mercredi 13 décembre 2017

UNE EPOQUE FORMIDABLE

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmsbonheur.com

de Gérard Jugnot. 1991. France. 1h36. Avec Gérard Jugnot, Richard Bohringer, Victoria Abril, Ticky Holgado, Chick Ortega, Roland Blanche, Éric Prat.

Sortie salles France: 19 Juin 1991

FILMOGRAPHIEGérard Jugnot est un acteur, réalisateur, scénariste et producteur français, né le 4 mai 1951 à Paris en France. 1984 : Pinot simple flic. 1985 : Scout toujours... 1988 : Sans peur et sans reproche. 1991: Une époque formidable. 1994 : 3000 scénarios contre un virus : La Pharmacie. 1994 : Casque bleu. 1996 : Fallait pas !... 2000 : Meilleur Espoir féminin. 2002 : Monsieur Batignole. 2005 : Boudu. 2009 : Rose et Noir. 2017 : C'est beau la vie quand on y pense.


Première incursion dans la comédie dramatique en tant qu'acteur et réalisateur après s'être prêté à  trois comédies populaires, Gérard Jugnot surprend étonnamment avec Une Epoque formidable. Prenant pour thèmes la crise du chômage (ciblant toutes les couches sociales), la démission parentale et la misère humaine du point de vue des "sans domicile fixe", Une Epoque formidable (titre on ne peut mieux idoine par son esprit caustique !) ne sombre jamais dans le misérabilisme et la sinistrose pour susciter une poignante émotion. A contrario, Jugnot, acteur spontané et réalisateur affûté, gageant sur le ton cocasse des situations marginales afin d'y alléger sa dramaturgie politiquement incorrecte. Cadre dans une entreprise, Michel Berthier est mis à la porte du jour au lendemain. Honteux de son limogeage, il l'occulte à son épouse au moment même où une violente dispute éclate entre eux. Pétri d'orgueil et de colère impulsive, il finit par quitter son foyer. Au fil de ses errances urbaines, il tombe sur un quatuor d'attachants clochards pour autant peu recommandables. 


Evitant agréablement les clichés du pathos, de la caricature et des situations convenues, Gérard Jugnot opte pour l'anticonformisme dans sa peinture sociétale d'SDF sur la corde raide. Celle de leur refuge (presque inévitable) vers la délinquance étonnamment décrite dans un leste dosage de réalisme (quasi documenté), de pincée de poésie et de dérision. Michel sombrant dans la spirale de la maraude, du mensonge, du subterfuge et du cambriolage sous l'autorité insolente et individualiste de ses compagnons orphelins. A l'instar du toubib contestataire que Richard Borhinger incarne avec une ferveur, une verve et une esprit finaud de par sa personnalité ambivalente (puisque pétri de rage et de haine pour l'injustice et l'inégalité sociales !). Ce dernier trahissant son nouvel acolyte Michel au moment d'un gros coup, et ce sans pour autant susciter un soupçon de remord. Incessamment impliqués pour l'enjeu de survie, ce n'est qu'au fil de leurs pérégrinations urbaines qu'entraide et fraternité vont pouvoir fusionner au coeur d'une jungle hétéroclite. La classe bourgeoise, les médias (avides de sensationnalisme), quelques flics et commerçants n'accordant que peu de crédit ou d'empathie à ces recalés de la prospérité. Michel et ses comparses s'épaulant pour réapprendre à (sur)vivre dans une modeste (pour ne pas dire minimaliste) simplicité et avec un sens de la débrouille aventureux. 


Mené sur un rythme trépidant au fil d'un cheminement narratif regorgeant de péripéties et rebondissements parfois dramatiques (mais jamais surchargés), Une Epoque Formidable oscille brillamment cocasserie et tendresse sous l'impulsion d'une poignée d'éminents comédiens parvenant résolument à faire oublier leur stature médiatique. Jugnot, réalisateur, parvenant à nous attacher à ces marginaux impudents avec une dimension humaine poignante (mais souvent sous-jacente), à l'instar des retrouvailles inespérées entre un père désemparé (car destitué de son identité) et son fils d'une main secourable (Julien Harlay, formidable de juste mesure dans sa requête paternelle !). Et si le happy-end (en demi-teinte) peut paraître un brin romantisé, il reste crédible et constitue par cette unique occasion une belle leçon d'amour, de pardon et de tolérance du point de vue familial. 

@ Bruno

Info subsidiaire (source Wikipedia): Dans son enquête de septembre 2014 concernant les 20 films de cinéma les plus regardés par les Français entre 1989 et 2014 lors de leur diffusion à la télévision française, Médiamétrie indique que le film avait été vu par 13,27 millions de téléspectateurs le 23 novembre 1993 ; il arrivait donc en 17e position de la liste des films les plus vus. 

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