lundi 25 février 2019

Vampires

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de John Carpenter. 1998. U.S.A. 1h47. Avec James Woods, Daniel Baldwin, Sheryl Lee, Thomas Ian Griffith, Maximilian Schell, Tim Guinee, Mark Boone Junior, Gregory Sierra, Cary-Hiroyuki Tagawa.

Sortie salles France: 15 Avril 1998. U.S: 30 Octobre 1998

FILMOGRAPHIEJohn Howard Carpenter est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur, compositeur et producteur de film américain né le 16 janvier 1948 à Carthage (État de New York, États-Unis). 1974: Dark Star, 1976: Assaut, 1978: Halloween, la nuit des masques, 1980: Fog, 1981: New York 1997, 1982: The Thing, 1983: Christine, 1984: Starman, 1986: Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, 1987: Prince des ténèbres, 1988: Invasion Los Angeles, 1992: Les Aventures d'un homme invisible, 1995: L'Antre de la folie, 1995: Le Village des damnés, 1996: Los Angeles 2013, 1998: Vampires, 2001: Ghosts of Mars, 2010: The Ward


En 1998, John Carpenter s'est entrepris de dépoussiérer la mythologie du vampire avec Vampires. Un western horrifico-gothique où James Woods et ses mercenaires passent à l'offensive auprès des goules du maître Valek ! Et de nous pondre comme de coutume chez le maître de l'horreur une série B fougueuse au design probant (scope à l'appui !), si bien que les créatures de la nuit s'affublent d'un splendide charisme néo-gothique à travers leur défroque séculaire ! Jack Crow, chasseur de vampires des temps modernes, exerce pour le compte du Vatican. Avec ses acolytes, il réussit de nouveau à débusquer un nid de goules dans une bâtisse abandonnée, mais leur maître Valek réussit à prendre la fuite. Le vampire décide alors de se venger en décimant la quasi totalité de l'équipe de Jack. Avec l'aide de son compagnon Montoya, du prêtre Adam Guiteau et de Katrina, une prostituée infectée, Jack décide de livrer une guerre sans merci contre Valek et ses sbires, et par la même occasion retrouver une croix intangible avant que le Mal n'y domine le monde. 


Photo saturée flamboyante, scénographie aride auprès d'une campagne solaire et mise en scène au cordeau d'un Carpenter en pleine possession de ses moyens, Vampires demeure une nouvelle odyssée virile dans le cadre du western horrifique. Ainsi donc, sous l'impulsion d'un casting 3 étoiles, chaque personnage belliqueux explose l'écran à travers leur caractère aussi bien preux que pugnace. Tant auprès de l'opiniâtre Jack Crow (James Woods magistral de machisme primaire en anti-héros  intraitable !) et ses recrues, ou de Valek, maître des vampires épaulé de goules exhumées des profondeurs terrestres. Par le truchement d'un scénario aussi simple qu'astucieux érigé sous la hiérarchie d'un catholicisme véreux, privilégiant ainsi nos créatures d'accéder à une ultime victoire afin de vaincre la lumière solaire, John Carpenter renouvelle l'iconographie du vampire avec lyrisme crépusculaire. Les codes du genre s'avérant habilement détournés afin de redorer un sang neuf au folklore dans une facture somme toute vintage, pour ne pas dire assez médiéval (notamment auprès du repère des moines et d'autres goules). Situés dans l'Ouest américain, les refuges sporadiques de cabanons, motel et monastère instillent une aura angoissante sous jacente lorsque les créatures démoniaques s'y planquent dans les recoins les plus ténébreux en guise de repos. Quant aux chasseurs de vampires au look de cow-boy à lunettes noires, ils s'affublent d'arbalètes, fusils à pompe, haches et pieux affûtés sous la mainmise de leur leader au langage trivial (Carpenter ne lésinant pas sur les répliques cocasses pour détendre l'atmosphère). Quand bien même nos créatures mégalos accoutrées de soutane noires s'apparentent à des ouailles sataniques assoiffés de sang !


Au-delà de tout cet aspect musclé, John Carpenter n'oublie pas pour autant de véhiculer une charge érotique de par la superbe apparition de la jeune Katrina, (Sheryl Lee, divine de beauté ardente, notamment lors de ses désirs incontrôlés émanant d'un lien télékinésique !). Prostituée infectée irrésistiblement transie d'extase lorsque la morsure charnelle du maître Valek y pénètre sa chair. A travers la sensualité extatique de cette victime en tacite jouissance, la situation éculée peut ainsi renaître de ces cendres afin de réinterpréter de façon somme toute ensorcelante une poésie macabre résolument trouble ! En prime, dans une mesure subsidiaire, une romance assez touchante est illustrée entre elle et Montaya, tous deux secrètement amoureux Spoil ! mais finalement contraints de s'exiler durant deux jours afin de profiter de leur ultime romance fin du Spoil. Conjuguant donc avec fluidité les scènes terrifiantes et homériques pour contrecarrer les forces du Mal et s'emparer de la croix de Bezier, John Carpenter multiplie les péripéties au fil narratif (le prologue explosif dans le cabanon, le massacre dans le motel et celui du monastère, les altercations successives dans l'ascenseur). Tout en y alliant suspense lattent et revirement (l'appréhension dans les galeries souterraines, la liturgie finale et les véritables motivations du Vatican) afin de transcender une série B photogénique où prime réalisme et efficacité. A l'image funeste de l'exhumation des maîtres s'extirpant l'un après l'autre des entrailles de la terre sous un crépuscule ocre !


Fort de caractère à travers ces protagonistes farouches et misanthropes n'hésitant pas en background à y railler l'église catholique (sans toutefois la renier !) parmi le témoignage d'un prêtre burné (très attachante prestance de Tim Guinee en faire-valoir en initiation héroïque), Vampires sublime le genre dans un modeste format de série B d'une émouvante sincérité. Car mis en scène avec autonomie et sens du rythme sans faille, le pouvoir de fascination de Vampires est également transfiguré du charisme sépulcral de Valek et ces goules, tant et si bien qu'ils font probablement partis des plus fascinants spécimens gothiques vus dans le paysage horrifique.

Bruno
25.02.19. 4èx
13.09.12. (109)

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