boulanger est notamment contrebalancé d'un climat de tendresse parfois poignant, voir parfois même d'une dramaturgie bouleversante lors de son épilogue resté dans toutes les mémoires. Réflexion sur l'incident de parcours d'une infidélité et l'éventuel pardon à y tolérer (si bien que l'erreur est humaine !), cette comédie viticole y dresse autant avec chaleur humaine les us et coutumes de paysans solidaires avec une poésie (verbale) florissante. Et ce en dépit de l'anachronisme de leur esprit conservateur (notamment si je me réfère à la déontologie religieuse du paroissien assez irritant dans ses incessantes leçons de morale qu'il prodigue à tout l'entourage, et à l'intolérance du mouvement féminin (celui des rombières) fondé sur la médisance et les préjugés. En dépit de certaines longueurs facilement pardonnables (notamment sa 1ère partie un peu délicate à se mettre en place), La femme du Boulanger reste une réjouissante farce dramatique (pour ne pas dire vitriolée) opposant avec une fougue expansive les sentiments contradictoires de trahison, de remord et de pardon pour l'enjeu (épineux) de la fidélité (la tentation pour l'apparence reste humaine) et la passion des sentiments (du point de vue de la raison du coeur).

* Bruno

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire