mardi 10 avril 2018

Le Prix du Danger

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

d'Yves Boisset. 1983. France/Yougoslavie. 1h40. Avec Gérard Lanvin, Marie France Pisier, Michel Piccoli, Bruno Cremer, Andréa Ferréol, Jean-Claude Dreyfus, Gabrielle Lazure, Catherine Lachens.

Sortie salles France: 26 Janvier 1983

FILMOGRAPHIE: Yves Boisset est un réalisateur français, né le 14 Mars 1939 à Paris. 1968: Coplan sauve sa peau. 1970: Cran d'arrêt. 1970: Un Condé. 1971: Le Saut de l'ange. 1972: l'Attentat. 1973: R.A.S. 1975: Folle à tuer. 1975: Dupont Lajoie. 1977: Un Taxi Mauve. 1977: Le Juge Fayard dit Le Shériff. 1978: La Clé sur la porte. 1980: Le Femme flic. 1981: Allons z'enfants. 1982: Espion, lève-toi. 1983: Le Prix du Danger. 1984: Canicule. 1986: Bleu comme l'Enfer. 1988: La Travestie. 1989: Radio Corbeau. 1991: La Tribu.


              Une série B complètement allumée et inquiétante sur notre voyeurisme pervers.

Flingué par les critiques à sa sortie alors que 1 388 000 spectateurs s'étaient rués dans nos salles, Le Prix du Danger fait office d'immense farce vitriolée afin de dénoncer la corruption vénale de la télé-réalité réduisant le spectateur et ses participants à de vulgaires pantins lobotomisés par une société consumériste où tout est devenu spectacle. Et donc, par le biais d'un jeu TV révolutionnaire d'une originalité improbable et d'une audace immorale (une chasse à l'homme en plein Paris que 5 tueurs prolos se résignent à éliminer si leur proie parvenait à survivre à l'issue de 4 heures de marathon pour l'enjeu d'un magot !), les spectateurs complices de cette mascarade meurtrière assouvissent, via le tube cathodique, leurs bas instincts dans une débauche de sang et de violence.


C'est dire si les règles cyniques du jeu déloyal (5 hommes armés grisés à l'idée de courser et assassiner une proie sans défense) s'avèrent ubuesques (notamment cette suicidaire probation "aérienne" afin de gagner la candidature !), quand bien même en cours de route effrénée on apprendra que le show (commenté avec emphase par un Piccoli outrancièrement extravagant !) est finalement truqué afin de préserver leur dû monétaire puis maintenir le public dans l'expectative d'une course-poursuite irresponsable. Tueurs, cameramans et traqué se fondant stoïquement au sein d'une population tantôt inconsciente du danger (celle de se risquer à une balle perdue), tantôt complice d'y compromettre la survie du participant avec une éloquence perverse. Outre le caractère spectaculaire de cette folle escapade nocturne solidement menée par Yves Boisset (notamment en exploitant assez habilement la disparité de décors urbains parfois menaçants), on peut autant prôner le jeu viscéral, tout en agressivité de Gérard Lanvin littéralement emporté par ses pulsions de haine, de vaillance et de résilience. Notamment à travers sa rage et son désespoir de dénoncer la dictature médiatique ne reculant devant rien pour préserver leur audimat et maintenir le spectateur dans un voyeurisme putassier. Quand bien même Marie France Pisier se prête au rôle secondaire d'une productrice hautaine, équivoque et fourbe, notamment lors de son parti-pris à trahir la cause du rescapé pour une motivation purement cupide.


Série B d'anticipation hallucinée et prophétique autour d'un show médiatique hyperbolique, Le Prix du Danger fait grincer des dents en pamphlet brutal alertant des dérives d'une TV corporative où spectateurs et participants sont réduits à de simples objets de consommation. Si on peut accuser le trait caricatural de certains protagonistes, leur posture décervelée, déjantée et irresponsable à céder à leur fantasme le plus déviant face caméra (celle du plaisir de traquer et tuer leur proie, tel le chasseur rural !) renforce l'attrait follement débridé de cette TV réalité de proche actualité. Un survival coup de poing d'autant plus nerveux et haletant, à redécouvrir ! 

* Bruno
4èx

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