lundi 29 janvier 2018

THREE BILLBOARDS: LES PANNEAUX DE LA VENGEANCE. Meilleur film, Golden Globes 2018 :

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr 

"Three Billboards Outside Ebbing, Missouri" de Martin McDonagh. 2017. U.S.A. 1h55. Avec Frances McDormand, Woody Harrelson, Sam Rockwell, John Hawkes, Peter Dinklage, Lucas Hedges, Abbie Cornish.

Sortie salles France: 17 Janvier 2018. U.S: 10 Novembre 2017

FILMOGRAPHIEMartin McDonagh est un dramaturge et réalisateur britannique, né le 26 mars 1970 à Camberwell (Londres). 2008: Bons baisers de Bruges. 2012: Sept psychopathes. 2017:  Three Billboards : Les Panneaux de la vengeance


"La colère ne fait qu'engendrer une plus grande colère."
Précédé d'une réputation élogieuse auprès de la critique et affublé de plusieurs récompenses; Three Billboards empreinte la démarche du film policier sous le pilier d'un drame humain à la personnalité marginale. Car baignant dans une atmosphère en demi-teinte de fausse tranquillité (la bourgade d'une Amérique profonde), l'intrigue au sujet grave (une enquête infructueuse auprès d'un viol irrésolu) conjugue loufoquerie (avec même un ou deux éclats de rire nerveux !) et dramaturgie parmi la saisissante audace du politiquement incorrect. De par la posture trop expéditive d'un adjoint de police tire-au-flanc et irascible, et d'une mère de famille aussi grossière et contestataire que provocatrice et vindicative. Indépendamment, tous deux finiront par se confronter à leur propre morale à céder à nouveau à leurs pulsions punitives ou au contraire à contenir leur haine pour panser les plaies de leur passé galvaudé. Le réalisateur prenant soin de ne jamais juger les actions de ses derniers (on dirait de grands enfants s'efforçant malgré eux de survivre parmi leur douleur intime) si bien que le dénouement admirable de sobriété risque de déconcerter certains spectateurs escomptant le happy-end standard.


7 mois se sont écoulés depuis le viol de sa fille disparue dans des circonstances sordides. Afin de provoquer la police à poursuivre leurs recherches et de ranimer le souvenir de la population, Mildre Hayes installe 3 panneaux publicitaires à proximité des lieux du drame. Atteint d'un cancer, le shérif Bill Willoughby s'efforce de calmer les ardeurs de cette dernière. Passionnant, surprenant et poignant, de par l'ossature d'une intrigue à la fois fragile et douloureuse émaillée de rebondissements impondérables, Three Billboards... est avant tout l'étude scrupuleuse d'une variété de personnages forts en gueule mais à la vibrante humanité. Le réalisateur prenant soin de s'écarter de la caricature, notamment grâce à l'intensité des comédiens totalement impliqués dans leur jeu fébrile à provoquer une énigme dénuée d'indices. C'est d'ailleurs la ligne directrice du récit dramatique que de laisser s'exprimer ses protagonistes aussi bien contrariés que torturés car hantés par leur faiblesse caractérielle, par la douleur de leur échec et par la perte de l'être aimé, faute d'un passé familial conflictuel. De par les relations tendues entre flics (réputés pour céder au racisme et aux châtiments) et citadins incivilisés émanent également en background un constat sociétal amer de ne plus croire à l'espoir et à la confiance en la justice.


Magnifiquement mis en scène parmi l'inhabituelle synergie du drame et de la cocasserie, Three Billboards... est également transcendé du jeu autoritaire d'une poignée de comédiens se disputant la mise avec un humanisme désespéré tacite (je privilégie notamment la performance de Sam Rockwell en flicard en quête de rédemption plutôt que la présence iconique de l'immense Frances McDormand en mère marginalisée). Au-delà du plaisir partagé face à ses situations décalées, à sa dramaturgie fragile et à son réseau de rebondissements qu'on ne voit jamais venir, Three Billboards... laisse en mémoire une réflexion sur la réconciliation avec soi même (toute l'intrigue est une initiation à l'amour, au calme et à la sagesse pour accéder à la maturité et mieux panser nos plaies internes) afin de renoncer à une haine contagieuse au sein d'un monde cruel gangrené par l'iniquité. Le terme accrocheur "chef-d'oeuvre" vendu sur l'affiche n'était donc pas usurpé...

* Bruno

Récompenses: Mostra de Venise 2017: prix Orsella pour le meilleur scénario
Festival international du film de Toronto 2017 : prix du public
Festival international du film de La Roche-sur-Yon 2017 : prix du public
Golden Globes 2018 : meilleur film dramatique, meilleure actrice dans un film dramatique pour Frances McDormand, meilleur acteur dans un second rôle pour Sam Rockwell, meilleur scénario

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