mercredi 23 janvier 2019

Climax. Prix du Meilleur Film, Catalogne 2018.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Gaspard Noé. 2018. France. 1h37. Avec Sofia Boutella, Romain Guillermic, Souheila Yacoub, Kiddy Smile, Claude-Emmanuelle Gajan-Maull, Giselle Palmer.

Sortie salles France: 19 Septembre 2018 (Interdit - 16 ans).

FILMOGRAPHIEGaspar Noé est un scénariste, producteur et réalisateur italo-argentin, né le 27 décembre 1963 à Buenos Aires en Argentine. 1998 : Seul contre tous. 2002 : Irréversible. 2010 : Enter the Void. 2015 : Love. 2018 : Climax.


Avertissement ! Ames vulnérables et émotives, n'absorbez aucune substance psychotrope ni boissons alcoolisées avant la séance maximaliste, si bien que même à jeun la gueule de bois est de rigueur passé le générique de fin !

"Tous les esprit fonctionnent entre démence et imbécilité, et chacun dans les 24h, frôlent ces extrêmes." Expérience psychédélique hallucinée faisant office de bad trip irréversible, Climax est la nouvelle oeuvre provocatrice du franc-tireur Gaspard Noé rarement à court d'idées vrillées et de concept saugrenu. A l'instar du pitch d'une simplicité enfantine: un groupe de danseurs professionnels se réunissent un soir de beuverie. Or, durant la soirée (prioritairement) techno, quelqu'un a versé une substance psychotrope dans la Sangria. Depuis, chaque danseur sombre dans une démence incontrôlée. Pur ovni dépressif monstrueux et décadent, à mi-chemin entre Eraserhead, Possession (Noé réinterprète d'ailleurs la fameuse anthologie de transe erratique iconisée par Isabelle Adjani !), la Montagne Sacrée et bien d'autres raretés aussi marginales qu'underground, Climax nous plonge dans un maelstrom d'images agressives où les corps extatiques laissent libre court à une expression gestuelle aussi bien picturale que fantasmatique. Constamment sensitif sous l'emprise du LSD que chaque danseur déglutit contre son gré, Climax nous immerge dangereusement dans un univers surréaliste incessamment incommodant.


Si bien que le spectateur hypnotisé par les chorégraphies salaces et démoniales perd rapidement pied avec la réalité quotidienne éclairée de néons flashy, et ce en ayant la désagréable impression d'y égarer sa propre identité ! Autant dire que le pulsatile Climax n'a jamais aussi bien décrit à travers sa caméra contemplative les effets corporels et cérébraux du LSD depuis la fameuse Montagne Sacrée de Jodorowsky ! Techniquement virtuose auprès d'une caméra reptilienne adepte des plans séquences ou tarabiscotés, Climax s'accapare donc de nos sens avec une délétère maîtrise formelle. Quand bien même nous nous identifions facilement aux personnages juvéniles méconnus du public si bien que les comédiens s'avèrent pour la plupart amateurs lorsque Gaspard Noé les recruta durant ses 15 jours de tournage. Et donc à travers son manifeste contre les dangers du LSD, notamment prétexte à moult clips expérimentaux matérialisés par des esprits intoxiqués, Climax donne finalement chair à un univers à la fois spirituel et métaphysique où plane un mal-être existentiel plutôt actuel. De par les angoisses et affres insurmontables de chacun des protagonistes déambulant tels des fantômes errants pour ensuite céder à des pulsions contrairement sauvages, Climax suggère avec audace les effets potentiellement fructueux (pour ne pas dire extraordinaires) de la mort après avoir franchi le seuil de l'au-delà pour y déceler l'absolue vérité !


"Mourir est une expérience extraordinaire"
Expérience traumatique avec notre moi conscient enivré par les effets pervers de l'alcool et de la drogue, Climax nous ensorcelle l'âme, le coeur et la chair avec une alchimie aussi bien délétère que dévastatrice. Eu égard de sa puissance visuelle hyper tangible, l'expérience bipolaire est à déconseiller aux esprits vulnérables, notamment à travers sa chétive romance que fait naître sa poignante conclusion lorsque Noé filme la beauté des corps épuisés de larmes et de souffrances. Une claque émotionnelle donc infiniment atypique et cauchemardesque si bien que nos nerfs sont subtilement mis à rude épreuve lorsque Gaspard Noé parvient littéralement à nous posséder à travers cette vision métaphysique de corps lubriques en soif d'amour impalpable. 

Dédicace à Dany Dumont

*Bruno

Récompenses: Festival international du film fantastique de Neuchâtel 2018 : Prix H. R. Giger Narcisse du meilleur film et Méliès d'argent du meilleur long métrage européen.
Festival international du film de Catalogne 2018 : Prix du meilleur film.

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