jeudi 18 janvier 2018

BLOODY MAMA

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cine-bis-art

de Roger Corman. 1970. U.S.A. 1h31. Avec Shelley Winters, Pat Hingle, Don Stroud, Diane Varsi, Bruce Dern, Robert De Niro.

Sortie salles France: 25 Novembre 1970 (Int - 18 ans). U.S: 24 Mars 1970

FILMOGRAPHIE: Roger Corman est un cinéaste américain, né le 5 avril 1926 à Détroit, Michigan
1955: Day the World Ended. 1956: It's Conquered the World. 1957: Rock all Night. 1957: l'Attaque des Crabes Géants. 1957: Not of this Earth. 1957: Vicking Women. 1957: The Undead. 1958: War of the Satellites. 1958: She-Gods of Shark Reef. 1958: Swamp Women. 1958: Teenage Caveman. 1958: Mitraillette Kelly. 1959: Un Baquet de Sang. 1960: La Petite Boutique des Horreurs. 1960: La Chute de la Maison Usher. 1961: Ski Troop Attack. 1961: La Chambre des Tortures. 1961: Atlas. 1962: The Intruder. 1962: l'Enterré Vivant. 1962: l'Empire de la Terreur. 1962: La Tour de Londres. 1963: Le Corbeau. 1963: La Malédiction d'Arkham. 1963: l'Horrible cas du Dr X. 1963: l'Halluciné. 1964: Le Masque de la Mort Rouge. 1964: l'Invasion Secrète. 1965: La Tombe de Ligeia. 1965: Not of this Earth. 1966: Les Anges Sauvages. 1967: l'Affaire Al Capone. 1967: The Trip. 1970: Bloody Mama. 1971: Gas-s-s-s. 1971: Le Baron Rouge. 1990: La Résurrection de Frankenstein.


Perle culte du maître de la série B Roger Corman très peu diffusée à la TV en raison de sa grande violence et de son climat malsain assez fétide (photo sépia à l'appui), Bloody Mama exploite le film de gangsters, tendance Bonnie and Clyde (son final aussi explosif que sanglant peut aussi faire office de clin d'oeil), avec un réalisme étonnamment poisseux ! Censuré en France dès sa sortie, même si au bout d'un mois la sanction fut levée après la coupe de quelques plans et ce grâce à la protestation épistolaire de son auteur, Bloody Mama ne laisse pas indifférent dans son accumulation d'exactions meurtrières qu'une famille dysfonctionnelle exerce dans l'immoralité la plus décomplexée. Dirigés par une matriarche insurgée contre la société et donc choisissant comme seul recours à sa survie le banditisme pour se sortir de la précarité, alors qu'une crise sociale bat son plein (celle de 29 !), ces fils d'autant plus éduqués de manière incestueuse finissent par succomber à une folie meurtrière incontrôlée. Et ce avant de se rebeller contre leur autorité maternelle avec un soupçon de prise de conscience morale eu égard de leur condition soumise, psychotique et dépravée.


Cumulant à un rythme parfois spectaculaire braquages à main armée, rapts et châtiments criminels d'une gratuité insupportable (la noyade dans la baignoire d'une jeune quidam), Bloody Mama nous plonge dans leur virée sauvage et quotidienneté domestique sous l'impériosité de Shelley Winters habitée par son rôle d'orgueilleuse d'un franc-parler intarissable. Outre son interprétation iconique assez impressionnante car d'autant plus expansive; cette dernière est accompagnée d'une flopée de seconds-rôles tous aussi convaincants parmi lesquels Pat Hingle, Don Stroud,  (absolument affirmé en bras droit stoïque !), Diane Varsi, Bruce Dern et le tout jeunot Robert De Niro dans un de ces tous premiers rôles en toxico inconséquent. Au-delà du vérisme de sa reconstitution historique et de la beauté solaire de sa campagne étonnamment paisible, Bloody Mama oppose climat baroque et malsain à la lisière d'une horreur insalubre. Comme en témoigne cette séquence dérangeante tacite à l'angoisse lourde (la tentative de drague d'un De Niro camé auprès d'une baigneuse terrifiée à l'idée de l'embrasser) ou d'autres moments d'une violence âpre (la noyade susnommée, le passage à tabac des 2 fermiers au cours du 1er acte, le cochonnet attaché à la corde d'une barque afin de servir d'appât à un crocodile puis enfin le règlement de compte forcené d'une folie criminelle suicidaire entre les Baker et les forces de l'ordre).


Témoignage glaçant d'une famille dysfonctionnelle sombrant dans la criminalité la plus couarde et fasciste en pleine crise de 29, Bloody Mama façonne intelligemment la série B parmi l'efficacité de son parti-pris documenté aussi fascinant que répulsif. Sa narration et son montage semés d'ellipses et d'une temporalité sporadique renforçant l'aspect foutraque, impromptue de l'expédition meurtrière. A redécouvrir avec un vif intérêt si bien qu'il s'agit probablement de l'oeuvre la plus rugueuse et dérangeante de Corman.

* Bruno
2èx

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