vendredi 8 juin 2018

SPARRING

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Samuel Jouy. 2018. France. 1h35. Avec Mathieu Kassovitz, Olivia Merilahti, Souleymane M’Baye, Billie Blain, Lyes Salem, David Saracino.

Sortie salles France: 31 Janvier 2018. Suisse: 5 Août 2017

FILMOGRAPHIESamuel Jouy est un acteur et réalisateur français, né en 1975.
2018: Sparring.


Echec public lors de sa discrète sortie en salles, Sparring fait office de film maudit eu égard de l'étonnant brio de sa réalisation (j'hésite d'ailleurs à employer la locution "coup de maître" si bien qu'il s'agit du 1er essai de Samuel Jouy), d'une direction d'acteurs hors-pair (dénués de toute diction théâtrale !) et de la présence viscérale de Mathieu Kassovitz littéralement habité dans celui d'un boxer sur le déclin enchaînant les défaites sans daigner raccrocher les gants (le rôle de sa vie pour ma part, rien que ça !). Mais au moment de devenir Sparring-partner (partenaire "adroit" d'entrainement) auprès d'un champion, ce dernier lui offrira l'opportunité d'accomplir un dernier match et peut-être parvenir à la victoire en dépit de ses échecs en chute libre. Retraçant avec souci de vérité humaine et de réalisme documenté le parcours épineux de Steve Landry, père de famille s'efforçant de gagner sa vie, notamment afin d'offrir le rêve de sa fille particulièrement douée pour le piano, Samuel Jouy provoque une émotion rigoureuse à travers ce profil de loser sur le fil du rasoir, si bien que sa situation précaire influera sur sa relation conjugale pas si épanouie.


Sa fragilité réservée, sa remise en question morale tacite (que le réalisateur sonde sans lourdeur dans sa psyché tourmentée), sa volonté autrement pugnace d'encaisser les coups les plus brutaux et d'y rester debout (sans jamais céder aux sirènes d'une action ostentatoire), sa tendre complicité (jamais démonstrative) avec sa fille férue d'amour et de dignité pour lui (notamment cette séquence bouleversante lorsque celle-ci assiste à un spectacle d'humiliations lors d'un match d'exhibition), Mathieu Kassovitz nous les retransmet avec une noble humilité. On peut également mettre en exergue, voir même carrément applaudir le naturel spontané de Billie Blain dans celle d'une ado sémillante, à la fois débordante de sensibilité, de fierté et d'amour pour son père mais aussi d'amertume, de regret et d'indignation eu égard de la risible renommée de celui-ci auprès de ses camarades de classes ou d'un public sado pour les perdants. Sans jamais romantiser le sport de la boxe et encore moins le transfigurer de manière homérique pour émuler Rocky, Samuel Jouy opte pour la pudeur émotive, la pureté de l'acte de bravoure, le réalisme percutant des combats comme si vous assistiez à un vrai match en direct si bien que les professionnels du milieu seront sans doute bluffés par la symétrie des chorégraphies, aussi concises et fluides soient-elles. A l'instar du match de dernier ressort fertile en émotions pures (notamment parmi l'appui d'un score solennel qui enrobe couramment, et sans fioritures, toute l'intrigue) dont nous ne connaîtrons même pas l'heureux vainqueur !


Un pas vers la réussite.
Vibrant hommage à tous ces losers incapables d'accéder à la notoriété mais pour autant passionnés par l'art de la boxe et d'une résilience à toute épreuve pour effleurer une éventuelle victoire, Sparring nous met finalement à genou grâce à son émotion rigoureuse d'une saisissante acuité humaine. Sublimé par la prestance écorchée de Kassovitz et de seconds-rôles communément irréprochables car d'un aplomb plus vrai que nature (notamment auprès de boxers burinés d'une force tranquille proéminente), Sparring scande au final les vainqueurs infortunés avec une dignité résolument bouleversante. Comme le souligne d'ailleurs brillamment son générique de fin faisant défiler des boxers anonymes gagnés par l'élégie du bonheur, l'ivresse de leur bravoure, aussi bref fut leur vertigineux instant de gloire. Offrez sa chance à Sparring, vous ne l'oublierez jamais !

* Bruno

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