mardi 8 janvier 2019

The Hate U give - La Haine qu'on donne

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site amazon.fr

de George Tillman Jr. 2018. U.S.A. 2h13. Avec Amandla Stenberg, Regina Hall, Russell Hornsby, Common, Lamar Johnson.

Sortie salles France: 23 Janvier 2019. U.S: 19 Octobre 2018

FILMOGRAPHIEGeorge Tillman Jr. est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 26 janvier 1969 à Milwaukee, Wisconsin. 1997 : Soul Food. 2000 : Les Chemins de la dignité. 2009 : Notorious B.I.G. 2010 : Faster. 2015 : Chemins croisés. 2018 : The Hate U Give - La Haine qu'on donne


Changez le monde.
Film choc s'il en est, de par son sujet d'une brûlante actualité (une bavure policière raciste auprès d'une jeune victime afro issue du ghetto), The Hate U give provoque une émotion d'une grande intensité dramatique eu égard du parcours initiatique de la jeune Starr Carter, unique témoin du crime lâchement exécuté. Car suite à un banal contrôle d'identité (et d'une éventuelle violation du code de la route), Khalil est exécuté par un policier blanc sous les yeux de Starr, son amie d'enfance, faute de son indiscipline d'avoir contredit l'autorité. Après nous avoir ébranlé avec cette séquence d'une violence gratuite insupportable (faisant inévitablement écho à nombre de fait divers récents, tant Outre-atlantique que dans l'hexagone !), George Tillman Jr ayant en prime pris soin de nous attacher plus tôt à la fraternité de Starr et Khalil en concertation sentimentale; l'intrigue soulève le point de vue introspectif de cette dernière en désarroi identitaire et existentiel. Une adolescente de 16 ans traumatisée par une mort inéquitable sous couvert de discrimination raciale et d'abus de pouvoir que la juridiction ricaine demeure incapable de blâmer. Le poids de la ségrégation planant sur ses frêles épaules au fil de son initiation à l'affirmation, à la communication, au pardon et au désir de défendre ses opinions bâties en toute simplicité sur la tolérance et l'équité de la justice.


Portant à bout de bras le film sur ses épaules; Amandla Stenberg illumine l'écran de sa beauté naturelle sémillante (ses moult sourires lors de la 1ère partie s'avèrent irrésistibles de spontanéité !) et de sa présence chétive en voie de stoïcité, eu égard des préjugés et des regards réprobateurs auprès de son lycée privé bon chic bon genre et de sa communauté co-existant dans un ghetto en proie à une certaine marginalité. Le récit soigneusement structuré (car prenant son temps à étudier les états d'âme de Starr) dressant le sublime portrait de cette ado en voie de contestation, faute d'une justice à 2 vitesses discréditant son peuple noir en proie à une étouffante paranoïa face à l'insigne de l'ordre. Car soulignant notamment le caractère répressif d'une police autoritaire se pliant aveuglément à leur hiérarchie, The Hate U give tente de nous offrir en ultime recours une étincelle d'espoir et d'optimisme du point de vue de l'héroïne tentant de réveiller les consciences contradictoires par le biais d'un message d'amour et de paix universels. Et ce face à l'innocence galvaudée de l'enfant réitérant les mêmes actions haineuses que leurs parents ! (d'où son titre significatif: "la haine qu'on donne"). Pour cela, c'est à travers le dialogue qu'elle compte asseoir son éthique humanitaire en faisant preuve d'autant d'audace que de courage pour tenter de redorer le sens de la justice et rendre un vibrant hommage à Khalil (plus vivant que jamais dans le coeur de ses proches !). Starr étant notamment réduite depuis la tragédie à une victime sans visage s'apitoyant sur son sort, ou pire, discréditant sa propre race lors de son intervention télévisuelle à grande écoute, du moins du point de vue des esprits les plus faibles, les plus lâches et intolérants.


Etre une lumière dans les ténèbres.
En dépit d'un dénouement spectaculaire appuyant légèrement sur la corde sensible en usant du stéréotype (les postures maladroitement sentencieuses des deux policiers subitement éveillés par le discours pacifiste de Starr sonne faux à mon sens !) et d'une sous-intrigue peut-être dispensable (certains membres marginaux de la famille de Starr se déchirant trop violemment pour un enjeu d'orgueil), The Hate U give est immergé d'une acuité dramatique couramment bouleversante. Si bien que le spectateur infiniment impliqué dans l'introspection morale de Starr s'identifie à son désespoir et à sa révolte avec un humanisme fébrilement prude. Que l'on adhère ou non à ce réquisitoire anti-raciste, The Hate U give fait preuve d'une grande sensibilité pour ne laisser personne indifférent au vu du triste constat imparti à une Amérique xénophobe plongée dans le déni, l'hypocrisie, voire même le totalitarisme (le final anarchique faisant notamment écho à notre propre politique française davantage soumise à une idéologie répressive). Superbe de sincérité et de dignité (notamment à travers sa foi à l'affirmation et à la proclamation), et la révélation Amandla Stenberg emporte tout sur son passage au point de chavirer les coeurs les plus endurcis. 

* Bruno

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