mardi 14 août 2018

UPGRADE

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Leigh Whannell. 2018. U.S.A. 1h40. Avec Logan Marshall-Green, Betty Gabriel, Harrison Gilbertson, Richard Anastasios, Rosco Campbell, Richard Cawthorne.

Sortie salles France: Inconnue. Australie: 14 Juin 2018. U.S: 1er Juin 2018

FILMOGRAPHIE: Leigh Whannell est un réalisateur, scénariste et producteur australien né le 17 Janvier 1977 à Melbourne, Victoria. 2015: Insidious 3. 2018: Upgrade.


La nouvelle chair ! 
Si Leigh Whannell se fit connaître avec son premier essai, l'inoffensif Insidious 3 (ça n'engage que moi), il vient sacrément de redresser la barre en terme d'originalité, voir même de novation avec Upgrade. Tant et si bien qu'il vient d'inventer le "cyber vigilante-movie" avec autant de dérision caustique que de réalisme hardcore (les quelques séquences gores qui parsèment la vendetta s'avèrent incroyablement percutantes par le biais d'FX optimaux). Car à travers le schéma canonique d'une banale histoire de vengeance (à la suite d'une agression l'ayant rendu tétraplégique et après avoir assisté à l'assassinat de sa femme, Grey décide de se venger avec l'aide d'un savant lui ayant transplanté une puce informatique douée d'intelligence et de fonction motrice dans sa colonne vertébrale), Leigh Whannell ne cesse de renouveler l'action avec une inventivité jouissive.  Notamment au niveau de la surveillance aérienne des drones que les méchants contournent à l'aide de pare-feux, de deux poursuites - lisibles- en voiture et des gadgets électroniques de certains antagonistes transformés en arme humaine ! Alternant l'intensité dramatique d'une 1ère partie d'un réalisme poignant et la fulgurance d'images surréalistes d'une avancée technologique, Upgrade  crédibilise son univers dystopique pas si éloigné de Blade Runner (certains panoramas urbains nous le rappellent, et ce même si les moyens sont ici largement plus discrets et limités).


Ainsi, le cheminement criminel du justicier s'avère non seulement constamment captivant (il est habité d'une voix informatique lui dictant ses faits et gestes et aiguillant son corps doué de vélocité tout en l'incitant à mieux anticiper ses prochaines actions) mais il s'enrichit en prime d'une enquête policière afin de retrouver le véritable responsable d'un mystérieux contrat. Upgrade abordant les thématiques si inquiétantes de l'intelligence informatique, des univers virtuels (se confiner dans la fantaisie parce que la vie réelle, déshumanisée, est devenue un fardeau) et surtout de la fusion entre l'homme et la machine (façon Robocop, voir plus précisément Tetsuo) sous couvert de divertissement alarmiste. A l'instar de son étonnant épilogue d'une audace nihiliste qui risquera sans doute de déplaire à une frange de spectateurs trop habitués à la convenance du happy-end. Au niveau du casting, outre la photogénie d'un méchant chafouin assez détestable (Benedict Hardie) et la trouble présence du chercheur équivoque (Harrison Gilbertson provoque une inquiétude sous-jacente dans sa posture timorée), on retrouve avec bonheur l'excellent Logan Marshall-Green (sosie de Tom Hardy auquel il serait bien capable de lui voler la vedette un jour futur !) dans celui d'une victime vindicative se fondant dans le corps d'un humanoïde avec une gestuelle habilement irrégulière. Et si ses premières confrontations musclées semblent effleurer sur le moment le ridicule, le caractère jouissif de ces techniques de combat et surtout son profil de "cyber humain" expérimental parviennent au final à nous convaincre grâce à l'ingénieux alibi d'une intelligence informatique en voie d'indépendance.


"Quand l'homme devient machine, et vice-versa."
Mené sans temps mort au fil d'une investigation crépusculaire semée d'éclairs de violence tranchés, Upgrade détonne diablement dans sa combinaison d'action gore et d'enquête policière nous alarmant en background sur les dangers d'une cyber-intelligence (et des loisirs virtuels) en ascension d'asservissement. Un thriller d'anticipation rondement mené donc si bien que Leigh Whannell s'avère particulièrement inspiré dans sa fonction de visionnaire défaitiste et que Logan Marshall-Green porte le métrage sur ses épaules, entre pugnacité orgueilleuse et humanisme torturé en perdition morale. 

* Bruno

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