mercredi 31 octobre 2018

Une prière avant l'aube

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site fr.muaythaitv.com

"A Prayer Before Dawn" de Jean-Stéphane Sauvaire. 2018. France/Angleterre. 1h56. Avec Joe Cole, Vithaya Pansringarm, Nicolas Shake, Panya Yimmumphai, Pornchanok Mabklang, Billy Moore.

Sortie salles France: 20 Juin 2018 (Int - 16 ans). Angleterre: 20 Juin 2018.

FILMOGRAPHIE: Jean-Stéphane Sauvaire est un réalisateur, producteur et scénariste français, né le 31 décembre 1968. 2003, Carlitos Medellin. 2008, Johnny Mad Dog. 2012: Punk (télé-film). 2017 : Une prière avant l'aube.


"L'important est de ne jamais désespérer"
Film choc retraçant avec un vérisme ultra documenté le parcours d'endurance de Billy Moore, jeune détenu britannique incarcéré en prison pour possession de drogue, Une prière avant l'aube est une expérience sensitive dans l'enfer carcéral Thaïlandais peu (ou jamais ?) abordé à l'écran. Tout du moins c'est que nous illustre sa première partie littéralement nauséeuse lorsque Billy témoigne des conditions sordides de son incarcération avec d'autres détenus similaires à des animaux sauvages impudents. Viols, suicide, meurtres, châtiments corporels s'avérant leur lot quotidien si bien que chacun d'entre eux tente de survivre avec comme seul palliatif moral la drogue dure et l'alcool. Pour autant, dans ce milieu insalubre dénué d'humanité où tout se marchande, Billy va parvenir à se raccrocher au fil de sa passion pour la boxe après avoir essuyé une tentative de suicide. On peut d'ailleurs prévenir les âmes sensibles que sa première demi-heure parfois insoutenable (le mot n'est point outré) nous plonge dans un état de malaise viscéral difficilement gérable. Prioritairement une exaction de viol communautaire de par son réalisme ultra malsain auprès des corps en rut et d'un témoignage impuissant. Jean-Stéphane Sauvaire filmant son contexte carcéral avec une vérité sensorielle eu égard de sa caméra expérimentale auscultant les corps en mutation avec une virtuosité autonome.


Quand bien même tous les interprètes thaïlandais méconnus chez nous s'expriment dans leur langage volontairement inaudible (une partie des dialogues n'est pas sous-titré) afin de mieux s'identifier dans le mental de Billy en proie à la perte de repères, l'incompréhension et l'incommunicabilité. Car si Une prière avant l'aube s'avère aussi dur, cruel, asphyxiant et brut de décoffrage, il le doit au talent personnel de son auteur réfutant toute forme de racolage car plutôt délibéré à nous conter avec souci de vérité un vécu inusité. Tant et si bien qu'Une prière avant l'aube demeure avant tout un film de boxe transplanté dans la cadre d'un drame carcéral soigneusement reconstitué. Evitant les clichés usuels et l'esbroufe lors de multiples matchs de combats d'un réalisme et d'une intensité à perdre haleine, Jean-Stéphane Sauvaire nous hypnotise les sens lors de l'initiation héroïque de Billy partagé entre une révolte fielleuse (notamment faute de sa prise de stupéfiants par intermittence !) et un désir de surpasser ses pires démons. Le réalisateur filmant avec beaucoup de sensualité les déplacements et mouvements corporels des boxeurs vouant un culte pour le Tatoo afin d'imprimer leur nouvelle identité dans leur condition exclue. A travers son parti-pris d'authentifier et d'y dénoncer l'enfer d'un témoignage carcéral puis de bifurquer ensuite vers l'hymne à la boxe thaï sous l'impulsion d'une fureur de vaincre, il faut impérativement saluer la précision de sa bande-son hyper travaillée là encore conçue pour nous immerger dans l'introspection morale de Billy passant par divers stades de souffrances/transformations corporelles. Quitte à en perdre son essence vitale à travers ses perles de sueur !


La Nouvelle Chair.
D'une intensité dramatique constamment rigoureuse sans céder à la facilité de sentiments démonstratifs, Jean-Stéphane Sauvaire opte pour la pudeur et la sobriété, notamment auprès du jeu naturel de Joe Cole (Peaky Blinders, Green Room) époustouflant en guerrier primitif naviguant entre résilience et désespoir, folie et quête de rédemption. Drame carcéral éprouvant doublé d'un drame sportif par le truchement d'une histoire vraie, Une prière avant l'aube n'épargne aucune souffrance au spectateur immergé dans la tourmente d'un détenu stoïque à deux doigts d'y perdre son âme. 

* Bruno

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