jeudi 9 août 2018

LE JUSTICIER DE MINUIT

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Ten to Midnight" de Jack Lee Thomson. 1982. U.S.A. 1h41. Avec Charles Bronson, Lisa Eilbacher, Andrew Stevens, Gene Davis, Geoffrey Lewis, Wilford Brimley, Robert F. Lyons, Bert Williams, Iva Lane, Ola Ray, Kelly Preston.

Sortie salles France: 13 Juillet 1983 (Int - 18 ans). U.S: 11 Mars 1983

BIO: Jack Lee Thomson, de son vrai nom John Lee Thompson, est un réalisateur, scénariste et producteur britannique né le 1er août 1914 à Bristol (Royaume-Uni), décédé le 30 août 2002 à Sooke (Canada). Avec 47 longs-métrages, le cinéaste aborda tous les genres avec plus ou moins de bonheur dont certains sont qualifiés de chefs-d'oeuvre. Pour ses titres les plus notoires, on peut citer Les Canons de Navarone, Les Nerfs à vif, la Conquête de la planète des singes, la Bataille de la Planète des singes, le Bison Blanc, l'Empire du Grec, Monsieur St-Yves, Passeur d'hommes et Happy Birthday (son unique incursion dans le slasher). Il signera en outre une illustre série de films d'action particulièrement violents, le "vigilante movie" parmi son acteur fétiche Charles Bronson (Le Justicier de Minuit, l'Enfer de la Violence, la Loi de Murphy, le Justicier braque les dealers, le Messager de la mort et Kinjite, sujets tabous).


"La meilleure façon de se venger d'un ennemi est de ne pas lui ressembler". 
Un an après le second volet d'Un Justicier dans la ville, et en attendant son 3è opus cartoonesque toujours réalisé par Michael WinnerCharles Bronson renoue avec son rôle de vindicateur meurtrier dans le Justicier de Minuit. Interdit au moins de 18 ans à l'époque, cette solide série B créa son p'tit effet auprès du public particulièrement friand de thriller horrifique si bien que Jack Lee Thompon (les Canons de Navarone, les Nerfs à Vif) parvient efficacement à gérer suspense policier et angoisse inquiétante jusqu'au dénouement d'une rare brutalité. Un psychopathe sème la terreur dans une contrée ricaine en assassinant de jeunes innocentes. Sa particularité est d'y perpétuer ses meurtres à l'arme blanche dans son plus simple appareil ! L'inspecteur Léo Kessler s'efforce de le faire coffrer quel qu'en soit les moyens mis en oeuvre. Après les éclairs de violence expéditifs des 3 premiers opus Death WishCharles Bronson perdure la tradition d'une justice individuelle en s'accoutrant d'un rôle de flic véreux délibéré à envoyer dans la chambre à gaz un psychopathe.


Ca commence fort avec un préambule poisseux largement influencé par le slasher si bien que notre tueur entièrement dévêtu épie par la vitre d'un camping-car un couple en coït avant de les trucider de sang froid. On se surprend d'ailleurs de la verdeur des mises à mort (pour autant hors-champs !) sur les victimes sauvagement poignardées ou éventrées au couteau et auquel la tenue du tueur, dépouillée de vêtements, accentue son caractère trouble/nauséeux. Maîtrisant habilement son intrigue car tout à fait inspiré, notamment auprès du caractère attachant de ses personnages assez spontanés (le duo  Laurie Kessler / Paul McAnn en éveil sentimental), Jack Lee Thompson nous dépeint ensuite une captivante enquête criminelle que l'inspecteur Leo Kessler régente avec son collègue en herbe, Paul Mc Cann afin d'appréhender le tueur affublé d'un solide alibi. Tant et si bien que durant ses premiers homicides, Warren Stacey s'était entre temps réfugié dans une salle de ciné face au témoignage d'une caissière et de deux spectatrices, avant, pendant et après la projection du film. Spoil ! Alors qu'un troisième assassinat est déjà perpétré, et tandis que Mc Cann roucoule avec la fille de l'inspecteur, Kessler tente de fabriquer des preuves pour mieux compromettre son criminel. Fin du Spoil


A travers cette fraude couillue, Jack Lee Thompson aborde les pratiques illégales d'un notable inspecteur pour tenter de culpabiliser fissa son criminel. A savoir, falsifier une preuve contre sa déontologie et pratiquer sans état d'âme l'oppression morale en persécutant quotidiennement le présumé coupable. Et les deux individus de s'atteler au jeu mesquin du chat et de la souris (avec comme point commun: la vengeance !) avant que le détraqué ne se résigne une ultime fois à intenter à une vie innocente. La traque finale de ces derniers culminant  Spoil ! avec le massacre de trois infirmières sauvagement poignardées dans un appartement auquel Laurie Kessler s'y était réfugiée. Un final horrifique étonnamment intense et terrifiant rehaussée d'une violence escarpée de par son réalisme sordide, ses cadrages inventifs et la dextérité du montage. Enfin, pour parachever dans la provocation avec un goût aigre dans la bouche (suffit d'écouter le score tragique du générique de fin pour appuyer l'erreur morale de Kessler influencé par sa haine !), le réalisateur poussera le bouchon plus loin dans la dérogation auprès d'un épilogue radical adepte d'une violence expéditive. Fin du Spoil. Outre l'affrontement tendu (voir également railleur) entre Kessler et le tueur, et la dramaturgie imparable du récit résolument horrifique lors de sa 1ère et dernière partie d'un réalisme tranchant, le Justicier de Minuit est d'autant mieux scandé d'une partition électro/pop/disco typique des eighties.


Réalisé avec solide efficacité de par son rythme haletant, son concept incongru (un gynophobe entièrement nu au moment de ses exactions) son ambiance inquiétante et sa plaidoirie imputée à la démence (du point de vue perfide de l'avocat !) et aux droits juridiques du présumé coupable, Le Justicier de Minuit aborde le psycho-killer de manière aussi brutale que finalement réactionnaire (le flic perdant son sang-froid lors d'une ultime seconde de bravade). Le charisme terriblement magnétique de notre indéfectible Charles Bronson se disputant l'autorité parmi l'ombrageux Gene Davis (le frère de Brad Davis !) en inoubliable psychopathe monolithique (contrastant avec une musculature d'airain) s'affrontant dans une psychologie viciée, perfide et insidieuse. Si bien que sa morale douteuse militant en prime pour l'auto-défense fera une fois encore jaser (ou mieux, fantasmer) une frange du public déjà bien ébranlé par cet inhabituel condensé de Vigilante movie et de Psycho-killer (qui tâche !). Et pour la génération 80, sachez que le spectacle superbement mené n'a pas pris une ride, notamment auprès de sa densité atmosphérique surfant avec le malsain !  

P.S: A noter la courte apparition de la chanteuse Jeane Manson dans le rôle d'une prostituée ! (poitrine dénudée à l'appui s'il vous plait !)

Box office France: 578 000 entrées

* Bruno
09.08.18. 5èx
20.03.12 (305 vues)

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