mardi 1 janvier 2019

Amityville, la maison du Diable

                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site eightdayzaweek.blogspot.com

"The Amityville Horror" de Stuart Rosenberg. 1979. U.S.A. 1h58. Avec James Brolin, Margot Kidder, Rod Steiger, Don Stroud, Murray Hamilton, John Larch, Natasha Ryan, K.C. Martel, Meeno Peluce, Michael Sacks, Helen Shaver...

Dates de sortie : 27 juillet 1979 (États-Unis), 20 février 1980 (France)

FILMOGRAPHIEStuart Rosenberg est un réalisateur américain né le 11 août 1927 à New York (États-Unis) et mort le 15 mars 2007 à Beverly Hills (États-Unis). 1960 : Crime, société anonyme , 1961 : Question 7, 1964 : Calhoun: County Agent (TV), 1965 : Memorandum for a Spy (TV), 1966 : Une petite rébellion (TV), 1966 : Fame Is the Name of the Game (TV), 1967 : Luke la main froide 1969 : Folies d'avril , 1970 : Move, 1970 : WUSA, 1972 : Les Indésirables , 1973 : Le Flic ricanant , 1975 : La Toile d'araignée , 1976 : Le Voyage des damnés , 1979 : Amityville : La Maison du diable , 1979 : Avec les compliments de Charlie , 1980 : Brubaker , 1984 : Le Pape de Greenwich Village , 1986 : Let's Get Harry, 1991 : My Heroes Have Always Been Cowboys.


Une histoire vraie ? 
La demeure d'Amityville située au 112 Ocean Avenue à Long Island fut le théâtre d'un fait divers sanglant survenu dans la nuit du jeudi 13 novembre 1974. Ronald Junior, fils aîné de la famille DeFeo, assassina au fusil ses parents, ses frères et sœurs durant leur sommeil. Plaidant pour la folie, il est condamné par le tribunal à six peines de 25 ans d'emprisonnement. Un an après le drame, la maison est rachetée par la famille Lutz qui emménage le 18 décembre 1975. Il n'y resteront que 28 jours après avoir été témoins de nombreux phénomènes inexpliqués. En 1977, Les Lutz s'associent avec l'écrivain Jay Anson afin de rapporter à l'écrit leur vicissitude dans un livre devenu un best-seller: The Amityville Horror - A True Story. Après des années de débats et de scepticisme, il fut démontré que les évènements surnaturels signalés par la famille Lutz n'étaient qu'affabulation en accord avec le romancier pour une opération lucrative. L'affaire d'Amityville se conclut donc par une manipulation médiatique montée de toute pièce par le trio en dépit de la conviction de certains spécialistes et amateurs de paranormal. Qui plus est, après que les Lutz eurent quitté les lieux, la maison est ensuite passée par d'autres acquéreurs (les familles Cromarty et O'Neill) n'ayant jamais signalé la moindre manifestation surnaturelle. En 2010, elle est mise en vente pour environ 1 million d'euros et continue d'attirer badauds et touristes tous azimuts...


Enorme succès au box-office à travers le monde, Amityville, la Maison du Diable doit beaucoup de sa notoriété au caractère potentiellement véridique (mais aujourd'hui démystifié) d'un cas de hantise déjà célébré par le romancier Jay Anson. Imperméable au genre, Stuart Rosenberg se laisse une première fois tenter par l'expérience afin de transposer à l'écran cette histoire démoniaque sur fond de satanisme. Si bien que l'on apprendra en cours de récit que la demeure fut bâtie par un adepte de sorcellerie évincé de Salem. Avec efficacité, et sans faire preuve d'outrance grand guignolesque, le réalisateur émaille son intrigue d'évènements inexpliqués afin de distiller angoisse et tension à rythme métronomique. A l'instar des différents amis de la famille Lutz venus leur rendre visite mais aussitôt épris de malaise physique et cérébral lorsqu'ils abordent la devanture de la maison. Quand au couple Lutz soudé par les liens du mariage, leur relation va peu à peu se déliter lorsque Georges adoptera un comportement irascible après s'être réveillé chaque nuit à 3h15 du matin ! (l'heure du crime à laquelle De Feo sombra dans la démence !).


Spoil ! D'autres incidents plus inquiétants ou brutaux (la nourrice enfermée dans le placard, le prêtre assiégé de mouches et chassé de la demeure par une voix démoniale, la découverte du puits dans la cave) sont aussi de la partie afin d'exacerber l'attrait délétère de la demeure, quand bien même la fille des Lutz (étonnamment campée par Natasha Ryan  de par l'intensité de son regard noir détaché) est étrangement férue d'amitié avec son personnage invisible, Jodie. Quand à la dernière nuit redoutée, le couple en désarroi finit par s'affronter au corps à corps (Kathy étant persuadée que son époux est possédé par l'esprit de DeFeo !) avant que les murs ne ruissellent de sang et les fassent fuir de leur maison ! Fin du Spoil. Réalisé avec attention pour souligner la déliquescence morale du couple désuni, sobrement maîtrisé à exprimer sans facilité l'angoisse sous-jacente qui imprègne leurs lieux domestiques (superbement cadrés et exploités !), et se taillant un réalisme dépouillé à travers sa sobre interprétation toujours impliquée (jusqu'aux seconds-rôles expressifs) à nous transmettre leur incompréhension et désarroi, Amityville demeure suffisamment étrange et atmosphérique afin de se prêter au jeu épineux de l'appréhension. A l'instar de l'aspect colonial de la demeure provoquant chez nous un réel sentiment d'insécurité lorsqu'on y observe à moult reprises son étrange façade sous l'impulsion du thème lancinant de Lalo Schifrin resté dans toutes les mémoires.


Si Amityville, la Maison du Diable ne rivalise pas avec les grands classiques de la hantise, il s'avère tout de même conçu avec adresse et sincérité dans sa tentative appliquée de rendre plausible un cas de maison hantée. La sobriété contractée des comédiens (Margot Kidder en tête en épouse fragile peu à peu dépressive), l'architecture insolite de la demeure, les nombreux évènements délétères jouant intelligemment avec les nerfs des protagonistes ainsi que le fameux thème lancinant de Lalo Schifrin convergent au climat anxiogène sensiblement envoûtant. Quand bien même les nostalgiques de la génération 80 retrouveront avec une touche d'émotion empathique leurs héros infortunés en proie au désordre et à la psychose criminelle (la dérive progressive de George Lutz en tueur monomane que James Brolin exprime mesurément avec une inquiétante aigreur bourrue). 

* Bruno
22.07.14. (100 v)
01.01.19. 6èx

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