mardi 13 mars 2018

MOI, TONYA. Oscar de la Meilleure actrice de second rôle, Allison Janney.

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Craig Gillespie. 2017. U.S.A. 2h00. Avec Margot Robbie, Mckenna Grace, Sebastian Stan, Allison Janney, Julianne Nicholson, Caitlin Carver, Bojana Novakovic.

Sortie salles France: 21 Février 2018. U.S: 8 Décembre 2017

FILMOGRAPHIECraig Gillespie (né le 1er septembre 1967 à Sydney) est un réalisateur australien. 2007 : Mr. Woodcock. 2007 : Une fiancée pas comme les autres. 2011 : Fright Night. 2014: Million Dollar Arm. 2015 : The Finest Hours. 2017 : Moi, Tonya.


Comédie dramatique pleine de frénésie technique et formelle sous le pilier d'un jeu d'acteurs criants de vérité et d'autodérision (Margot Robbie, Mckenna Grace se disputent la vedette lors d'un cruel affrontement parental), Moi Tonya aborde brillamment le "biopic" pour retracer ascension et déclin de cette patineuse ayant défrayé la chronique à l'orée des années 90 à la suite d'une agression envers sa rivale Nancy Kerrigan. Impeccablement rythmé de par l'ironie pittoresque des situations improbables que Tonya Harding enchaîne au fil de ses fréquentations peu recommandables, Moi, Tonya conjugue rires et larmes avec une efficacité peu commune si bien qu'elle confine au vertige dans ses émotions littéralement contradictoires (on peut clairement diviser le film en 2 parties dans son renversement des situations dramatiques). Et ce tout en restant fidèle à la reconstitution des évènements scrupuleusement décrits du point de vue introspectif d'une patineuse fragile mais pugnace, méprisée par un jury élitiste car accordant trop d'importance aux valeurs morales que Tonya n'a jamais pu relever faute de son esprit rebelle (c'est une redneck politiquement incorrecte de par son éducation maternelle réactionnaire).


Outre le caractère ludique des faits cocasses relatés avec causticité (notamment les stratégies grotesques de pieds nikelés que l'on croirait échappés d'un polar des Cohen), on reste autant stupéfait par l'inventivité de la mise en scène (parfois clippesque et semée de tubes pop-rock) résolument inspirée pour y dresser le bouleversant portrait d'une patineuse aussi bien fragile qu'infortunée mais pour autant battante et stoïque afin de se tailler un nom dans l'histoire du patinage artistique. C'est tout du moins ce qu'elle accomplira en tant que première patineuse américaine d'avoir exécuté un triple axel lors d'une compétition. Alors que les médias de l'époque s'étaient ensuite empressés de relayer l'affaire scandaleuse avec un gout racoleur du sensationnalisme, Craig Gillespie souhaite rétablir la vérité d'après son parcours d'endurance (aussi bien moral que physique) sévèrement compromis par une mère abusive dès son enfance puis par un époux borderline incessamment violent auprès d'elle. Grâce au jeu profondément expressif de Margot Robbie dessinant le magnifique portrait d'une patineuse caractérielle à la fois solitaire (notamment faute de tolérer l'amitié auprès de ses rivales), insolente (sa rébellion et ses joutes verbales auprès de l'orgueil d'un jury inéquitable) et désespérément en mal d'amour (tant auprès de sa mère tyrannique que de son compagnon sadomaso), le personnage si malmené (et prochainement haï du public) se dévoile sous nos yeux avec fébrile sensibilité.


"La vérité on l'a au fond de soi même"
Leçon de courage, de détermination et de bravoure auprès des losers infortunés, hommage plein de tendresse et de dignité envers une tricarde condamnée au pilori par la justice et la foule avide d'esclandre, Moi, Tonya confine au sublime dans son sens du spectacle épique où le tragi-cocasse se télescope avec une dimension humaine inopinément prude. Un moment de cinéma frétillant transfiguré par le duo explosif Margot Robbie/Allison Janney crevant l'écran à chacune de leurs apparitions si bien que leur aparté (dans le sens où elles s'adressent parfois directement à nous spectateurs !) nous immerge d'autant mieux dans leur rivalité triviale à se disputer leur responsabilité sous couvert d'injustice et d'inégalité sociale.

* Bruno

Récompenses: Oscars 2018 : Meilleure actrice dans un second rôle pour Allison Janney
Golden Globes 2018 : Meilleure actrice dans un second rôle pour Allison Janney
British Academy Film Awards 2018 : Meilleure actrice dans un second rôle pour Allison Janney
Screen  Actors Guild Awards 2018 : Meilleure actrice dans un second rôle pour Allison Janney
Australian Academy of Cinema and Television Arts Awards 2018 :
Meilleure actrice internationale pour Margot Robbie
Meilleure actrice internationale dans un second rôle pour Allison Janney
Critics' Choice Movie Awards 2018 :
Meilleure actrice dans un second rôle pour Allison Janney

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