lundi 14 janvier 2019

Bloody Bird. Prix Section Peur, Avoriaz 1987

                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site antagonie.blogspot.com

"Deliria" de Michele Soavi. 1987. Italie. 1h31. Avec David Brandon, Barbara Cupisti, Domenico Fiore, Robert Gligorov, Mickey Knox, Giovanni Lombardo Radice, Clain Parker.

Sortie salles France: 11 Mars 1987. Italie: 22 Juillet 1987. Australie: 8 février 1987

FILMOGRAPHIEMichele Soavi est un réalisateur italien né le 3 Juillet 1957 à Milan, (Italie).
1985: The Valley (vidéo). 1985: Le Monde de l'horreur (Documentaire). 1987: Bloody Bird. 1989: Le Sanctuaire. 1991: La Secte. 1994: Dellamorte Dellamore. 2006: Arrivederci amore, ciao. 2008: Il sangue dei vinti.


Primé à Avoriaz, le premier film de Michele Soavi n'est point passé inaperçu auprès des fans grâce prioritairement à son esthétisme onirique et à l'extravagance de sa réalisation perfectible pour autant inspirée car inventive et dynamique. Ainsi, à partir d'un argument éculé, le réalisateur cède dans un premier temps au traditionnel psycho-killer influencé du giallo avec son lot quotidien de meurtres sanglants. Dans un théâtre, de jeunes interprètes répètent leur numéro sous l'allégeance d'un directeur castrateur. Axé sur un scénario morbide auquel un tueur perpétue ses exactions, un criminel s'est justement échappé de l'asile pour se réfugier dans ce séminaire. Déguisé avec le costume d'une tête de hibou dépouillée sur l'une de ces victimes, il décide de les assassiner un par un. Si le prologue jouait la carte de l'originalité en créant l'effet de surprise du faux semblant (l'assassinat de la prostituée n'était qu'un leurre face à l'iconographie d'une répétition théâtrale), la suite retombe dans les conventions avec cette troupe de comédiens embrigadée dans un lieux clos et confrontés au plus impitoyable des tueurs. Or, la réalisation expérimentale de Michele Soavi réussit malgré tout à instaurer une certaine efficacité de par le dynamisme du rituel meurtrier riche en effusions de sang, avec en prime, des décors aussi disparates que baroques. Quand bien même, avec une ironie assumée et pour contenter les amateurs de gore, chaque crime est perpétré avec une arme différente (hache, perceuse, tronçonneuse, couteau) alors que l'accoutrement vestimentaire du tueur déroute agréablement à travers son excentricité littéralement singulière.


D'ailleurs, le premier homicide commis en interne du théâtre rappelle la rigueur graphique des plus beaux meurtres d'Argento. Inspiré par son maître, Michele Soavi peaufine donc le cadre de ses décors théâtraux avec une ambition stylisée particulièrement épurée. Mais c'est lors de sa seconde partie singulière, lorsque la dernière survivante se retrouve seule avec le tueur, que Bloody Bird réussit admirablement à véritablement surprendre pour imposer un suspense émoulu au sein d'une ambiance délicieusement envoûtante. Notamment auprès de l'adresse de cette réal inventive qui perdure exploitant ses décors restreints et d'une intensité palpable octroyée à la quête désespérée de l'héroïne pour atteindre une clef en guise de liberté. La flamboyance crépusculaire de sa photographie (privilégiant le azur, le rouge et les teintes roses) déployant par moments des images picturales quand il ne s'agit pas de véritable ballet poétique. A titre d'anthologie restée dans toutes les mémoires, à un moment propice de tension latente, le tueur créera sa propre mise en scène macabre par l'entremise de plumes de duvet voltigeant au dessus de ces cadavres soigneusement regroupés sur l'estrade. Ces instants de poésie macabre bercés de l'ambiance onirique d'une mélodie envoûtante laissent en exergue des instants de grâce mortifère lorsque le tueur réinterprète la pièce lors de son parti-pris morbide.


Hormis le jeu sporadique toutefois attachant de la plupart des comédiens et la conformité de sa première partie néanmoins ludique, étrange et inquiétante, Bloody Bird réussit à surprendre, séduire,  déconcerter, avant de fulgurer ses ambitions techniques et formelles lors de son dernier chapitre. Ballet onirique et féerie macabre se télescopant pour la confrontation haletante entre la survivante et le tueur volatile. Premier essai finalement singulier si bien que certaines scènes étonnamment anthologiques marquent durablement les esprits, Bloody Bird laisse des traces dans l'encéphale sans jamais lasser l'initié au fil de ses moult revisionnages (j'en suis personnellement à la 6è) que le temps ne parvient pas à amoindrir. 

*Bruno
31.10.23. 6èx Version Anglaise STFR
14.01.19. 
01.04.13. (88 v)

Récompense: Prix Section Peur, Avoriaz 1987


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