mardi 19 mars 2019

La Mule

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Mule" de Clint Eastwood. 2018. U.S.A. 1h56. Avec Clint Eastwood, Bradley Cooper, Laurence Fishburne, Michael Peña, Dianne Wiest, Andy García, Clifton Collins Jr., Alison Eastwood

Sortie salles France: 23 Janvier 2018. U.S: 9 Septembre 2016

FILMOGRAPHIE: Clint Eastwood est un acteur, réalisateur, compositeur et producteur américain, né le 31 Mai 1930 à San Francisco, dans l'Etat de Californie. 1971: Un Frisson dans la Nuit. 1973: L'Homme des Hautes Plaines. 1973: Breezy. 1975: La Sanction. 1976: Josey Wales, Hors la Loi. 1977: L'Epreuve de Force. 1980: Bronco Billy. 1982: Firefox, l'arme absolue. 1982: Honkytonk Man. 1983: Sudden Impact. 1985: Pale Rider. 1986: Le Maître de Guerre. 1988: Bird. 1990: Chasseur Blanc, Coeur Noir. 1990: Le Relève. 1992: Impitoyable. 1993: Un Monde Parfait. 1995: Sur la route de Madison. 1997: Les Pleins Pouvoirs. 1997: Minuit dans le jardin du bien et du mal. 1999: Jugé Coupable. 2000: Space Cowboys. 2002: Créance de sang. 2003: Mystic River. 2004: Million Dollar Baby. 2006: Mémoires de nos pères. 2006: Lettres d'Iwo Jima. 2008: L'Echange. 2008: Gran Torino. 2009: Invictus. 2010: Au-delà. 2011: J. Edgar. 2014: Jersey Boys. 2015: American Sniper. 2016: Sully. 2017: 2018: Le 15h17 pour Paris. 2018: La Mule. 2021: Cry Macho. 


Inspiré de l'histoire vraie de Leo Sharp, ancien militaire retraité, passeur de drogue pour le compte d'un puissant cartel, le dernier des géants Clint Eastwood s'offre une nouvelle renaissance à travers La Mule. Un road movie existentiel d'une acuité fragile à travers son manifeste pour les valeurs familiales que Clint Eastwood incante avec une prude émotion. Car maîtrisé de bout en bout, tant auprès de sa direction d'acteurs dénué de prétention (même Bradley Cooper s'avère dépouillé de force tranquille en agent de la DEA partageant d'ailleurs un point commun d'ordre familial avec le passeur !) que de la réalisation posée prenant son temps à conter son récit, La Mule y dépeint l'introspection morale d'un nonagénaire rongé de honte et de regret faute de sa démission à la fois parentale et conjugale. J'ignore le passé secrètement intime de Clint Estwood mais j'ai la trouble impression qu'à travers son personnage singulier de pourvoyeur il eut probablement vécu une même situation de dissension familiale, faute d'y avoir privilégié son illustre carrière professionnelle que l'on connait. Pour autant, à travers ce passéiste inopinément marginal, et au vu du dénouement inévitablement dramatique, l'argent ne fera que renchérir sa profonde solitude et son malaise existentiel. Dans la mesure également du contexte social qu'Eastwood pointe du doigt en filigrane pour alerter de la condition précaire des retraités chargé de dettes et dénués de subvention.


Outre son cri d'amour et de désespoir scandé à l'honneur de la famille (un des plus justes et bouleversants vus depuis des lustres sur un écran !), Eastwood s'avère résolument émouvant lorsqu'il traite également de la vieillesse (notamment à travers le choc des générations où le modernisme - cellulaire / informatique - asservit les plus influents) et de la peur de la maladie à travers son âge avancé. Ainsi, sans verser dans le mélo standard, et par le biais de brèves séquences intimistes d'une sensibilité épurée, il parvient à capter l'émotion la plus honnête lorsque la mule témoigne impuissant de l'injustice du cancer sur le point d'achever une nouvelle victime. Une séquence pénible, tant auprès des confidences intimes que des silences entre les mots afin d'ausculter sans complaisance les regards démunis. Pour autant, et en conjuguant avec une étonnante alchimie les composantes du polar et du drame psychologique, La Mule n'est point couvert de sinistrose et encore moins de pessimisme si bien que Eastwood ne manque pas d'humour, de dérision et de légèreté à décrire l'improbable itinéraire de ce passeur burné du 3è âge comptant potentiellement renouer avec sa famille avec ses nouvelles liasses de dollars. C'est donc un récit initiatique plein d'imprévus et de ruptures de ton (auprès de sa trajectoire dramatique expiatrice) que nous dépeint Clint Eastwood plus vigoureux et frétillant que jamais (contrairement à ses apparences sclérosés). Notamment lorsqu'il y fustige sobrement en filigrane le racisme et l'abus de pouvoir du corps policier par de brèves séquences de contrôle identitaire.


Le chant du Cygne
Poème funèbre pour autant profondément humain, salutaire et d'une sensibilité quasi écorchée vive, la Mule revigore la personnalité d'Eastwood, acteur et réalisateur du 3è âge, à travers sa thématique universelle sur la famille que celui-ci scande tacitement (et ouvertement) à travers chaque plan. Ainsi donc, avec la grâce humaine qu'on lui connaît tant, probablement venions nous d'assister à son ultime chef-d'oeuvre d'une florissante carrière aussi bigarrée et décomplexée qu'émancipée et personnelle ! (?). 

*Bruno

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